vendredi 24 février 2012

Encore des actualités à la con

* Gros scandale à Bruxelles : un médecin (et peut-être plusieurs) délivrait des certificats de complaisance pour la modique somme de 5 €. Le praticien s’est laissé piéger par une « patiente » qui avait emporté avec elle tout le nécessaire pour enregistrer la conversation lors de la consultation. Il n’a pas été précisé où le micro avait été dissimulé, mais je présume qu’il n’y avait aucun risque que le toubib le découvre, même dans les vêtements de la demoiselle, puisqu’il n’y avait pas d’auscultation prévue au programme de cette très brève rencontre. Les échanges verbaux étaient plus ou moins les suivants :

— Bonjour, que puis-je pour vous ?
— Docteur, ça ne va pas. Mon patron y fait rien qu’à me faire chier du matin au soir, et j’ai besoin de souffler. J’ai appris que pour cinq euros, vous pouviez m’arranger ça.
— Oui, bien sûr. Je vous mets trois jours, le temps de vous ressourcer.

Comme le vaillant praticien n’en est pas à son coup d’essai, on peut imaginer d’autres situations sans craindre de trop s’éloigner des réalités :

Docteur, j’suis pas bien, je stresse à mort. Demain, j’ai une interro canon en Histoire de Belgique, et jeudi c’est piscine et je nage comme une enclume. Et en plus, j’ai déjà prétexté mes ragnagnas pour échapper au deux cents mètres quatre nages de la semaine dernière. On m’a dit que pour cinq euros vous pourriez me goupiller le coup.
— Bon, OK, je te mets trois jours. T’as les thunes ?

C’est vrai, ça ne se fait pas, de fuir les interros et les contrôles de piscine. Et s’arranger pour ne pas aller bosser après un week-end chargé, ça ne se fait pas non plus :

Toubib, j’ai un problème. C’était l’anniversaire de bobonne, hier dimanche, et ça s’est prolongé jusqu’à ce matin ; et là, maintenant, j’aimerais mieux me fourrer au plume qu’au turbin. Surtout que je bosse pas tout près et que je peux pas conduire dans l’état que j’suis…
— Je comprends.
— C’est cinq euros, comme la dernière fois ?
— Oui, je n’ai pas encore indexé mes tarifs. Ha, ha, ha ! Tenez, voilà votre papier. Et maintenant, dégagez, j’ai pas plus de trois minutes à vous abandonner.

Ce n’est pas bien, de faire ça. Surtout de la part du médecin. Mais voilà au moins des « malades du lundi » qui ne coûtent rien à la sécu. C’est tout du black. Pas d’ordonnance, pas de papelard à rentrer à la caisse d’assurance-maladie, pas de médicaments à aller s’acheter. Juste un certificat pour le boss.

Souvent, un des refrains du patronat, c’est de dire que leurs travailleurs ne sont pas assez productifs, qu’ils font la grève au lieu d’aller au turbin ou sont malades quand il ne faut pas.
Pour le patron, un mec qui sonne le lundi pour dire qu’il est malade, c’est généralement un carottier. Et la droite libérale se fait l’ardente gardienne de la sécurité sociale en criant « haro sur les malades du lundi », qui coûtent cher à la collectivité et aux vaillants travailleurs qui savent se lever.

Sans vouloir prendre leur défense, je dirais quand même que ce ne sont pas ces malades-là qui coûtent cher à la sécu. Une visite chez le généraliste, officielle et parfaitement légale, et des médicaments qu’on n’ira même pas chercher parce qu’on n’est pas vraiment malade, ce n’est pas ça qui mettra les finances publiques sur la paille. Celui qui paie, en fait, c’est le patron. On comprend dès lors qu’il ne soit pas content. Mais qu’il le dise franchement, au lieu de chercher des prétextes qui n’en sont pas.


* Je ne sais pas ce qu’en pensent les Français, mais depuis que le petit Nicolas est entré officiellement en campagne (quelle surprise !) pour les présidentielles, on se marre encore plus. En France, vos politiciens sont rigolos. Dans l’ensemble, ils sont aussi médiocres que les nôtres, certes, mais au moins ils sont drôles. Mais c’est peut-être parce que nous les voyons et entendons de l’extérieur, tout compte fait.

Il n’empêche que ça doit être embarrassant, de tenter de se faire réélire quand on n’a pas les moyens d’un Poutine et la roublardise d’un Wade. Quel discours tenir ?
Celui du changement ? C’est reconnaître implicitement qu’on s’est méchamment planté pendant la durée de son mandat !
Celui de la continuité ? C’est ignorer qu’on a fait beaucoup de mécontents qui demandent justement autre chose !

