On trouve des trucs marrants, sur Internet. « Le café des sports », sur le site de « L'équipe » , par exemple.
Il y a là des gens qui postent des messages au sujet du Tour de France cycliste. On y discute tactique, on y risque des pronostics, on y lance des accusations sans fondement…
J’y ai relevé quelques interventions qui m’ont bien fait rire.
Celle-ci, par exemple (mais que son auteur ne m'en veuille pas, il y en a des tas plus ou moins comme ça) :
Texto : « quand je pense que Vockler aurait pu etre sur le podium sans l' incompetence de son directeur sportif qui lui a dit de continuer dans l' etape de l Alpe d' huez si seulement il avait attendu que Evans revienne sur lui et monter ensemble et Thomas aurait eu encore de la ressource pour finir avec les favoris »
Après coup, Coco, c’est toujours facile à dire, des « il aurait dû faire ceci » et des « il n’aurait pas dû faire cela ».
Moi, la tactique et la stratégie appliquées à des équipes de coureurs cyclistes professionnels, j’y connais peau de couille ; par contre je suis déjà monté sur un vélo et j’ai déjà pédalé à fond la caisse, alors je peux te dire que c’est dur, comme sport. C’est violent.
J’ai déjà grimpé des côtes avec un autre gars qui pédalait en ma compagnie, et souvent j’ai essayé d’aller plus vite que lui, et lui plus vite que moi. Mais je pouvais pas. Et lui non plus. Et même si le soir, après coup, je me disais que j’aurais quand même dû essayer de pousser un peu plus sur les pédales, ça changeait rien au fait que, sur le moment, je pouvais pas. Et lui non plus.
Et t’en fais pas : s’il avait pas été en grande forme, je l’aurais vite remarqué et je lui aurais collé une minute ou deux. Mais je pouvais pas. C’est simple, non ?
Autre chose...
Texto : « un opportuniste qui n'a fait qu'attendre les défaillances de ses adversaires. »
« Voeckler peut dire merci a Evans qui à emmener tous le monde »
« il a fait de la patinette pendant toute la montée »
Ah ouais. « Rester dans les roues pour monter sans se fatiguer ». Un grand classique.
Alors moi, la tactique et la stratégie appliquées à des équipes de coureurs cyclistes professionnels, j’y entrave que dalle ; par contre je suis allé un petit peu à l’école et j’y ai appris quelques petites choses qui m’ont aidé à comprendre pourquoi c’est dur, le vélo.
Pour faire simple, Coco, laisse-moi te dire que pour avancer sur ta bicyclette, tu dois vaincre des forces naturelles qui font rien que te contrarier la plupart du temps. Les deux forces principales sont la gravité et la résistance de l’air (il y en a d’autres, comme les frottements mécaniques des pièces mobiles du vélo et ceux des pneus sur la route, mais c’est plutôt secondaire).
La gravité, c’est l’attraction terrestre. La Terre, elle aime tellement ses habitants, même les plus cons d’entre les plus cons, qu’elle les attire à elle du matin au soir et du soir au matin. Elle veut pas qu’ils s’éloignent.
La gravité, c’est donc une force qui s’exerce verticalement de haut en bas sur le cycliste et sa machine. C’est cette force qui, en terrain plat, voudra te faire rester sur place. Sur une pente, elle va t’attirer dans le sens de la descente. Quand tu perds de l’altitude (descente), la Terre est contente, elle t’aide. La gravité ne t’oblige même pas à pédaler.
Quand tu gardes la même altitude (terrain plat), tu ne contraries pas trop la gravité. Tu gardes la même distance par rapport au centre de la Terre.
Par contre, si tu cherches à prendre de l’altitude (côte, col), la Terre, elle aime pas ça. Tu veux t’éloigner de son centre. La gravité s’y oppose farouchement. Donc, pour grimper, active tes guibolles. Et plus la pente est raide, plus tu contraries la gravité, donc plus c’est dur à monter.
Autre élément naturel à vaincre : la résistance de l'air.
La résistance de l’air, c’est vachement important aussi. Parce qu’un cycliste, ce n’est pas plus aérodynamique qu'un grille-pain. Quand il avance (le cycliste, pas le grille-pain), il doit se frayer un passage au travers de molécules d’air qui n’aiment justement pas qu’on les bouscule et qui font tout pour le contrarier. En progressant, le pédaleur et sa machine repoussent donc les molécules d’air, qui s’empressent de reprendre leur place quand ils sont passés. C’est comme si le cycliste, après avoir poussé l’air pour avancer, l’attirait ensuite derrière lui, créant ce qu’on appelle l’aspiration.
Et tu sais quoi, Coco ? Plus la vitesse de déplacement du cycliste augmente, plus ces phénomènes de résistance et d’aspiration prennent de l’importance.
Quand un peloton roule vite, ceux qui sont à l’avant doivent fendre l’air (c’est du boulot) alors que ceux qui sont dans les roues bénéficient de l’aspiration (c’est plus cool). Quand tu es au cœur d’un peloton qui roule à 50 km/h, tu te fatigues donc beaucoup moins que ceux qui sont à l’avant. Par contre, pour que le groupe maintienne cette vitesse élevée, il faut relayer les meneurs, leur laisser le temps de récupérer dans le peloton. Voilà pourquoi une poignée d’échappés ne peut pas, en plaine, rouler aussi vite qu’un peloton où vingt coureurs se relaient pour fendre l’air.
