dimanche 9 décembre 2012

Les couillons dans l'Histoire (4)

Avant toute chose, je tiens à rappeler que lorsque je parle de « couillon », le terme est à prendre au sens large. Vous trouverez dans ce message un paragraphe explicatif à ce sujet.

C'est en feuilletant un bouquin consacré aux inventeurs, ces génies – connus et méconnus, encensés ou ignorés de leur vivant – ayant émaillé l'histoire de l'Homme moderne, que je me suis rendu compte qu'on trouve parmi eux quelques exemplaires couillons.

Alfred Nobel, par exemple. Un phénomène, celui-là. Un Suédois.
Ce type était obsédé par la nitroglycérine, ce truc qui peut vous péter à la figure pour un oui ou pour un non, et passait son temps à jouer avec dans l'usine familiale. Évidemment, ce qui devait arriver arriva : une belle explosion pour envoyer ad patres cinq malheureux dont Emil, le petit frère de notre génie.

Très marqué par cette tragédie, Alfred se remet au boulot. Mais pas au jardinage, non. Il continue de jouer avec la nitroglycérine pour la rendre moins dangereuse. Moins dangereuse pour celui qui la manipule, bien entendu.

En mélangeant sa substance avec une autre, plus lourde, inerte, Alfred est tout content qu'il soit alors nécessaire d'utiliser un détonateur pour tout faire péter. Alors que jusque-là, on disait de lui qu'il n'avait pas inventé la poudre, voilà que notre bon Alfred nous fabrique la dynamite.

Quelle belle invention ! Fini de creuser à la pioche dans les mines. Fini les coups de pelle pour tracer des routes. Quelques bâtons bien placés et... Boum ! Le gros du boulot est déjà abattu.

Évidemment, dès que vous inventez quelque chose qui peut exploser, péter à la gueule, détruire, tuer, démolir, pulvériser ou hacher menu, soyez certain d'intéresser ces sauveurs du Monde libre que sont les militaires.

Voilà donc notre brave Alfred qui joue le rôle du couillon de service. Parce que dès que vous inventez quelque chose qui peut être récupéré à des fins militaires, même si vous n'y aviez pas songé une seule seconde, vous entrez de plein droit dans la confrérie des riches couillons qui risquent de marquer l'Histoire.

Bourré de remords plus que d'aquavit, Alfred Nobel décide alors de se racheter en léguant toute sa fortune à la création du Prix Nobel.

Il y a à présent des Prix Nobel de n'importe quoi. Même de littérature. Ça vaut ce que ça vaut, mais c'est quand même grâce à un couillon qui s'est enrichi grâce à une invention qui a tué des tas de gens par le truchement d'accidents, de conflits divers, d'attentats, de vols avec violence, de sanglantes scènes de ménage et même de guerres qu'est attribué chaque année un Prix Nobel de la Paix.


Moins marquant dans le genre « génie impérissable », nous avons Joseph Cayetty. « Qui c'est celui-là ? » vous demanderez-vous en songeant peut-être en passant à la moustache de Pierre Vassiliu. Eh bien, Joseph Cayetty, ce serait l'inventeur du papier hygiénique ! Le célèbre PQ. Oui, monsieur ! Rien de moins que ça.

Vous remarquerez qu'on n'a pas appelé ça du Cayetty ou du Joseph Cayetty. Non. Ce n'est pas comme la poubelle de monsieur Poubelle. Nous n'avons pas de rouleaux de Cayetty comme nous avons des couvercles ou des poignées de poubelles. Modeste, donc, notre inventeur. Ce qui est étonnant, parce qu'il était quand même Américain. L'avantage de l'affaire c'est que « Cayetty » est resté un nom propre. Tandis que « poubelle » est devenu un nom aussi commun que l'objet qu'il désigne.

À l'époque de son invention (aux alentours de 1855), le PQ était un produit de luxe. Oui, de luxe. Qui songerait à ça aujourd'hui ?

En ces temps très reculés, on se torchait l'anus avec des bouts de journaux. Celui de la veille ou de l'avant-veille ; parfois même celui du jour en cas d'urgence.

Aujourd'hui, c'est vrai qu'on réserverait bien cet usage à certaines feuilles de chou qui ne méritent guère de meilleur traitement ; mais il faut aussi reconnaître que les journaux se vendent moins, que certaines personnes n'en achètent jamais, et que le papier glacé imprimé en couleurs qu'on nous fourgue dans la boite à lettres n'est pas l'idéal en la matière.

D'ailleurs, aujourd'hui, les nouvelles se lisent essentiellement sur le Web. Et je vois mal les gens se torcher le cul avec leur tablette.

En tout cas, si je n'avais pas trouvé ce bouquin sur les inventeurs, je n'aurais jamais connu le nom du couillon qui a inventé le PQ. Je n'écris pas « couillon » à cause de sa création, que j'apprécie beaucoup en dépit de certains inconvénients relatés dans cet article, mais parce qu'il est passé à côté de la célébrité. Qui donc connaît Joseph Cayetty ?


Dois-je à présent vous parler de Gustave Eiffel ? Il paraît qu'il a inventé le porte-jarretelles.

2 commentaires:

  1. "Ce qui est étonnant, parce qu'il était quand même Américain."

    Ha ha ha !

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  2. le PQ, une belle invention tout de même.
    Respect au Cayetty.

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