Sarko a trouvé : il va faire du changement dans la continuité.
Et puisque le président semble reprendre les grandes lignes de son discours très original de 2007, style « travail, famille, patrie » et « Français, j’ai besoin de vous », j’ai une suggestion à lui faire, pour mettre un peu de piment dans tout ça. Puisqu’il a déjà les paroles, pourquoi n’y ferait-il pas adapter une musique ? Il a ce qu’il faut sous la main : Madame pourrait s’y coller et l’aider à pondre le tube du printemps. Je suis sûr que ça marcherait, ce genre de plan. Voyez Obama qui prend le micro et chante le blues… Mais ça suppose que Sarko sache au moins pousser correctement la chansonnette ; et là, à mon avis, c’est pas gagné.

Dans le coin rouge, pendant ce temps, on doit s’éponger le front et avoir une pensée émue et reconnaissante envers mademoiselle la femme de chambre du Sofitel de New York. Imaginez que DSK n’ait pas été gratifié de cette embarrassante casserole et se soit lancé dans la course à la présidence. Et imaginez les têtes, au PS français, si après ça on avait agité les marmites lilloises… C’était cuit ! On pouvait jeter l’éponge et la serviette.
Le camp socialiste doit se réjouir d’avoir joué la carte François !

Je suis soudain en train de me demander si ça ferait bon genre, un chef d’État français qui s’appelle Hollande. Pour l’ouverture à l’Europe, peut-être ?
Quoique s’il s’appelait Turquie, ce serait vraiment le top du top de l’ouverture, non ?


lundi 20 février 2012

Le helpdesk familial


— Allo, Chéri ? Y a un problème...

Ma femme est charmante. Parfois, elle me téléphone pendant mes heures de boulot – ce qui n'est pas grave – pour une question qui ne l'est pas davantage. Bien souvent, obtenir la réponse est une chose qui pour elle devrait se faire sans délai et surtout pas le soir après mon retour au bercail.

J'ai toujours considéré qu'il faut impérativement, pour obtenir de bonnes réponses, poser les bonnes questions.

— J'essaie d'imprimer un truc, mais ça ne marche pas.
— Un truc ? Quel truc ?

Chérie m'explique qu'elle a trouvé sur le Web une recette de cuisine intéressante, un bricolage génial... et qu'elle voudrait l'imprimer. Pas de chance : ça ne fonctionne pas.

J'ai à ce moment-là l'impression d'être une sorte d'employé d'un quelconque helpdesk tentant de comprendre par téléphone ce qui s'affiche sur l'écran du PC de sa correspondante. Après les interrogations les plus stupides – en apparence – visant à m'assurer que l'imprimante est bien branchée et allumée, le câble bien raccordé, qu'il y a de l'encre et du papier, aucun message d'erreur nulle part... Chérie est passablement agacée que je la prenne pour une pomme, tandis que je sens pointer en moi une once d'impatience, voire d'irritation.

En général, la communication prend fin sur des soupirs d'impuissance et sans que l'imprimante ait craché un seul feuillet. Le soir, Chérie pense à autre chose et moi aussi, et ce n'est que lorsque j'allume l'imprimante, le lendemain soir ou même plus tard, que le problème non résolu se rappelle soudain à mon bon souvenir. À peine branché, l'engin se lance dans l'impression répétée d'une recette de cuisine (qui ne servira pas dans l'immédiat puisque Chérie en a trouvé une autre dans ses bouquins). Un, deux, trois, quatre feuillets identiques sortent de l'imprimante avant que je ne réussisse à stopper le processus et à vider la print file.

Tout le monde a déjà fait ça : cliquer sur le pictogramme « impression » et, puisque ça ne marche pas, cliquer à nouveau et à nouveau et à nouveau... Nos ordinateurs ayant plus de mémoire que nous, mais aucun discernement, dix clics deviennent dix documents à imprimer dès que possible.


Il arrive que la raison du coup de fil soit vraiment préoccupante :

— Chéri, je crois qu'il y a un problème avec le chauffage...
— Hhuuuuh ?
— Ben oui. Ça ne chauffe pas. Les radiateurs sont froids.
— Holà !

C'est fâcheux. Parce qu'il faudra, sans se fâcher, poser de bonnes questions pour tenter d'identifier la cause du problème et essayer d'y remédier sans faire appel au chauffagiste. Surtout si c'est juste pour déplacer un curseur sur le programmateur, changer la pile de l'horloge ou vérifier qu'il y a du courant sur la ligne réservée au circulateur.

