samedi 26 septembre 2015

Trop de bagnoles !

C'est vrai qu'il y a trop de bagnoles.
En ville, il y en a trop. Beaucoup trop.
En zone périurbaine, il y en a trop.
Et même à la campagne, on en voit partout.

Sur les routes quotidiennement et essentiellement à vélo, c'est une observation qu'on pose d'autant plus aisément qu'on a une vue presque panoramique sur le trafic et, étant donné la vitesse où l'on circule, rarement identique à celle des véhicules motorisés. On se retrouve alors acteur autant que témoin.

Alors, oui, il y a trop de bagnoles. Il y en a de plus en plus et pourtant, en dépit de leurs embrassades furtives et de leurs étreintes passionnées, elles ne se reproduisent pas. Leurs rencontres parfois violentes laissent souvent des traces, mais pas de celles-là. Et pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses.

C'est simple : en ville, il en est qui restent immobiles et d'autres qui n'avancent pas. Ce n'est pas la même chose, toutefois. Les immobiles sont en stationnement, celles qui n'avancent pas en chercheront bientôt un lorsqu'elles auront réussi à se dépêtrer des habituels embouteillages.
C'est dingue, non ? Rien que d'imaginer que toutes celles qui sont à l'arrêt pourraient essayer de s'immiscer dans la circulation en même temps que toutes les autres, ça laisse songeur.

Quelque part, je me demande si l'automobiliste n'est pas un peu maso. Ou exagérément optimiste.

Tous les jours, à la radio, retentit la même sérénade : l'énumération des bouchons n'en finit pas. Quand on entend ça, à quoi bon aller se jeter dans la cohue ?

« Il faut bien aller bosser ! » répliquerez-vous. Et vous auriez raison. Vous auriez raison de pester sur l'absence de solution de rechange, sur les transports en commun peu fiables et inconfortables, sur les loyers trop élevés pour envisager un déménagement, sur la météo trop incertaine ou les distances trop longues pour la bicyclette, sur la pratique de la moto trop dangereuse, etc.

Il n'empêche que tout ça nous fait trop de bagnoles sur les routes, le long des routes et sur les trottoirs (parce qu'il n'y a guère plus de place pour stationner que pour rouler).

Récemment, j'écoutais un débat à la radio où étaient évoqués, outre les problèmes de mobilité, ceux des coûts de la circulation automobile pour la collectivité. Et là, les avis divergent. Comme je ne maîtrise pas les chiffres assenés par les uns et les autres, je m'abstiendrai de prétendre que tel spécialiste affirmant que la voiture coûte plus qu'elle ne rapporte à l'État a raison de contredire tel autre spécialiste soutenant le contraire. C'est trop compliqué. D'autant plus compliqué qu'en Belgique viennent se greffer sur des chiffres bruts (taxes et accises perçues, dépenses d'infrastructure), d'autres données tentant de définir l'impact du secteur automobile sur la santé et sur l'emploi des citoyens. Si l'on y ajoute le phénomène typiquement belge des « véhicules de société », il est difficile de décider qui des uns ou des autres pourrait détenir un semblant de vérité.

En attendant, le constat de visu reste valable : trop de bagnoles. Chez nous, plus de bagnoles que de ménages, c'est dire !

De plus en plus, les exigences urbanistiques imposent à celui qui envisage la construction d'une habitation d'y prévoir un garage et jusque deux emplacements de stationnement en dehors de la voie publique mais en bordure de celle-ci ! Cela situe l'ampleur du problème.

Bien sûr, nos élus pourraient tenter de légiférer afin de réduire le nombre de véhicules en circulation, mais les conséquences immédiates d'une telle tentative seraient une grogne du secteur automobile (avec chantage à l'emploi) et une bataille de chiffres qui ne ferait qu'ajouter à la confusion. Car, à la question de savoir si la bagnole coûte plus ou moins qu'elle ne rapporte à l'État, s'ajouterait celle de prévoir de quel côté ferait pencher la balance une diminution du nombre de voitures sur les routes. Faudrait-il augmenter les taxes ? Rendre la (seconde voire la troisième) voiture financièrement inaccessible à certains ménages ? Est-ce que la diminution du nombre de roues parcourant notre réseau routier permettrait de faire baisser suffisamment le coût de son entretien ?

Une chose est cependant certaine : le vélo, ça tient moins de place qu'une voiture et ça encombre donc moins les routes, sauf en le comparant à une voiture avec quatre personnes à l'intérieur. Et vous en voyez beaucoup, vous, aux heures de pointe, des voitures avec quatre personnes à l'intérieur ? Et avec trois ? Ou même deux ? Voilà une idée de taxation souvent proposée mais rarement mise en pratique. Et pourtant, elle aurait un sens.

