Si nous sommes tous supposés avoir assimilé les notions de politesse et de courtoisie les plus élémentaires, nous constatons malheureusement que certains individus n’ont pas appris grand-chose en la matière ou, à tout le moins, se sont hâtés d’en oublier l’essentiel. Je ne vous ferai pas l’affront d’énumérer les manquements dont la plupart d’entre nous sont journellement témoins (voire victimes), car je ne pourrais être exhaustif, mais nous savons tous combien la grossièreté, l’incivisme et l’égoïsme sont aujourd’hui devenus monnaie courante.
L’objet de cet article ne sera pas d’épingler ces comportements, mais d’attirer l’attention sur une autre forme d’impolitesse, ayant trait à nos activités en elles-mêmes plutôt qu’à nos gestes de la vie courante et à nos rapports directs à autrui.
Au cinéma, par exemple, la politesse de la caissière et la courtoisie de l’ouvreuse peuvent-elles susciter notre satisfaction si le film est projeté avec une image parfois sautillante et des interruptions dans la bande sonore ?
Au restaurant, le professionnalisme du service en salle et l’excellence des mets mitonnés par le chef suffisent-ils à excuser une nappe souillée et un courant d’air désagréable charriant les miasmes des conteneurs à ordures ?
Bien sûr, le gestionnaire de la salle pourra arguer que le film était compréhensible malgré tout, de même que le patron du restaurant pourra se retrancher derrière la qualité de la cuisine proposée. Il n'empêche que si des manquements sont admissibles à la séance de ciné-club d'une petite école ou lors du repas de la visite des parents dans un camp scout, de telles négligences le sont beaucoup moins de la part de professionnels.
Quand j'achète un livre, j'attends qu'il soit intéressant sur le fond, soigné dans la forme et irréprochable sur le plan technique. Vingt euros pour des pages qui se détachent, une mise en forme douteuse ou des fautes de grammaire non corrigées, c'est inadmissible ! La politesse de l'éditeur, c'est la qualité technique du produit qu'il propose. S'il ne peut écrire à la place de l'auteur, il peut toutefois consentir l'effort d'offrir un travail d'édition irréprochable. Je constate que ce n'est pas toujours le cas.
Je fais sans doute partie de ces maniaques qui ne peuvent s'empêcher de relever, dans les livres qu'ils lisent, les fautes de typographie, les accords manqués ou les usages douteux. C'est peut-être maladif, mais ça fait partie de mon tempérament. Et je suis capable de discernement. Je ne jetterai pas la pierre à l'éditeur qui laisse quelques fautes dans un livre, lorsqu'il apparaît clairement que ce n'est pas dû à de la négligence ou à la satisfaction de l'à-peu-près ! Des fautes, tout le monde en commet ; on ne peut que très difficilement les repérer toutes et les rectifier.
Ce qui me hérisse, c'est le « c'est bon comme ça » de certains éditeurs qui n'ont aucun scrupule à commercialiser des romans truffés de fautes et d'approximations. Clairement, ces gens se moquent du lectorat. Ils le méprisent.
Leur argument est facile à deviner : pour eux, le lecteur ne remarquera pas les fautes ; et s'il en voit l'une ou l'autre, il ne réclamera pas. Ces éditeurs considèrent qu'ils ne publient pas « pour le Goncourt », et que les romans de gare qu'ils commercialisent sont destinés à un public qui cherche la lecture facile et qui ne va pas « se prendre la tête » avec la grammaire. C'est probablement vrai ; mais ce qui l'est encore plus, c'est que ces marchands de soupe prennent les gens pour des idiots. Personne ne les oblige à publier de la littérature de haut vol ; on peut utiliser un langage courant, populaire, accessible... sans pour autant imprimer n'importe quoi n'importe comment. Ces éditeurs sont comme le patron de cinéma qui projette un film avec l'image qui saute de temps à autre ou le restaurateur qui sert sur des tables sales : ils méprisent la clientèle. Même un sachet de frites ou un hamburger, dans un snack, ça doit se servir proprement ! Personne ne désire acheter un véhicule automobile souffrant de vices cachés ! Personne ne demande des livres truffés de fautes !
L'éditeur, même s'il s'en défend, doit jouer un rôle éducatif. Donner le goût de la lecture et des histoires bien écrites. Simplement s'il le veut, mais correctement.
J'ai la faiblesse de croire qu'à force de lire des phrases, des mots formulés et orthographiés dans le respect de la langue, on finit par les assimiler. Et à ceux qui objecteront que de nombreuses personnes écriront toujours mal, quelle que soit la qualité de ce qu'elles lisent, je rétorquerai que si on ne leur offre que de la médiocrité, les chances de les voir progresser seront encore moindres.
Internet, réseaux sociaux, blogs, forums, édition à la demande, auto-édition... Aujourd'hui, l'informatique et les télécommunications permettent à presque tout le monde d'écrire et d'être lu. « Tout le monde », ça veut dire « n'importe qui ». Et aussi, très souvent, « n'importe quoi, n'importe comment » !
Sur ce petit blog, je fais l'effort d'écrire lisiblement, de vérifier la qualité rédactionnelle et orthographique des articles que je publie ; c'est, il me semble, la moindre des politesses de la part de quelqu'un qui écrit, publie et attend qu'on le lise. Et si l'une ou l'autre faute d'orthographe ou de typographie subsiste, je m'efforce de la rectifier dès que je la repère... ou qu'un autre me la signale.
Je suis bien d'accord avec toi ! En effet la bonne orthographe sur ton blog est quelque chose que j'apprécie.
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