jeudi 21 avril 2011

Et vous aimez vraiment ça ?

Je vous entretenais récemment, entre deux crises de flemme particulièrement aigües, du degré zéro de diverses choses ; et je me suis demandé dans la foulée pourquoi de telles nullités pouvaient encore exister.

Le « fast-food », par exemple... Tout le monde sait bien que c'est gras, déséquilibré, relativement cher et que ça fait grimper le taux de cholestérol. Tout le monde voit bien que c'est médiocrement servi dans des lieux aussi attrayants que des halls de gare et aussi garants d'une saine digestion qu'un tour en montagnes russes sur un champ de foire. Et pourtant, ça marche. Ceux qui vendent ça se disent sans doute que les gens aiment bien les trucs gras, pas sains, bourrés de produits chimiques...

Vous aimez bien, vous, de bouffer des bâtonnets de poisson ou de poulet sans être sûr qu'il y a bien là-dedans du poisson et du poulet ? Sans être sûr qu'ils ne sont pas composés d'ingrédients de provenance douteuse enveloppés d'une sorte de chapelure et frits dans une huile qui aurait peut-être dû être jetée depuis quelques jours déjà ?
Accepteriez-vous qu'on vous serve, sans qu'elle ait été passée à la moulinette auparavant, la tranche de « pur boeuf » qui farcit votre petit pain ? Mieux : parviendriez-vous seulement à la mastiquer ? On ne vous sert pas de la merde, mais c'est tout comme. Les gens n'ont pourtant pas des goûts de chiottes ! Ils ne seraient pas opposés à bouffer des denrées convenables, quand même !

Et je parlais de la téléréalité. Vous aimez ça, vous ? Ne trouvez-vous pas ça complètement débile ? Ceux qui pondent ces émissions se disent sans doute que les gens aiment ça. Ils pondraient des trucs vraiment chouettes, sans qu'on doive se prendre la tête, ce ne serait pas plus mal, non ?
Une seule chose m'a fait marrer à ce sujet, dernièrement ; c'est l'histoire de ces ex-candidats à je ne sais quelle suite d'âneries télévisées intentant un procès à l'organisateur de l'émission pour les avoir fait travailler en black. Travailler ! Demandez un peu à un « pelleteux » qui transpire sur les chantiers, sur le bord des routes, avec tous les risques que cela comporte pour sa santé, ce que c'est que travailler !
Cela dit, ça me fait rigoler, ce procès. Un peu comme quand un idiot et un filou se mettent sur la gueule.

Et puisque j'en viens à la télé ; ça vous intéresse encore, vous, la douzième confrontation de l'année entre les vedettes surpayées du « Real » et celles non moins surpayées du « Barça » ?
Et la vingtaine de privilégiés qui tournent en rond sur un circuit en brûlant des milliers de litres de carburant et en polluant la planète alors que des gens crèvent de faim ou n'ont même pas le droit d'ouvrir leur gueule à quelques kilomètres de là ? Vous aimez ça ?

Et les interminables pages de publicité qui vous obligent à baisser le son du téléviseur, ça ne vous casse pas les oreilles et le reste ? Savez-vous que c'est avec le fric de la publicité (donc le vôtre quand vous achetez les produits) qu'on vous sert les émissions les plus débiles ?

Et ça ne vous pose pas de problème de conscience d'aller bronzer idiot dans des hôtels de luxe en bord de mer en vous empiffrant de tout ce qui vous tombe sous la main parce que c'est compris dans le prix ? Ça ne vous gêne pas de prendre des vacances de riches dans des pays de pauvres ? Et ça ne vous interpelle pas, de vous dire qu'il vaut mieux éviter de quitter l'enceinte du club parce que c'est dangereux ?

Je sais, je sais. On ne peut pas porter sur nos frêles épaules toute la misère du monde. On ne peut pas renoncer à tout : à de la distraction, à des vacances bien méritées, au plaisir de boire et manger. On ne peut pas non plus s'obliger à acheter des produits fabriqués chez nous par des ouvriers correctement payés, justement parce qu'ils sont plus chers, ces objets. Pas beaucoup plus chers, mais plus chers. Juste assez pour qu'on achète les autres, un peu moins chers à la vente mais infiniment moins chers à produire, contribuant ainsi à l'enrichissement d'industriels qui étoufferont plus facilement dans le pognon que dans les scrupules.

Mais un jour, faites-vous plaisir sainement. Levez-vous tôt, faites votre marché. Les bons produits existent. Et les passionnés qui les fabriquent et qui les vendent seront ravis de vous en parler. Préparez-vous un bon petit repas, complet et varié. Mangez lentement (en posant le couteau et la fourchette entre chaque bouchée, au besoin), offrez-vous une bonne bouteille de vin. Ou mieux : une bouteille de bon vin. Et puis allez vous promener, allez respirer. Prenez des photos. Invitez des amis. Allez chez eux. Parlez à vos voisins. Prenez le temps de vivre, ça fait un bien fou. Et surtout, surtout, oubliez un peu la télé. Coupez votre ordinateur. C'est ce que je vais faire, d'ailleurs.

Allez, à votre bonne santé !




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire