mercredi 28 décembre 2022

En attendant le printemps...

 Souvent, on déclare dans un soupir « qu'il n'y a plus de saisons ». Et c'est parfois vrai, bien que je songe parfois qu'en Belgique nous bénéficions encore de deux saisons : la bonne et la mauvaise. Mais, suivant qu'on aime le vent, la pluie, la neige et les sports de glisse ; et qu'on soit allergique au soleil et aux touristes ; on peut considérer que la mauvaise est en réalité la bonne et vice-versa.

Il arrive aussi que la météo pendant la traditionnelle bonne saison se montre un peu pourrie ; et particulièrement clémente pendant certaines semaines de l'année où il est courant qu'elle ne le soit pas. Le « dérèglement climatique » étant pour beaucoup dans ces égarements météorologiques.

Quoi qu'il en soit, en ce moment, j'attends le printemps et, accessoirement au passage, ce nouveau millésime qui me rapprochera inévitablement du dernier qu'il me sera accordé de vivre. N'étant allergique ni au soleil, ni à la vie au grand air, je me réjouis de pouvoir conduire mon vélo en balade un peu plus loin que dans les environs de mon domicile et un peu plus longtemps qu'une heure ou deux entre chacune des dépressions qui se succèdent sur la mer du Nord. En ce moment, et comme le disait Sean Kelly, c'est seulement après qu'on est sorti qu'on sait vraiment à quel point il faisait froid.

 



 Elles sont loin déjà, ces journées printanières et automnales où je parcourais les voies vertes et petites routes de campagne d'un village à un autre, m'arrêtant ici et là pour un pique-nique improvisé ou une pause de récupération au sommet d'une voie pentue ; et ces soirées et nuits passées dans la quiétude parfois précaire d'une aire de bivouac.




 L'année qui se termine aurait pu être plus joyeuse si nous n'avions eu à déplorer, après tous ces mois pénibles à lutter contre un virus tenace, le déclenchement de ce qui ressemble à une amorce de Troisième Guerre mondiale.

Peut-être est-ce de ma part une vision pessimiste de l'actualité, mais une relecture de l'Histoire du vingtième siècle m'incite à penser de la sorte, si j'opère un rapprochement entre certains événements graves de 1939 qui ont vu des conflits éclater plus à l'est de l'Europe pour finir par s'étendre chez nous dans les mois et années qui suivirent.

Le champ de bataille est aujourd'hui en Ukraine, comme il se situa autrefois en Pologne. Nous brandissons menaces et sanctions, nous tentons des médiations ; mais nous sentons à quel point c'est vain. L'Histoire repasse les plats, mais nous espérons qu'ils seront moins indigestes.

En cette fin d'année, le bilan de mon blog me paraît bien terne également, même si c'est sans commune mesure avec l'actualité. J'ai peu écrit, mais j'ai souvent songé à le faire. La procrastination peut être malsaine, je l'évite dans la vie de tous les jours ainsi que dans mes obligations familiales et professionnelles, mais ici même, elle me paraît bénigne.

Je me souhaite donc une année 2023 plus inspirée en matière d'écriture ; et à tous je la souhaite remplie de bonheur, de paix et de prospérité.

À bientôt pour d'autres bafouilles !

dimanche 13 mars 2022

Non, le carburant n'est pas trop cher !

 

Le titre est volontairement provocateur, je sais, et même franchement exagéré, aussi vais-je nuancer le propos dans les lignes ci-après...

Et je vais commencer par citer Coluche qui, dans un des ses sketches, disait : « On a doublé le prix de l'essence. Est-ce qu'il y a deux fois moins de voitures sur les routes ? Non ! »

Une sorte de postulat qui ne se promenait pas dans la dentelle, lui non plus, mais qui basait son raisonnement sur le fait que le doublement du prix d'une denrée n'entraîne pas nécessairement une réduction de moitié de sa consommation.

Si on doublait soudain le prix du pain ou d'une autre denrée de base de notre alimentation, je suis certain que les gens en achèteraient moins ; mais la bagnole, ça, il ne faut pas y toucher.

Il y avait jadis des slogans du genre « Ma voiture, c'est ma liberté » qui paraissent ridicules aujourd'hui ; mais il n'en reste pas moins que, dans nos pays de l'UE, on a tellement eu tendance à verser dans le « tout à la bagnole » au cours des dernières décennies qu'il est devenu difficile aujourd'hui de s'en passer à moins de changer de mode de vie – ce qui peut imposer un changement de domicile, par exemple.

