En Belgique, on est quand même des minables. George W. Bush, qui en connaît un rayon en minabilisme, ne s’y était d’ailleurs pas trompé en nous traitant de chihuahuas. Et encore, c’était gentil, je trouve, parce que des chihuahuas c’est mignon, sympa et rigolo ; alors que nous autres les Belges, on n’est même pas tout ça. D’ailleurs, c’est bien simple : pour faire l’actu, on y connaît peau de balle !
On a bien quelques records, mais quand ils sont intéressants, ils sont déjà un peu défraîchis (genre palmarès d’Eddy Merckx) ; et quand ils sont récents, ils n’ont rien de bien glorieux (genre plus longue crise gouvernementale de toute l’histoire mondiale de la démocratie) ou font un peu sourire (septièmes olympiades en vue pour Jean-Michel Saive, mais c’est du ping-pong, ce qui a quand même un peu moins d’aura que le cent mètres).
Il suffit qu’une de nos éminences grises décroche un mandat européen pour qu’un mandataire britannique, qui s’y connaît en la matière puisque sa gonzesse est technicienne de surface, déclare immédiatement que notre candidat a tout le charisme d’une serpillière. C’est envoyé, ça ! C’est du costaud. Une phrase-choc ! Et notre brave ex-premier ministre, au lieu de lui balancer une réplique bien sentie du genre : « Vous en êtes une autre, ma chère ! Charisme de serpillière vous-même ! Et d'ailleurs on dit un torchon et pas une serpillière. » se contente de s’écraser, préférant ne pas répondre à ce genre d’incinération. Minable, vraiment !
Pour tenir la vedette au plan international, pour faire la une des médias, on est à côté de la plaque. On ne va pas, comme le précité George W., casser du terroriste un peu partout dans le monde. On n’en a pas les moyens. On peut tout au plus fournir quelques flingues, faute de nous en servir nous-mêmes. Bon, bien sûr, des fois on se goure et on les refile à qui-il-ne-faut-pas, genre Kadhafi ; et là c’est pas bien. On est cons : mieux valait lui vendre du nucléaire civil, qui rapporte gros et ne sert pas militairement, donc n’expose pas à la critique.
Nous devrions prendre exemple sur nos puissants voisins, nos partenaires européens ou nos alliés de l’OTAN, qui savent y faire en scandales qui défraient la chronique. Voyez le copain Berlu, en Italie. Quel mec ! Cigarettes, whisky et p’tites pépées. Et l’immunité totale. La toute grande classe ! Et DSK, qui lève une soubrette dans un hôtel ? Là, on en parle. C’est du costaud ! Ils sont balèzes, les Français. Même les vedettes de l’équipe nationale de football s’y mettent, à courir les filles même pas majeures. Ou alors on raconte des trucs intéressants avec des quotas de bronzage dans les sélections…
Et Bill Clinton et les petites pipes de Monica avec procès à la clé ? Encore le top du top pour faire la une des gazettes !
Et nous, qu’est-ce qu’on fait ? Du gagne-petit. Du scandale de raccroc.
