jeudi 14 mars 2013

Habemus merdam

Comme j'ai toujours été nul en latin, je suis incapable de décider si le titre que j'ai choisi est irrévérencieux ou non. Mais s'il l'était, croyez bien que je n'ai aucun grief (du moins, pas encore) à l'encontre de monseigneur Imbroglio (en plus d'être nul en latin, je n'ai pas la mémoire des noms), à part celui de m'avoir fichu en retard ma soirée télé d'hier, où il n'y avait de toute façon pas grand-chose d'intéressant.

Concernant les dernières péripéties romaines, je devrais néanmoins me réjouir de la justesse de ma prédiction, qui indiquait que l'Italie nous présenterait le nouveau pape avant de pouvoir en faire autant avec son nouveau premier ministre. C'est vrai que je ne courais pas grand risque ; et d'ailleurs lorsque j'ai proposé de parier ma selle et mes bottes sur la question, personne n'a souhaité tenir. Ce sont pourtant de bonnes bottes, à peine usagées, et une vraie selle de cow-boy en vrai cuir de très bonne qualité, mais elles ne semblent faire envie à aucune des personnes qui ont ouï ma proposition. Je préciserai à leur décharge qu'en ce moment, le cheval n'a la cote ni sous les fesses, ni dans les assiettes ; ceci expliquant sans doute cela.

Si j'ai écrit « habemus merdam », c'est parce que je trouve qu'on est bien dans la merde. À commencer par la météo, d'ailleurs. Je ne sais pas pourquoi on nous rebat les oreilles avec un prétendu réchauffement climatique, parce que chez nous, dans le nord, ça n'en prend pas vraiment le chemin. Mais, comme le disait si bien Galabru, « c'est le nord ».

En plus de voir tous les jours s'agrandir les trous dans les routes (certains appellent ça des « nids de poule », mais je trouve que c'est manquer de respect envers ces intéressantes petites bêtes qui font des nids pour y pondre des œufs ; et les œufs, c'est bon), on nous annonce régulièrement qu'il y a aussi des trous dans le budget de l'État ; et là, c'est beaucoup moins drôle parce que l'État, c'est nous, surtout quand il s'agit de renflouer ses caisses.

Habemus merdam aussi à cause des licenciements en masse : après General Motors, Ford et Arcelor Mittal, voici Caterpillar. Personne n'apprécie, surtout ceux qui vont se retrouver sans boulot. Comme en plus on n'a pas beaucoup de solutions, les syndicats montent au créneau pour défendre le pouvoir d'achat des travailleurs. Là, c'est bien.
Mais quand on gueule en faveur des ouvriers, des allocataires sociaux et des laissés pour compte du vingt et unième siècle juste pendant une période difficile au cours de laquelle un premier ministre socialiste a dû monter, après plus de cinq cents jours de crise, une coalition pas vraiment de gauche où il essaie de sauver les meubles (les meubles, ça s'appelle la sécu et la liaison des salaires à l'indice des prix à la consommation), je ne sais pas si c'est un bon calcul.
Comme les derniers sondages prédisent une casquette au PS lors des prochaines élections et une montée des libéraux en francophonie, tandis que la droite populiste est créditée des meilleures intentions de vote chez les néerlandophones, je vois poindre une menace très sérieuse à l'encontre d'un principe à peu près unique au monde de liaison des salaires à l'index. Et si on nous enlève ça...

Mais je vais arrêter avec le caca, comme Ikea avec ses tartes, parce que je dois aussi vous toucher un mot de la connerie. Je n'en parlerais pas si, quelque part, ce n'était pas drôle.