S'ensuit donc un interrogatoire serré – doublé d'une anxiété bien compréhensible suscitée par la crainte de voir survenir une lourde facture de réparation – au cours duquel, munie de son portable, Chérie me fait verbalement le portrait du thermostat d'ambiance, de la position des vannes et des disjoncteurs et de l'affichage des chiffres de température sur la chaudière.

C'est à ce moment que je songe à un bête bouton ; à cet inverseur « été / hiver » que j'ai dû, par mégarde, déplacer en suspendant la bicyclette dans le garage. Sur le moment, lorsque le pneu arrière a heurté la chaudière, je n'y avais pas pris garde, mais à la réflexion...

Faute avouée, faute pardonnée, même si j'ai l'air con au passage.


Il me revient un autre épisode préoccupant, qui commençait par un « Chéri, je crois qu'il y a un problème... »

Cette fois-là, le problème, c'est avec l'aquarium.

— Quel problème ?
— Ben, je sais pas, mais il y a une plaque de verre dans l'eau.
— Une plaque de verre ?
— Oui.
— Elle est comment, la plaque de verre ?
— Ben, verticalement, dans l'eau.
— Et c'est tout ?
— Ben... oui. Les poissons n'ont pas l'air de s'en faire.
— Ils disent rien ?
— Ha, ha, ha ! Tu te crois drôle ?
— Non, mais j'essaie de comprendre. C'est probablement un couvercle intérieur qui a basculé.
— Puisque tu le dis...

C'est quand même étrange, ce truc. J'ai dit « couvercle intérieur » pour ne pas m'inquiéter, mais ça me semble bizarre.

— Et tu es sûre qu'il n'y a rien d'autre ?
— Heu... Je vois d'autres morceaux de verre, en oblique, en haut.
— En haut ?
— Oui, de travers.
— L'aquarium est rempli ? Pas d'eau à l'extérieur ?
— Je te le dirais, s'il y en avait !
— Ouais...

Là, on ne rigole plus. Plus du tout. L'aquarium c'est, outre les poissons et le décor, trois à quatre cents litres de flotte que je n'aimerais pas voir se répandre dans mon salon !

Le soir, dès mon retour, j'évalue les dégâts : aucun problème à l'extérieur, mais le grand tasseau central reliant, en haut, la face frontale à la face arrière s'est décollé d'un côté et enfoncé en oblique dans le bac, suivi par les couvercles intermédiaires en verre translucide protégeant, en temps normal, les tubes d'éclairage des éclaboussures d'eau.

Un rapide examen me permet de constater, non sans frayeur, que les vitres « donnent de la flèche ». Elles se bombent sous la pression de l'eau. Aaaargh ! Pas de panique. Ne pas confondre vitesse et précipitation et, surtout, éviter de heurter le verre.

Je sors les seaux, le tuyau de plastique, débranche la pompe et le chauffage et, en douceur, entreprends de siphonner deux tiers du contenu. J'enlève également quelques grosses pierres pour que les poissons puissent encore évoluer sans rencontrer trop d'obstacles dans ce qu'il reste de flotte.

Les réparations causeront quelques jours de stress aux pauvres petites bêtes, car je ne veux pas vider ni déplacer le bac (intégré dans un bar). L'enlèvement complet du tasseau et le grattage des restes de colle seront des tâches enquiquinantes, autant que le nettoyage à l'acétone et la remise en place du tasseau (je ne répéterai pas les jurons, grommellements et emmêlements de pinceaux), cette dernière opération réclamant la mise en œuvre d'au moins quatre mains et deux grandes gueules (une, surtout). Pendant que Chérie maintient en place la plaque de verre, j'installe des lattes et de grands serre-joints qui me permettront de serrer fermement l'ensemble. Quarante-huit heures de séchage suivies d'un remplissage prudent... Tout ira bien. Ouf !


Au bureau, quand mon téléphone sonne, si une certaine suite de chiffres que je connais bien s'affiche sur l'écran, ce n'est pas nécessairement l'annonce de tracas, mais c'est toujours l'assurance d'avoir à répondre – immédiatement – à au moins une question. Des fois, c'est juste pour me demander si ça va.

Oui, Chérie, je vais bien. Et... et toi ?


mardi 14 février 2012

La force de l'imaginaire

Je me souviens d’un de mes professeurs de sciences qui répétait inlassablement, à l’intention de ceux qui n’aimaient pas son cours ou l’estimaient inutile, que de la physique, on en fait tous les jours. Même sans le savoir, à la façon de monsieur Jourdain sa prose.