Parce que pour rouler tout seul, sur deux roues c'est suffisant. Et le faire sans moteur, c'est plus économique et ça pollue moins.

lundi 31 août 2015

Actus à la noix

* Kevin De Bruyne vient d'être transféré à Manchester City pour une somme approchant les 80 millions d'euros. Son salaire mensuel devrait s'élever à plus d'un million d'euros, si j'ai bien tout compris. Ces chiffres font de lui le transfert le plus onéreux – à ce jour ! – de l'histoire du football belge. Ramené au poids de la bête, ça fait cher le kilo de viande qui shoote. Il faut dire qu'il n'est pas le seul : plusieurs de ses comparses de l'équipe nationale belge de football bénéficient de confortables émoluments ! Hazard, Kompany, Courtois, Benteke et quelques autres comptent en effet parmi les joueurs les mieux payés de la Planète. En dépit de ces chiffres vertigineux, les résultats de l'équipe belge n'ont rien d'enthousiasmant ! Évidemment, s'il suffisait d'être bien payé pour engranger de bons résultats, ça se saurait ! Nous avons chez nous quelques politiciens – cumulards ou non – et autres administrateurs généraux de services publics grassement rémunérés dont nous attendons toujours en vain qu'ils justifient par de brillantes prouesses les émoluments qu'ils empochent sans la plus petite parcelle de mauvaise conscience.

* Du côté des plus jeunes, les peines sont morales. De plus en plus d'enfants souffrent d'une phobie de l'école. Il paraît qu'on exige trop de leurs petites personnes, qu'on leur met trop la pression, qu'il faut des résultats et que le seul résultat, c'est que ça les bloque. L'angoisse totale.
Je veux bien, moi, qu'on ne bouscule pas nos chérubins ; mais est-ce que ça va servir à quelque chose de les choyer avant de les envoyer, quand ils seront grands, dans le monde cruel du chômage travail ? Bill Gates, à ce qu'on raconte, aurait d'ailleurs lancé un avertissement du genre « Si tu trouves que tes profs sont durs, attends d'avoir un patron ! » ; avertissement qui indique à quel point le fossé se creuse, dans notre monde moderne, entre une enfance douillette et un âge adulte nourri de stress.
D'un autre côté, quand j'entends affirmer qu'on exige de nos rejetons des résultats, c'est l'étonnement qui m'assaille, puisque ce n'est justement pas l'impression que j'avais de l'école d'aujourd'hui. Déjà, on ne donne plus de points (c'est vilain, ça dévalorise, ça crée un climat d'échec là où on voudrait mettre les jeunes dans une spirale de réussite) ; on ne classe plus (c'est vilain, ça traumatise, ça crée et renforce les inégalités) ; on ne fait plus redoubler (c'est vilain et encore plus traumatisant). Jadis, les bulletins, c'était tous les mois (j'en ai même connu qui se donnaient toutes les semaines !) ; les résultats et classements s'annonçaient publiquement en fin d'année ; et quand un enfant ne s'en sortait pas à l'école, on l'envoyait travailler en espérant qu'il pourrait au moins se familiariser avec un métier manuel.
J'apprends par ailleurs que des études très sérieuses démontrent que les étudiants peinent dorénavant à mémoriser. C'est une évolution du cerveau, paraît-il : on mémorise moins. Et cela se justifierait par le fait qu'on dispose de tout un fatras informatique hyper branché qui permet de trouver en deux coups de cuiller à pot – entendez : quelques clics de souris ou papouilles d'écran tactile – les informations dont on a besoin sans avoir pris la peine de les apprendre par cœur auparavant !
Quand je songe qu'on m'envoyait (tout seul et à pied !) chez l'épicier du quartier et que je répétais mentalement en chemin la liste de ce que je devais rapporter (la sanction de l'erreur éventuelle étant une engueulade maison et un second aller-retour, toujours tout seul et toujours à pied, pour rectifier la bévue), j'en frémis rétrospectivement.
Mais quand même, qu'on ose annoncer qu'il s'agit d'une évolution du cerveau, ça me paraît gros ! Les évolutions génétiques sont plutôt lentes, très lentes. Elles exigent davantage qu'une demi-poignée de générations !
Par contre, j'ai aussi entendu que pour lutter efficacement contre l'apparition et l'évolution de la maladie d'Alzheimer, il est essentiel de faire régulièrement appel à sa mémoire, de l'entretenir, de l'exercer le plus possible. Car la cervelle, c'est un peu comme les muscles : ça vieillit, certes, mais ça ne s'use pas quand on s'en sert.