Notre prince Laurent, par exemple. Lui aussi, il fait des voyages. Une tournée africaine sans en demander l’autorisation. Pas bien ! Notre premier ministre démissionnaire en affaires courantes depuis plus d’un an, monsieur Yves Leterme, lui a d’ailleurs fait la leçon en lui disant : « Écoute, Lolo, t’es bien gentil et tout ça, mais si tu veux pas qu’on te supprime ton argent de poche, tu fais pas des voyages à l’étranger sans demander l’accord du gouvernement. Vu ? » Et le petit prince d’obtempérer en baissant la tête au lieu de balancer une répartie du genre : « L’accord du gouvernement ? Lequel, de gouvernement ? Le tien ? Alors comme ça pour jouer les missionnaires je dois d’abord demander l’accord des démissionnaires ? »
Ouais. Pour ce qu’il avait fait, le Laurent de Belgique… Aller serrer la louche à Kabyla. C’est terrible, comme scandale ! En scandales et en spectacles de haut vol, notre famille royale n’y entrave rien. Un mariage princier, en Angleterre, ça c’est quelque chose ! Du grand show et du business. Des photos, des souvenirs, des objets de collection et même des sacs à vomir à l’effigie du couple princier ! À côté de ça, nos princes et princesses sont minables : Philippe qui essaie la barbe pour avoir l’air moins tarte et Mathilde qui s’habille chez Matante & Co ! Moi, je serais à la place d’Albert II, j’aurais vite fait de résoudre la crise. Je dirais aux politiciens flamands, qui ne peuvent pas encaisser Philippe : « Suivez-moi bien, Dames en Heren. Ou vous vous débrouillez pour former un gouvernement sous huitaine, ou j’abdique et vous vous arrangez avec Philou. »
Mais rien de tout ça. Bébert soupire et relance le carrousel. C’est vrai qu’il aime bien son pays et que le confier à un de ses rejetons, ce serait pas gentil. Entre Philippe qui a l’air d’avoir avalé un parapluie, Astrid qui est aussi rigolote qu’une feuille d’impôts et Laurent aussi psychologue qu’une contractuelle… il y a de quoi désespérer.
Et pour en revenir à Laurent : il aurait fait ribouldingue avec les servantes du palais présidentiel ou une bamboula d’enfer dans un village congolais, on comprendrait encore que Leterme l’engueule. Mais là…
Enfin, Yves Leterme, en minabilisme, il en connaît un bout lui aussi. Un Flamand qui supporte une équipe de foot wallonne et qui entonne la Marseillaise quand on lui demande de pousser une petite Brabançonne, c’est d’un minable ! Et les réactions belges le sont tout autant : on rigole, on ironise, on rouspète pour la forme… Imaginez le premier ministre français chantant la Brabançonne à la place de la Marseillaise. Fini, le mec ! Grillé. Carbonisé.
Des fois, quand même, la Belgique défraie la chronique. Mais d’une façon qu’on aimerait mieux éviter. Parce que des histoires de bourreaux d’enfants qui nous font parfois souhaiter qu’on rétablisse la peine de mort, on préférerait s’en passer. Et les affaires de curés et d’évêques qui jouent à touche-pipi sur des gamins, on s’en passerait bien aussi.
Eux, en tout cas, ils souhaitent s’en passer. La calotte est au-dessus des lois. Eux, ils savent pardonner, alors, qu’on leur pardonne aussi ! D’ailleurs, c’est du passé. Et le passé, c’est passé et il faut l’oublier.
Et en parlant du passé, je ne voudrais pas omettre de mentionner notre meilleur candidat au titre de couillon de la semaine (*) : Stefaan De Clerck, social-chrétien flamand et ministre de la Justice. Vu que l’extrême droite flamande (le Vlaams Belang) a proposé de remettre sur le tapis la question de l’amnistie des anciens collabos de la Deuxième Guerre Mondiale, et que les élus flamands, dans un presque touchant ensemble, on répondu qu’ils étaient d’avis aussi de se pencher là-dessus, monsieur De Clerck a jugé bon d’en remettre une couche lors d’un entretien télévisé, ce dernier week-end : « C’est du passé, il faut oublier ».
Chez nous, à défaut d’un Le Pen qui parle d’un « détail de l’Histoire », on a quand même des démocrates démocratiquement élus et membres de partis démocratiques qui osent balancer certaines énormités qui me font écrire, comme disait François Béranger, que « la merde noire relève le front ». Alors, pardonner ? Ce n’est pas à moi de pardonner. Mais oublier ? Jamais !
Franchement, parfois, en Belgique, on est vraiment minables.
En tout cas, je préférerais qu’on défraie la chronique parce qu’un de nos ministres a mis la main au cul d’une soubrette ou s’est fait tailler une pipe par sa secrétaire, plutôt qu’avec des histoires de maniaques pédophiles et pédophobes ou les déclarations débiles et électoralistes de certains de nos politiciens qui galopent derrière l’extrême droite pour sauver leur mandat !