Appliquées à notre quotidien, les lois de la physique sont incontournables ; et ceux qui tentent de les défier ou de les vaincre le font à leurs risques et périls. Les forces qui gouvernent non seulement nos mouvements mais aussi notre existence ont des propriétés qui les rendent impitoyablement efficaces : l’absence de sentiments et l’insensibilité à la fatigue. Contrairement aux pauvres mortels que nous sommes, elles n’ont ni tracas ni soucis les empêchant de se livrer jour et nuit à leur tâche consistant généralement à nous contrarier : nous faire choir, nous fatiguer, nous vieillir.

Qu’elles soient forces gravitationnelles, forces de l’inertie ou autres, nous ne pouvons les vaincre que pendant de courts instants exigeant de notre part une dépense d’énergie, de volonté, d’opiniâtreté. Marcher, courir, sauter, nager par nos propres moyens ; voler, rouler, naviguer en utilisant diverses machines… rien n’est gratuit. La dépense d’énergie est toujours à prendre en compte.

Nous disposons pourtant de certaines forces redoutables que nous utilisons sans effort, sans même y penser. La force de l’habitude, par exemple. Nous n’y songeons que lorsqu’elle nous joue un tour de cochon. Parce que réfléchir au moment d’agir ou juste avant, ça demande de l’énergie, tandis qu’agir par habitude… L’acte nous coûte, bien sûr, mais l’habitude est gratuite. C’est la vaincre qui exige l’effort.

La force de l’imaginaire est un autre de nos pouvoirs. Si la Nature pouvait nous envier quelque chose, elle qui nous séduit, nous surprend ou nous effraie selon les circonstances, ce serait sans doute notre imagination.

Elle est semblable à notre bêtise : invincible et sans limites.

Il existe entre l'auteur d'un roman et ses lecteurs une étrange relation qui met en jeu l'imagination de chacun, avec des résultats souvent surprenants.

Auteur, j'imagine un décor, une ambiance, des personnages, des actes que je tente de décrire avec suffisamment de précision pour être compris, mais en omettant volontairement des détails que je juge inutiles ou que je préfère laisser le soin au lecteur d'imaginer lui-même. Il me semble qu'un auteur qui offre trop de précisions, qui noie l'action sous les détails descriptifs, dilue inutilement son propos et suscite l'ennui. À l'inverse, l'absence ou le manque de descriptions peut susciter la perplexité et l'incompréhension. Une question de dosage, semble-t-il.

Le phénomène est bien connu : notre imagination déforme notre perception de la réalité. Interrogez dix témoins d'un même accident de la route, vous obtiendrez dix versions différentes ; et même d'adroits recoupements ne permettront pas toujours de dresser un compte-rendu exact des faits qui se sont déroulés.

Les épreuves de base lors des examens d'entrée pour candidats policiers comportent souvent un test consistant à visionner un film et à répondre ensuite à un questionnaire relatif à ce qui a pu en être mémorisé : les distorsions sont généralement très importantes !

Lorsque nous lisons un roman, c'est notre imagination, éveillée par les phrases de l'auteur, qui nous permet de recréer les lieux, les personnages, l'action. Quelle que soit la précision des descriptions ou la force des dialogues, nous nous ferons notre propre idée des protagonistes et de l'environnement dans lequel ils évoluent.

Lorsque nous assistons à la projection d'un film tiré d'un roman que nous avons lu et apprécié, nous sommes presque toujours déçus. Le film est moins bon. Nous avions imaginé les choses autrement.

Il est plus que probable que la vision de l'auteur soit également très différente de celle reproduite dans le film, même si le réalisateur se réclame de l'auteur (ou est l'auteur en personne), et même s'il a voulu une grande fidélité par rapport au modèle écrit. Le cinéma a d'autres contraintes que la littérature.

Comment les auteurs créent-ils leurs personnages ? S'ils sont de pure fiction, ressemblent-ils à quelqu'un qu'ils connaissent ? Est-ce que la belle femme brune aux yeux verts, le vieux curé bedonnant, le flic blasé ou le vilain malfrat ont un visage bien défini ? Des traits précis ? Et pourquoi les auraient-ils ? Si l'auteur voulait retranscrire de telles choses, ne serait-il pas plutôt dessinateur, photographe, cinéaste ?

L'imagination du lecteur commence là où l'auteur a arrêté de décrire le fruit de la sienne. L'intérêt du premier sera tributaire de l'habileté du second, dans une complémentarité, une complicité de toutes les pages, de la première à la dernière ligne.

lundi 6 février 2012

La revanche des actualités à la con

* Honte sur moi ! Je me suis trompé lourdement, dans un précédent article, et prie humblement le lecteur de bien vouloir me pardonner cet égarement.