* Un peu dans le même genre que ci-dessus, j'ai lu un autre article où il était question de jeunes gens ayant terminé leurs études et dont la destinée est alors de se lancer dans la vie professionnelle. Apparemment, ils ne sont pas prêts. De longues années passées à étudier, ça marque. Lorsqu'il s'agit de passer à la pratique, de quitter le mode préparatoire pour passer au mode exécutif, ça coince.
Moi qui ai entrepris de très longues études secondaires, j'en sais quelque chose. Il n'a pas été simple de trouver du boulot.
Apparemment, pour les étudiants fraîchement diplômés et promis au monde du chômage travail, il est non seulement très difficile de se dégoter un emploi, mais il est également très compliqué de se lancer dans la recherche dudit emploi. Et ça, c'est quand même nouveau.
En quelque sorte, ça rejoint les propos d'un paragraphe précédent de cette bafouille, où il est question de phobie de l'école, de stress, d'exigence de résultat : on continue à mettre aux jeunes un maximum de pression. Alors que, leurs études terminées, ils aspirent à un repos, à une détente bien méritée (par exemple sous la forme de deux semaines all-in à Ibiza), pourquoi attendrions-nous d'eux qu'ils se lancent d'un seul coup dans la vie professionnelle ?
Apparemment, l'année sabbatique serait plutôt devenue la norme. Cool, cool pendant quelques semaines où il est surtout question de vacances ; puis cool, cool pendant quelques mois hivernaux où il vaut mieux rester dans la chaleur des réseaux sociaux ; pour enfin, à l'approche de l'été, planifier les prochaines vacances tout en se mettant sérieusement en quête d'un emploi – étant entendu que l'éventuel futur patron devra s'accommoder des deux semaines d'indisponibilité de son nouvel employé, qui a déjà « réservé » son séjour estival.
Évidemment, il y a des réfractaires. De ceux qui cherchent tout de suite (et, pour certains, avant même la réussite des dernières épreuves). Ceux-là se retrouveront en concurrence, lors des examens d'embauche, avec d'autres qui auront « décompressé » pendant un an et qui devront faire preuve d'imagination, voire d'audace, au moment de remplir leur CV.
Le Monde évolue, les mentalités évoluent, les monnaies dévaluent. C'est inéluctable.

* Dans un registre plus sérieux au point qu'il en devient dramatique, nous voyons que les réfugiés politiques se bousculent aux frontières de l'Europe comme jadis les manants aux portes des églises et des châteaux : Asile ! Asile !
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça doit ressembler à ce que j'en pense moi-même : assez !
Assez de réfugiés, direz-vous ?
Assez d'aide aux réfugiés, préciserez-vous ?
Votre bonne âme balance-t-elle entre l'idée de les empêcher d'entrer chez nous et celle de les y laisser entrer mais de limiter l'aide qui leur est accordée ?
Pensez-vous plutôt qu'ils devraient rester chez eux ?
Moi, c'est ce que je me dis : ils devraient rester chez eux. Le problème, c'est que chez eux, ce n'est plus chez eux. On leur démolit tout, on leur prend ce qu'ils ont, on massacre leur famille, leurs amis, leurs voisins… Alors ils fuient, parce que, fort logiquement, ils pressentent que leur tour est proche.
Alors, pour qu'ils cessent d'entreprendre de longs et périlleux exodes, il faudrait tout d'abord éliminer les raisons (guerre, famine, maladies, corruption) qu'ils ont de s'enfuir de chez eux et instaurer d'autres raisons (paix, démocratie, sécurité, prospérité) qui leur donnent envie d'y rester. Et ça, c'est une autre affaire, n'est-ce pas ?

mardi 11 août 2015

Fascination

Samedi dernier, Arte consacrait ses émissions télévisées aux étoiles et à tous les mystères qui intriguent bon nombre de nos plus grands savants. Pour l'occasion, des documentaires nous étaient proposés ayant pour objet les découvertes dues au télescope spatial Kepler et aux sondes Voyager 1 et Voyager 2, exploratrices spatiales lancées il y a plus de trente-cinq ans !

Moi, tout ça, ça me fascine.

Ce qui me fascine, ce n'est pas tant les photographies des grandes planètes du Système solaire envoyées par les deux sondes depuis la fin des seventies (et qui, pour intéressantes qu'elles soient, n'en sont pas moins d'une qualité pas toujours enthousiasmante) ; ce n'est pas davantage l'examen attentif de milliers d'étoiles entrepris par le télescope Kepler et les formidables découvertes dont il nous a gratifiés, non. Ce qui me fascine, c'est l'immensité de l'Univers et, par opposition, notre taille à nous et celle de notre bonne vieille Terre, tout à fait ridicules.

Kepler avait pour mission de tenter de nous aider à répondre à la troublante question qui obsède tant de chercheurs, aiguise la curiosité des fêlés de l'Espace et excite l'imagination des auteurs de récits de science-fiction : « Sommes-nous seuls ? »

Oui, sommes-nous seuls, nous les Hommes, perdus quelque part au sein de cette immensité ? La Terre est-elle la seule planète qui abrite la vie telle que nous la connaissons ?

Depuis longtemps, on suppute, on émet des hypothèses aussi peu vérifiables les unes que les autres, on invente des engins sophistiqués afin de nous aider à trouver réponse à nos interrogations... et puis lorsqu'une découverte importante est enfin faite retentissent des acclamations de joie parce que ce qu'on espérait, ce qu'on devinait, ce qui paraissait probable mais obstinément caché devient tout à coup vérifiable, observable.

Depuis le temps que nous savons que la galaxie qui nous entoure (la Voie Lactée) comporte plus d'une centaine de milliards d'étoiles et qu'au-delà de cette Voie Lactée, bien plus loin encore, existent des milliards d'autres galaxies renfermant elles aussi des milliards d'étoiles ; depuis le temps que nous savons que chacune de ces étoiles est un « Soleil » plus ou moins gros que le nôtre, ou de taille sensiblement égale ; depuis le temps que nous savons que des étoiles naissent (elles se forment), vivent (elles brûlent en émettant chaleur et lumière) et meurent (en s'éteignant petit à petit ou, pour les plus massives, en explosant en « supernova ») ; depuis le temps que nous observons tout cela, nous n'avions pas encore pu vérifier qu'autour de ces étoiles pouvaient graviter des planètes, comme dans notre système solaire. C'est à présent chose faite : grâce principalement aux images captées par le télescope spatial Kepler, des milliers d'exoplanètes ont pu être détectées et, parmi elles, certaines semblent remplir les conditions (taille, distance par rapport à leur étoile) propices à l'apparition de la vie telle que nous la connaissons chez nous : à base d'eau à l'état liquide.

Bien sûr, on s'en doutait : puisqu'une étoile est un soleil plus ou moins semblable au nôtre, pourquoi des planètes plus ou moins semblables à la nôtre ne graviteraient-elles pas autour ?

Ce qui me fascine, c'est l'immensité de cet Univers et la petitesse, à la fois dans le temps et dans l'espace, de l'existence de l'Homme. Jugeons-en par quelques chiffres :

— Notre Soleil est vieux d'environ 4,57 milliards d'années, et il devrait pouvoir « vivre » encore autant d'années.
— Notre Terre et les autres planètes du système solaire se sont formées à la même époque, la formation de la Terre n'ayant dû prendre « que » quelques dizaines de millions d'années.
— La vie sur Terre sous ses premières formes (bactéries...) remonte à plusieurs milliards d'années, mais les hominidés n'apparaissent qu'il y a environ sept millions d'années ; et l'Homo Sapiens n'est là que depuis environ deux cent mille ans. Une broutille à côté de plus de quatre milliards et demi d'années !

Alors, existe-t-il quelque part dans l'Univers une Terre plus ou moins semblable à la nôtre ? Peut-être ; mais sans aller si loin, pourrait-il seulement en exister une au sein de la Voie Lactée (plus de cent milliards d'étoiles, rappelons-le) ? Avouez que c'est probable, car si l'on tient compte des récentes observations transmises par le télescope spatial Kepler, ce n'est pas une planète « habitable » autre que la nôtre que notre galaxie pourrait abriter, mais bien plusieurs milliards !

Encore faut-il les repérer, ce qui n'est pas évident puisqu'elles sont plutôt petites et sombres, mais plusieurs candidates ont déjà été répertoriées. Quant à pouvoir les observer, en obtenir des images afin de savoir à quoi elles ressemblent... voilà un tout autre défi ! Ces planètes sont loin, très loin de nous, puisque l'étoile la plus proche (Proxima Centauri) est distante de seize années-lumière ! Une année-lumière représentant approximativement une distance de dix mille milliards de kilomètres, le chemin à parcourir et le temps que cela prendrait pour seulement s'en approcher défient l'imagination.

Peut-être y a-t-il, loin, très loin de nous, une planète qui abrite la vie ; mais à quel stade ? Y a-t-il des vertébrés ? Des hominidés ? De la technologie permettant de communiquer, d'explorer l'Espace ? Des savants qui se posent les mêmes questions que celles qui nous assaillent ? Des guerres nucléaires qui ont déjà tout détruit ? Des épidémies ou des catastrophes naturelles ayant rayé de la carte toute trace de vie animée ?

Le saurons-nous un jour ? Nous ou les enfants des enfants de nos enfants ?

Eh bien ! Nous n'en savons rien ; mais nous pouvons toujours rêver !
L'imagination, c'est ce qui fait que l'Homme avance et que pour lui, le futur est déjà le présent et que le présent appartient déjà au passé.