Le quatre juillet de l'an dernier, je
vous glissais sous les mirettes, au hasard d'un de mes billets d'humeur, ce que je m'estimais en droit de penser de ce que certains
illuminés appellent pompeusement « art urbain ».
Déjà, en lisant cette phrase, et bien
que j'y aie discrètement glissé le lien vers mon ancien article,
vous aurez probablement déjà au minimum une vague idée de la haute
estime que je porte en cette forme d'expression qui me fait parfois
regretter que la démocratie soit le pire des régimes à l'exception
de tous les autres, ce qui vous dispensera sans doute d'accomplir
l'effort d'aller lire ma bafouille de l'été dernier.
En me baladant ici et là – et plutôt
là qu'ici, d'ailleurs – dans nos milieux urbanisés et leur
périphérie, j'ai pu, appareil photo à la main, rapporter sans
peine quelques images propres à illustrer mon propos, même si
l'adjectif « propre » peut être sujet à caution dans le
cas qui nous occupe.
Il y a vraisemblablement parmi les
acharnés barbouilleurs des murs de nos villes des artistes qui
s'ignorent : des frustrés du pot de peinture et de l'aérosol,
des Picasso du parapet de pont, des Dubuffet du mur d'enceinte de la
cour d'usine, des Braque de la cabine électrique, des Manet du
tunnel routier à l'odeur de pipi croupi, sans oublier les
Lichtenstein du volet de garage et autres Warhol de l'abribus.
Comme si ça ne suffisait pas à
entretenir l'enthousiasme des foules, tout heureuses de donner leurs
sous aux autorités locales afin qu'elles nettoient les crasses
laissées par ces indélicats sur des surfaces appartenant à
d'autres personnes ou à la collectivité, « l'art urbain »
s'étend comme une tache d'huile sur toute surface à peu près
plane, l'important étant que ça choque, que ça salisse, que ça
méprise, même et surtout, semble-t-il, si cette surface, par sa
nature, est vouée à la mobilité.
Comme me le signalait dernièrement un
de mes collègues qui s'était embarqué dans une rame encore plus
somptueusement décorée que celle ci-après par de lâches
barbouilleurs de la nuit, il arrive qu'on ne voie plus grand-chose à
travers les vitres et qu'il faille absolument décoller les fesses de
la banquette pour être à même de prendre connaissance du nom de la
station dans laquelle le train vient de marquer l'arrêt.
Les goûts et les couleurs ne se
discutant pas, je n'émettrai aucune opinion quant aux qualités
graphiques, picturales, politiques, culturelles ou philosophiques de
ces barbouillages ; mais je me permettrai néanmoins de rappeler
une fois de plus que la liberté d'expression des uns en la matière
s'arrête aux limites de la propriété d'autrui, et que s'il était
en mon pouvoir de sévir en cas d'identification des coupables, je
n'hésiterais pas à les contraindre, sous peine de devoir avaler à
la cuiller à soupe deux litres et demi de peinture acrylique
(soluble dans l'eau, restons écologiques), à nettoyer toute cette
saleté et à rendre à nos murs ainsi qu'à nos wagons l'aspect
qu'ils avaient avant leurs agissements.
Ah mais dis donc, ça a l'air sympa, vers chez toi...
RépondreSupprimerC'est pareil en France, murs, métros, bus, wagons, bâtis abandonnés sont tagués de sigles, de couleurs vives, d'insultes en tous genres. Après, vous avez tags et tags.
RépondreSupprimerJ'aime bien ce que fait Borondo. Et l'idée de grattage est intéressante:
http://www.rue89.com/rue89-culture/2013/03/21/street-art-borondo-le-poete-de-rue-et-ses-fantomes-240578
Mais hélas, la majorité des graffeurs n'a pas ce talent...
Oui, on peut trouver ça joli. Et parfois moins moche que le vieux mur qui est dessous.
SupprimerIl y a parmi ces barbouilleurs des gens talentueux, c'est sûr. Mais ce qui me dérange c'est le sans-gêne qui accompagne la démarche. Si le propriétaire du mur déclare que celui-ci est un support à taguer, pourquoi pas ? Mais c'est sans doute l'exception.
Même un vieux mur a droit au respect.
Cher Ludovic,
RépondreSupprimerJ'aimerais vous adresser un long commentaire sur les N.A.
Sans publication sur votre blog.
Comment faire?
Vous pouvez me l'envoyer par MP.
SupprimerL'adresse est en haut de la page d'accueil, dans la photo.