Les commerces des villages ayant disparu au profit des grands centres commerciaux plantés en périphérie des grosses agglomérations, seuls les ménages domiciliés au centre des villes et à proximité des boutiques peuvent éventuellement faire l'économie d'une voiture et certainement celle de la seconde.

Donc, le carburant double de prix et il y a toujours autant de voitures sur les routes. C'est un fait. Et les gens vous diront que « ce n'est pas possible autrement », « qu'il faut bien aller bosser, faire les courses et conduire les enfants à l'école ».

Tiens, justement, comme j'en parlais dans un ancien article (toujours d'actualité) : j'habite en face d'une école.

Là aussi, en dépit du doublement du prix du carburant, il y a toujours autant de bagnoles aux heures « chaudes ». C'est hallucinant, quand on y songe, car la plupart de ces gens n'habitent pas loin. Ils pourraient faire le déplacement à pied, d'autant plus que ces courts trajets motorisés sont proportionnellement les plus coûteux en énergie au kilomètre.

« Oui, mais de toute façon, je dois prendre la voiture, car je vais bosser et l'école est justement sur le chemin du travail ».

Je ne juge pas les gens, ils disent sans doute vrai. Je constate, tout simplement.

D'ailleurs, moi aussi, je suis dans le même cas. Et bien que je n'aie plus d'enfants à « déposer à l'école en passant » (mais ce n'était pas nécessaire, puisque, je le rappelle, j'habite en face), je dois utiliser la voiture pour aller au turbin ou faire les courses. Mais Chérie et moi, nous nous modérons. Nous prenons nos vélos autant que possible. Et les transports en commun. Et nous ne rechignons pas à user de nos guibolles, elles sont conçues pour ça.

Ce que nous devrions constater autour de nous, en raison de la forte hausse des prix des carburants, c'est une modification de certains comportements. La conduite « économique », cela existe. Et c'est si simple à mettre en place qu'on se demande si, vraiment, les automobilistes ont davantage de pognon que de cervelle.

C'est ce constat qui me fait dire que non, le carburant n'est pas (encore) trop cher. En tout cas, pas pour tout le monde. Sinon, les gens rouleraient moins et, surtout, beaucoup plus calmement. Cela leur permettrait de réaliser de substantielles économies.

Et, comme je le disais, c'est simple à mettre en place. Il suffit d'anticiper.

Le principe est qu'à véhicule égal, une conduite en douceur et une vitesse modérée font baisser la consommation de carburant. Grosses accélérations et coups de frein sont des gaspillages d'énergie ; et la résistance à l'avancement (pertes par frottements) est proportionnellement plus forte à vitesse élevée.

Le truc le plus simple, donc, quand on ne peut pas se déplacer autrement qu'en voiture, est de partir un peu plus tôt et de rouler en évitant de devoir freiner. Cela nécessite de l'anticipation, non seulement sur la circulation, mais aussi sur notre emploi du temps. Partir cinq ou dix minutes plus tôt, ce n'est pas si compliqué dans la plupart des cas. Juste une habitude à prendre.

Et non seulement cela permet de diminuer la consommation de carburant, mais aussi le stress d'arriver en retard.

Autre bonne surprise : partir plus tôt, cela permet également de passer un peu plus tôt les carrefours difficiles et d'éviter les plus gros encombrements. Double économie.

Je vois toutefois si peu de comportements raisonnables, de conducteurs calmes, de gens déstressés, que j'en arrive à dire que non, décidément, le carburant n'est pas encore assez cher.

Pour certains automobilistes, en tout cas, comme je l'écrivais ci-dessus. Car il est vrai que je vis en Belgique, et que la Belgique est le paradis de la « voiture de société ». La bagnole dont le patron offre l'usage à son employé, ça lui coûte moins cher que du salaire. Donc, en Belgique, il y a des « voitures-salaire ». Et, en complément, le patron paie aussi assez fréquemment une carte carburant. Cela fait partie des « avantages en nature ».

Alors, bien sûr, comme près de la moitié des bagnoles neuves vendues en Belgique sont des « voitures de société », ceci explique cela. « C'est pas moi qui paie, donc pas besoin de faire des économies ».

D'ailleurs, question voiture, le Belge vit au-dessus de ses moyens. La caisse offerte par le patron est bien souvent une à deux catégories au-dessus de celle que le travailleur pourrait s'offrir avec ses propres deniers ; ce qui explique l'abondance sur nos routes de berlines et SUV allemands autrement plus coûteux que la Clio du Français ordinaire.

Pas encore assez chère, donc, l'essence. Quand elle le deviendra assez pour que les patrons se disent « Holà ! Stop ! Y a de l'abus », les choses changeront peut-être. Mais, en attendant, ils auraient tort de se plaindre, puisque ce système a bien arrangé leurs petites affaires pendant de nombreuses années.


lundi 20 décembre 2021

Corvées de toute une année

 Il y a des besognes qu'on ne devrait pas avoir à faire. On les appelle communément « des corvées ».

