Alors que j'exposais dans cet autre article toute la frustration que peut ressentir l'amateur de vin lorsque son précieux nectar se voit gâché par un infâme goût de bouchon, j'ai négligé dans la foulée de vous faire part de quelques réflexions sur le vin.
Quoi ? Moi, un Belge buveur de bière et mangeur de frites, des réflexions sur le vin ? Mais oui !
Et tout d'abord, n'hésitons pas à faire hurler les puristes en criant « haro sur le bouchon de liège ! »
(Soit dit en passant, et même si ça n'a rien à voir, des bouchons sur l'autoroute en direction de Liège, on en a tous les jours !)
Sus au bouchon, donc. Et vive la capsule ! Non, non, ce n'est pas la bière qui me monte à la tête. Je ne fais qu'exposer une réalité : pour ce que nous faisons du bouchon, une capsule conviendrait tout autant.
À quoi le bouchon sert-il, en dehors de fermer la bouteille pour empêcher le précieux liquide de s'en écouler quand et où il ne faut pas ? Je pose la question. Et voici la réponse : à rien.
Le bouchon ne sert à rien.
Je devine les visages sceptiques, j'entends les cris indignés. Et pourtant, dans la plupart des cas, le bouchon n'a pas d'autre fonction. Bien sûr, si vous stockez longuement dans votre cave les grands crus du Bordelais, vous savez que j'écris une connerie ; mais je m'en fous car il est certain que celui qui possède ce genre de cave ne perd pas son temps à lire les articles que je publie sur mon blog.
Pour le vin « de garde », le bouchon joue un rôle très important, en dehors de celui de fermer la bouteille : assurer un échange subtil, lent et parfaitement dosé, entre le précieux nectar et l'air de la cave. Ce qui sous-entend également que celui qui souhaite conserver longuement du vin pour le laisser vieillir et « bonifier » a tout intérêt à être l'heureux propriétaire d'une cave de qualité : température et taux d'humidité stables, orientation et aération optimales, absence de vibrations... Il lui faut aussi maintenir un carnet de cave et un sens de l'ordre et de l'organisation, histoire de ne pas devoir remuer une vingtaine de bouteilles avant de trouver celle qu'il cherche.
Alors, si dans votre cave vous stockez des choux ou des pommes de terre, faites pousser des champignons et des endives, entreposez des détritus, installez une citerne à mazout, une chaudière ou un congélateur, subissez des remontées de miasmes en provenance des égouts... n'y stockez pas du vin. Pas longtemps, en tout cas.
Et puis, les gens comme moi, les épicuriens aux finances modestes, quand ils achètent du vin, c'est pour le boire. Pas nécessairement tout de suite, mais rarement dix ans après son acquisition. Alors, un bouchon synthétique ou une capsule, ça convient pour presque tout le pinard qu'ils achètent.
Et avec une capsule, le vin ne sent pas le bouchon.
Un petit sauvignon, un riesling, un chardonnay qui sent le bouchon, c'est tellement navrant ! Ce n'est pas le genre de vin qu'on laisse vieillir. On le boit jeune, sur le fruit, sur la fraîcheur. Alors, foutez la paix aux pauvres chênes-lièges.
Pareil pour un vin de primeur, pour un rosé gouleyant qui accompagne les grillades et l'assiette de charcuteries ou pour la majeure partie de ceux que nous buvons à toute occasion.
Moi, je n'ai pas de Château Petrus dans ma cave. J'ai du vin pour le boire dans les cinq ans. Alors, si c'est pour qu'il sente le bouchon...
Et tant que j'y suis, je vais donner un coup de pied au cul d'une autre idée reçue : la température de service d'un vin rouge. Il paraît qu'un blanc, un rosé, ça se boit frais et qu'un rouge, ça se boit tempéré. Certains disent « chambré ». Quelle horreur !
Le blanc, le rosé : réfrigérateur ou, mieux, seau à glace. Ça s'impose.
Le rouge : température de cave. Si votre cave se maintient vers les dix à douze degrés, c'est bien.
Un bon vin servi trop chaud, c'est presque aussi navrant qu'un bon vin qui sent le bouchon. Dans votre verre, dans votre bouche, dans votre gosier et dans votre ventre, le nectar trop froid aura tout le temps de s'échauffer. Alors que servi trop chaud, il ne refroidira pas. Et, à moins d'avoir affaire à l'un ou l'autre rouge très léger, le seau à glace ne sera d'aucun secours.
Moi, le rouge un peu frais, j'aime bien. Ce n'est pas du gâchis, n'en déplaise à certains. C'est une palette de sensations qui évoluent agréablement : un peu de fraîcheur en bouche, c'est agréable.
Souvent, nos maisons sont trop chaudes. Un rouge servi à température ambiante, ce n’est pas bon.
Un rouge servi à température « idéale » (elle est souvent indiquée sur la bouteille par les viticulteurs soucieux qu'on déguste leur produit dans les meilleures conditions), ça exige un énorme sens de l'anticipation. Comment amener le nectar à seize degrés pile-poil au moment de le déguster sur le rôti ? Des convives un peu en retard, un apéritif qui se prolonge, un incident en cuisine... et c'est fichu : trop chaud !
Et puis, servi à seize degrés (ou dix-huit, ou quinze... voyez les conseils des spécialistes), le vin sera-t-il bu dans les cinq minutes ?
Conseil de Belge : servez votre rouge à température de cave.
Voilà.
Et cet article m'a fichu une de ces soifs...
À votre santé !
Je suis tout à fait d'accord avec ce qui est écrit ici.
RépondreSupprimerPour avoir assisté récemment à une formation dans le domaine de la conservation des vins en bouteille dans une grande université française, j'ai appris entre autre que :
99 % des vins dans le monde sont consommés dans les 18 mois apres leur élaboration, 95 % des vins sont consommés dans les 15 jours qui suivent l’achat.
Le capsule reste le meilleur moyen de conserver le vin, on annonce des différence de perméabilité à l’oxygène du liège qui varient de 1 à 100 000 sur un même lot de bouchon !
La capsule elle à des variations 1000 fois inférieures et plus régulières.
Enfin, je tiens à signaler que la capsule est le meilleur mode de garde sur un vin même très haut de gamme, il existe plusieurs gammes de joints disponibles (le joint étant la partie placée à l’intérieur des capsules pour faire l’étanchéité) qui permettent de réguler de manière contrôlée l’échange gazeux, en particulier au niveau de l’oxygène, il reste donc au vignerons de savoir comment il souhaite faire évoluer son vin, quel type d’échange il veut avoir avec son vin et les capsules à vis peuvent répondre à ses besoins.
Il reste à changer les mentalités et les habitudes, c’est pas la partie la plus simple…
Nico.
Merci, Nico, pour ces explications assorties de chiffres intéressants !
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