Je sais, c'est pas gai tout ça. Mais je suis jaloux. Et la jalousie, c'est vilain, puisque c'est un des sept péchés capitaux. Bon, ce serait à refaire maintenant, on en ajouterait d'autres, comme le racisme et l'extrémisme. Mais c'est pas à refaire. La cervoise est tirée depuis longtemps.
(*) Chaque vendredi soir, sur la première chaîne radio de la RTBF, est diffusée l’émission « La semaine infernale » ; qui est un passage en revue humoristique de l’actualité de la semaine écoulée. Les chroniqueurs élisent à chaque fois un « couillon de la semaine », qui n’est pas nécessairement une personnalité belge, bien que chez nous le choix ne manque généralement pas.
Edit. (21/05) :
Comme je le pressentais, Stefaan De Clerck a été brillamment élu "couillon de la semaine", devant Lars Von Trier qui a effectivement fait très fort lors du Festival de Cannes.
DSK a été mentionné également, mais l'élire était sans doute un peu "bateau".
Félicitations aux lauréats.
Bah, vous avez Benoît Poelvoorde (pas sûr pour l'écriture...).
RépondreSupprimerEt en foot vous avez des originalités, quand même. L'influence des voisins bataves ?
http://www.chronofoot.com/belgique/belgique-un-joueur-victime-d-039-un-violent-coup-de-pied_art13931.html
Oui, c'est bien, l'orthographe du nom !
RépondreSupprimerEt en foot, en effet, ça fait mal. Enfin, le blessé n'est pas Belge, et le bourreau (involontaire) non plus. On a toujours besoin d'un coup de main de nos voisins, même si c'est à coups de pied !
D'ailleurs, si vous pouviez le récupérer Poelvoorde, ne vous gênez pas, surtout...
RépondreSupprimerEn fait la France, c'est un peu la poubelle à talents des pays francophones. Le Québec nous a balancé Garou et Antony Kavannah (bon c'est vrai qu'en échange on leur a largué Dantec, ce qui n'était pas très sympa), vous vous nous donnez Poelvoorde et Nothomb...
Stop !
Ksss ksss... Et puis, t'as oublié Céline Dion, aussi.
RépondreSupprimerMais nous on donne rien, hein ! Il y en a des qu'on voudrait bien voir s'en aller ailleurs, mais personne n'en veut. Par contre, il y en a qui vont voir ailleurs pour gagner plus de thunes (le cacheton à la télé française, c'est quand même un peu plus consistant que chez nous - déjà rien que question audience), ou que les autres racolent pour se faire des thunes.
Mais bon... Poelvoorde, quand il est pas bourré et qu'il fonce pas avec son SUV dans les maisons des gens (authentique), il serait encore un peu marrant. Mais on en a des pas comiques, chez nous. Les gugusses qui (disent qu'ils) négocient depuis près d'un an pour former une majorité qui gouverne, par exemple. Quand on pense à ce qu'ils touchent comme émoluments ! Si j'en faisais pas une latte à leur façon, comment que mon boss me foutrait dehors ! Scandaleux.
Tiens, et DSK ? Je juge pas et je prends pas parti, mais il y a quand même une question qui me chatouille : est-ce qu'un pauvre gagne-petit dans mon genre coincé de la sorte pourrait sortir du gnouf avec une caution de mille dollars ou alors il devrait aussi allonger un million cash ?
Céline Dion c'est les Américains qui l'ont récupérée, donc à ce sujet je ne témoigne d'aucun contentieux à l'égard des Québécois.
RépondreSupprimerPoelvoorde quand j'étais petit et qu'il faisait M. Manhattan sur Canal je le trouvais marrant. J'aime bien le film "Les portes de la gloire". Maintenant je le trouve vraiment chiant (l'acteur, pas le film).
Quant à la caution, à ce que j'ai cru comprendre les sommes sont soi-disant indexées sur ton niveau de vie. Après je sais pas, je suis pas allé vérifier... En tout cas j'aimerais pas avoir des problèmes judiciaires aux Etats-Unis...