Il y a la connerie de certains joueurs de foot qui, se sentant sous la menace d'une suspension d'une rencontre pour cumul de cartes jaunes, se disent : « au cours du prochain match, je vais m'arranger pour prendre un avertissement, comme ça je serai suspendu pour le suivant – pas trop difficile a priori – et mon compteur sera remis à zéro avant la très difficile dernière ligne droite du championnat ».
Ceux qui s'intéressent un tout petit peu au football savent qu'il existe un tas de raisons pour lesquelles l'arbitre peut brandir le bristol jaune ; mais le joueur qui désire absolument en obtenir un, s'il a de la cervelle, choisira bien la manière : rouspéter, traîner un petit peu pour rendre le ballon, toucher la balle de la main pour la dévier (mais pas dans le rectangle!), enlever la vareuse... Mais jamais, au grand jamais, un mec qui a pour deux sous de cervelle ne s'aviserait de partir pied en avant dans les chevilles d'un gars de l'équipe adverse. Parce que là, le bristol jaune risque de devenir rouge directement.
C'est pourtant le procédé choisi tout récemment par une « vedette » du championnat national, qui de ce fait a été exclue illico et écopera d'une suspension de deux ou trois rencontres, suspension à l'issue de laquelle elle pourra à nouveau monter sur le terrain, nantie de son capital « cartes jaunes » qui n'aura pas bougé d'un poil.
Moralité : quand on est bièsse...

Con aussi : le paquebot qui dérive dans l'Atlantique Nord (encore le nord ?) et qui s'appelle Lyubov Orlova. Il s'appellerait « Titanic » que ça paraîtrait louche, du genre « retour pour une vengeance », mais là, c'est juste un bateau de croisière qui était promis à la ferraille et qui a rompu les amarres d'avec son remorqueur comme un chien à l'humeur fugueuse ronge la laisse qui le relie à son maître pour gagner la liberté. Il paraît qu'à bord, il n'y a que des rats. Cela signifie donc que, si on ne l'attrape pas, le vagabond va encore se balader pendant un bon moment, parce que c'est bien connu : tant que les rats ne quittent pas le navire, il n'y a pas de risque qu'il coule, raison très rassurante pour laquelle la population de la Belgique ne cesse d'aller croissant.

Sur ces bonnes nouvelles et en attendant le retour du printemps, je vous adresse à tous ma meilleure bénédiction.

5 commentaires:

  1. Je plussoie à votre chronique.

    Question nomination vaticane, la mule du nouveau pape est chargée :

    - Impliqué dans une affaire de meurtre de prêtres et de disparition de papiers

    http://www.la-croix.com/Religion/Urbi-Orbi/France/Le-cardinal-Jorge-Bergoglio-pourrait-etre-entendu-par-la-justice-francaise-_NG_-2011-04-21-565949#.UUDUSgIzTyY.twitter

    - Silencieux voire complice sous la dictature militaire argentine.

    - Opposé au gouvernement Kirschner.

    - Homophobe ( il a qualifié l’homosexualité de démon de l’âme en 2010)

    - Proche de l’Opus Dei.

    Dans la série, le conclave a fait très fort côté nomination...
    Plus qu’au poverello d’Assise (dont le nouveau pape se voudrait la référence) qui serait consterné par un tel personnage, je pensais hier soir au film avec Fernandel et à cet extrait :

    http://www.youtube.com/watch?v=h4XF9qL55Uk

    La situation économique européenne ne prête pas à mieux. Plans de licenciements rebaptisés pudiquement (façon langue de bois) plans de sauvetage d'emplois (une vaste rigolade quand on sait que près de 75% des licenciés de plans de licenciements massifs ne retrouvent jamais d'emploi stable).

    En France, les salaires ne sont plus indexés sur le coût de la vie depuis 1984. Ce qui veut dire que les salaires ont été gelés autant que la météo, encore plus gelés avec l'euro qui par contre a profité aux banques et aux multinationales...cherchez l'erreur...

    Nous produisons chacun d'entre nous et chaque jour travaillé 17 fois plus de richesses que dans les années 50 au sortir de la seconde guerre mondiale et que l'Europe était ruinée mais néanmoins, on prétend qu'il n'y a plus d'argent pour nous payer décemment, on veut nous supprimer les retraites, la sécu, les acquis sociaux, nous flexisécuriser et supprimer le code du travail pour mieux nous exploiter...
    Par ailleurs, le marché du luxe ne s'est jamais aussi bien porté.
    Les banques, les actionnaires et les multinationales n'ont jamais aussi bien gagné sur tous les tableaux...cherchez l'erreur...

    Comme disait le Figaro de Beaumarchais : « je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ».

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    1. Oui, mais François I a parlé de pauvreté. Il a parlé d'une Église pauvre.
      J'attends que le Vatican se désaisisse d'une bonne part de son patrimoine au profit des plus démunis.
      Les épargnants chypriotes, par exemple.

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  2. Oui oui oui oui !

    Mais le mieux, c'est de ne pas parler du pape. Laissons-le bénir et laissons ses fidèles se féliciter ; ou alors ils vont se radicaliser...

    Et puis, bah... il a 78 ans, c'est ça ? Ils les prennent pour qu'ils durent pas trop longtemps...

    C'est comme chez nous quand on achète un lave-bidule électro-ménagique ; on sait que ça durera pas longtemps.

    Mais bientôt, on pourra plus en acheter, de toute façon. Puisqu'on a des salaires inversement proportionnels au carré du bénéfice du PSG.

    Bon...

    En fait, oui mais non aussi : on produit plein de fois plus de richesses mais on dépense aussi plein de fois plus, encore plus plein. On va chez le médecin, on soigne des gens, on en éduque d'autres, on entretient des routes, on promeut (ha ha !) la culture, on subventionne des associations... c'est pas si mal non plus, quand même...

    Ce qui ne veut pas dire pour autant que le "bonheur global", heureusement non quantifiable, est meilleur que soixante ans plus tôt. Simplement, j'ai l'impression quand même qu'on a plus facilement une maison, du chauffage, des soins, une éducation, un accès à la culture, aux loisirs, et même des vacances, qu'un demi-siècle en arrière. Non ?

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    1. Hélas, vu le désengagement étatique européen massif en matière d'investissements et de dépenses publiques alors que le niveau de production de richesses est chaque année plus élevé, on peut s'interroger légitimement sur où passe la richesse produite? Elle n'est simplement plus redistribuée...
      La culture est de plus en plus un marché privé, de moins en moins subventionnée étatiquement.
      L'accès aux soins est de plus en plus conditionné par la possession de mutuelles.
      Le chauffage, l'électricité, l'eau, les communications ont été privatisés peu à peu.
      Idem dans les entreprises et d'autant plus dans les industries où les ouvriers qu'on appelle même plus ouvriers travaillent sur des machines hors d'âge parce que le patron ne veut pas investir dans l'outil de travail mais faire toujours plus de bénéfices...

      Le seul domaine où il y a encore de la dépense étatique c'est l'éducation scolaire. Mais l'OCDE a déjà décidé depuis une dizaine d'années la privatisation de la scolarité et même mieux, le remplacement des enseignants par des logiciels éducatifs payants qui rapporteront 7 fois plus d'argent aux grands groupes comme Vivendi...Un marché juteux et qui ramènera l'éducation scolaire aux seules familles riches, les plus pauvres étant contraintes de remettre leurs rejetons au travail dès le plus jeune âge. Et qui tirera encore une fois les marrons du feu?
      Les entreprises multinationales.
      Elles le font déjà dans les pays émergents. Les petits enfants qui fabriquent les chaussures, les jouets et cousent 12H/ par jour les articles de sports des enfants occidentaux sont payés moins de 1 euro par jour et ne vont quasiment jamais à l'école. Et quand ils se révoltent, l'entreprise les remplace par d'autres ou les laisse brûler vif au Bangladesh...

      Ah si, autre poste de dépense étatique constante et régulière, le sauvetage des banques et les cadeaux fiscaux faits au patronat.
      C'est bien connu, on ne prête qu'aux riches.

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    2. Ben, aujourd'hui, il m'est venu une pensée horrible.
      Vu que la Flandre envisage - si on en croit certains leaders politiques influents au nord du pays - de proclamer son indépendance, on peut s'interroger : que deviendra la Wallonie ?
      Et si on était soudain rattachés à la France, dans une grande union francophone ? Ce serait moche pour Gégé et son paradis fiscal, mais on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs.

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