Certaines sont quotidiennes, mais tout le monde ne les considère pas toutes comme telles. Affaire de goûts et d'habitudes, généralement.

Il y a les tâches ménagères, que l'homme moderne ne laisse plus entièrement à charge de sa femme, par exemple. Ce qui me force d'ailleurs à constater que beaucoup d'hommes sont capables d'être à la mode sans être modernes pour autant.

Il y a les tâches d'entretien du jardin, les réparations diverses, que l'homme moderne devrait entreprendre sans rechigner. Mais je connais des femmes qui tondent la pelouse et manient le tournevis et le fer à souder aussi bien que leur coiffeuse les ciseaux et le fer à friser. Si leur homme cire le parquet, lave la vaisselle et sait faire la soupe, c'est un partage des tâches qui peut satisfaire tout le monde.

Et il y a, outre les compétences, les goûts et les couleurs qui, on le sait, ne se discutent pas. Quoi qu'il en soit, incompétence et dégoût vont plus souvent de pair que leur contraire. Si vous n'aimez pas cuisiner, il y a de fortes chances que le jour où vous vous mettez au fourneau, le résultat soit lamentable. Inversement, une personne aimant cuisiner aura tendance à servir des plats au minimum corrects. Toutefois, ce n'est pas parce qu'on aime faire le gâteau qu'il sera nécessairement bon.

Et puis, donnez à dix personnes la même recette et les mêmes ingrédients ; les résultats iront du succulent à l'innommable.

Bref, la corvée patates, ça peut n'en être pas une. Surtout si vous mangez fréquemment des pâtes et du riz. La corvée vaisselle, grâce à la technique moderne, on peut la confier à une machine. Il reste seulement à la vider et à ranger assiettes et casseroles. C'est d'ailleurs à ce moment-là que le plus silencieux des lave-vaisselle se révèle extrêmement bruyant !

Mais il y a des corvées qui sont vraiment des corvées et qu'en été, on se dit qu'on attendra l'hiver pour les faire. Ou l'inverse. Comme nettoyer le four, par exemple. Voilà une chouette corvée ! Tous ces rôtis, ces poulets qui ont éclaboussé tous azimuts ; ces traînées de graisse recuite sur les claies... Les plus méticuleux nettoient au fur et à mesure ou utilisent la pyrolyse. La première option requiert patience (que ça refroidisse un peu), volonté (de s'y mettre) et bonne mémoire (parce qu'en attendant que ça refroidisse, on passe à autre chose) ; tandis que la seconde requiert beaucoup d'énergie électrique et la nécessité de tolérer un peu de fumée et un résultat souvent douteux.

Ranger le grenier, c'est difficile aussi. Surtout de commencer. C'est incroyable tout ce qu'on peut entasser dans un grenier. Le grenier, c'est un débarras à la puissance quatre. Ou davantage, suivant la taille. Mais c'est un peu comme le disque dur de l'ordinateur : c'est quand il sature qu'on réalise qu'on l'a trop rempli et qu'il est temps de faire un bon nettoyage. Donc, plus il est grand, plus on l'encombre.

En été, ranger un grenier, c'est dur. Il fait chaud, sous la toiture. Et puis, dehors, il fait beau, d'autres corvées plus pressantes sont là qui attendent : tondre la pelouse, couper les fleurs fanées, arroser le potager, prendre l'apéritif sous le parasol...

En hiver, ranger un grenier, c'est compliqué aussi. Il fait froid, sous la toiture. Dehors, il fait froid aussi et d'autres corvées plus pressantes attendent : déneiger le trottoir, ajouter de l'antigel dans le réservoir du lave-glace de la voiture, acheter les cadeaux pour la Noël, nettoyer le four que la dinde a encrassé...

Je ne m'étendrai pas sur le printemps et l'automne. Inutile d'insister. Mais il faut quand même semer et planter, nettoyer la terrasse et le mobilier de jardin, décrasser la bagnole (ou les vélos), récolter et faire les conserves, tailler les haies, ranger enfin le grenier et se décider à attaquer le four.

Ici, en Belgique, la mauvaise saison est longue. Le seul petit éclair dans la grisaille, ce sont les périodes de fêtes, si on aime ça, qui aident à passer le temps en attendant des jours meilleurs.

Cela me permet de prendre le temps de vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année ; et une année 2022 enfin débarrassée de cette fichue pandémie qui vient tout doucement à bout de notre patience.