Enfin, il y a une autre force de frottement, liée à la résistance de l’air et qui joue parfois les trouble-fête, c’est le vent. Le vent, c’est de grandes masses d’air qui se déplacent. Si elles vont dans le même sens que toi, elles facilitent ta pénétration dans l’air. Dans le sens contraire, elles la rendent encore plus compliquée.
De tout cela, tu peux déduire que tu avanceras plus facilement en descente avec le vent dans le dos qu’en montée avec le vent de face.
Tu peux également comprendre que sur le plat et à grande vitesse, le plus dur à vaincre, c’est la résistance de l’air ; tandis qu’en côte et à faible allure, l’ennemi numéro un, c’est la gravité.
On en revient maintenant à l’expression « rester dans les roues ».
Sur le plat ou en léger faux plat, quand un groupe roule vite, l’aspiration joue son rôle et c’est l’homme de tête qui se fatigue le plus.
Mais dans l’ascension d’un col, où on roule lentement, l’aspiration est ridiculement faible. Celui qui reste dans les roues doit pédaler aussi fort que celui qui ouvre la route. La preuve en est que dans un col, ça lâche « par l’arrière » beaucoup plus facilement qu’en plaine.
Quand il y a un vent défavorable, toutefois, on peut s’abriter un peu en restant « dans les roues », mais les routes des cols étant rarement rectilignes et même souvent en lacets, le sens relatif du vent s’en trouve fréquemment modifié. Chacun des concurrents va donc s’arranger pour s’en abriter le mieux possible, à la faveur des changements de direction. On remarque également qu’en cas de fort vent contraire, les attaques sont rares et la plupart du temps vouées à l’échec.
Dans l’ascension d’un col, ceux qui grimpent ensemble produisent à peu près le même effort. L’homme de tête adopte le rythme qui lui convient, et c’est bon pour lui tant que les autres n’ont pas envie d’aller plus vite. Celui qui est « dans la roue » ne profite pas de l’aspiration, l’allure étant trop faible. Il a par contre l’avantage d’être immédiatement renseigné sur son aptitude à suivre le premier ; alors que celui qui mène, tant qu’il ne lâche pas les autres, ne se rend pas facilement compte si l’allure qu’il imprime « leur fait mal ».
Donc, Coco, grimper le Galibier, en tête ou dans la roue, ça change pas beaucoup : c’est très dur. Eh oui !
Au café des sports, en plus des maîtres-tacticiens, il y a les supporters indéfectibles...
« L'année prochaine, Contador mettra de nouveau tout le monde d'accord. »
... et les adeptes de la méthode Coué :
« demain c'est frank qui passe à l'offensive au pied de l'alpe pour user evans et servir de rampe de lancement pour andy.Andy et thomas voeckler au sommet de l'alpe d'huez ensemble.Evans et contador 2 min derriere.Thomas en jaune a PARIS.Vous pouvez eteindre la télé jusqu'a Dimanche. »
Au café des sports, il y a aussi l’humour de beauf’. Ce qui revient le plus souvent, ce sont les sarcasmes à propos de Contador privé de son steak (accessoirement parce que Voeckler le lui a piqué). Un exemple, au hasard :
« contador retorne a la maison! sans steak tu n'est plus rien! »
Enfin, si les intervenants sont balèzes en tactique, ils le sont beaucoup moins dans d’autres domaines. Quelques exemples qui m'ont bien fait marrer…
« je crois que Andy à remis tout ses detraqueurs à leur place !! »
« un grand grand voeckler qui a defendu son mayo »
« Aller demain les Schleck font tous peté a l'Alpe d'huez ! »
« Il a certes profité de la faiblesse de l'adversité dans la poursuite »
« il aurait donc peut dû se sacrifier »
« Demain l'Alpe et samedi le contre la monte ! » (ça saute pas aux yeux, celle-là)
« Ceux qui ont été repéchés ne l'auraient pas du l'être »
« Que je chasse en contre la montre et en montagne , contador est encore tres superieur . »
« si TV avait des droits ,et que ROLLAND aurait etait pas là,je pense qu'Andy dit moi oui!!!!oh ouh oh ouh oh!!!aurait peutetre attendu son frere Frank,et que du coup Alberto il aurait revenu sur Rolland qui aurait du freiner pour attendre Thomas et tout le monde sait que c'est dangereux de freiner quand on est suivi pas Christian "Prudent".....alors merci ASO vive le tour bravo Mr Evans eta l'année prochaine avec une super equipe EUROPCAR?!?!?!... » (Gasp !)
Celle-ci, je l'aime bien :
« les étapes de montagne se résument à des courses de côtes »
Et la dernière, elle est superbe :
« Il y avait 5 europcar dans le groupe éteau »
Ha, ha, ha ! Alors que tout le monde sait bien qu'on écrit « étau » !
Je laisse néanmoins la conclusion à cet intervenant :
« C'est vraiment marrant de constater que ce forum porte très bien son nom : " Le Café des Sports"... »
le béotien que je suis en matière cycliste en a beaucoup appris, mais alors beaucoup sur la technicité du cyclo... Et apprécié l'humour -involontaire- du café des sports...
RépondreSupprimeroulà là faut que je revienne demain pour lire ça, là je dois aller me coucher !
RépondreSupprimeret paniss ton article est super faut que je commente aussi
putain merci les mecs de continuer à faire vivre le Tour ça me cause de l'émotion vous savez
'Andy dit moi oui!!!!oh ouh oh ouh oh!!!
RépondreSupprimerça devient chaud dis donc