Moi qui vous tartine ma science à longueur de pages, comment n'ai-je pas songé à ce retournement de situation pourtant prévisible ? Comment me suis-je laissé aller à émettre de tels doutes ? Comment ai-je pu un seul instant supposer que le brave Andy Schleck ne remporterait peut-être jamais la Grande Boucle à moins de se débarrasser de l'encombrante présence de son frère ?

Le déclassement (définitif ?) de Contador offre au cadet des frères luxembourgeois, sur un plateau à cinquante-deux dents, la victoire finale au Tour de France 2010 ! Voilà qui me fait penser à la victoire puis au déclassement de Floyd Landis, en 2006, et à la victoire de... heu... de je ne sais plus qui et j'ai la flemme de chercher, mais en tout cas c'était un Espagnol. Mais ça n'avait pas pris autant de temps ! Je vais faire ma langue de pute : ça semble plus facile de déclasser un Américain qu'un Espagnol, en cyclisme. Mais c'est un hasard.

Sur les entrefaites, le nom m'est revenu : Oscar Pereiro. Un asthmatique qui prenait des produits autorisés pour soigner ce mal, très très répandu au sein des pelotons cyclistes. C'est fou, ça, quand même, tous ces asthmatiques qui décident de faire du vélo. À moins que ce ne soit l'inverse ? Le vélo qui rend asthmatique ? Du coup, j'ai la trouille de monter sur ma bicyclette, des fois que je le deviendrais aussi, moi dont on dit généralement que je ne manque pas d'air !


* Ceux qui ne manquent pas d'air, en Belgique, ce sont les marchands de bagnoles.
Moi, comme je n'avais pas nécessairement besoin de changer de voiture, et que je n'ai pas assez de pognon pour m'autoriser seulement à en avoir envie, j'ai cru à un moment donné que je venais de louper la super bonne affaire de la décennie.

Le nouveau gouvernement belge, par mesure d'économie, avait décidé fin 2011 que les primes fédérales allant jusqu'à 15 % du prix d'achat d'une voiture neuve « écologique » seraient supprimées dès janvier 2012. Paf ! Comme ça, d'un seul coup ! Et que pour prétendre pouvoir en profiter encore, il fallait commander, payer et recevoir sa nouvelle tire avant les douze coups de la nuit du réveillon.

À la télé, à la radio, dans les journaux, dans les rues... les grandes marques ont fait le forcing, à grands coups d'annonces publicitaires : « on a des véhicules de stock, achetez avant le 31 décembre et profitez des 15 % de prime fédérale » ! Sous-entendu, en janvier, ce sera plus cher.

Là, j'ai eu un doute. Et si je loupais la bonne affaire ? J'ai regardé ma vieille caisse (5 ans et demi) et je me suis dit : tant pis ! Je la garde.

En janvier, les annonces ont continué à fleurir à la télé, à la radio, dans les journaux, dans les rues... les grandes marques ont fait le forcing à grands coups d'annonces publicitaires : « profitez de nos super conditions salon, super remises, super reprises, etc. »

Eh non ! Plus de prime fédérale de 15 % ! Mais qu'à cela ne tienne, comparés à ceux de décembre 2011, les prix de vente finaux n'avaient pratiquement pas augmenté. Juste un peu, juste pour dire...

Mais janvier 2012, c'était le mois du Salon de l'Auto. Une période toujours sujette à fortes remises, alors j'ai songé que c'était assez normal, ces prix pas tellement différents sans déduction de la prime.

Nous sommes en février, et les annonces continuent à fleurir à la télé, à la radio, dans les journaux, dans les rues... les grandes marques font le forcing à grands coups d'annonces publicitaires : « prolongation exceptionnelle des conditions salon... » Bref, les prix ne changent toujours pas.

Ce qui donne légitimement à penser, même si je fais encore une fois ma langue de pute, que les marchands de bagnoles se sont bien engraissés pendant plusieurs années avec ces primes fédérales, eux qui ont scandaleusement gonflé le prix de leurs voitures rendues « écologiques » à peu de frais (artifices aérodynamiques, transmissions longues, systèmes « stop & start », pneus spéciaux et autres broutilles plutôt que de proposer des évolutions technologiques aussi coûteuses que novatrices), et qu'ils peuvent et doivent à présent fourguer leurs tires à des prix décents en arrêtant de plumer l'État au passage.


* Exceptionnelle vague de froid sur l'Europe ! En février, ça surprend, bien qu'on soit toujours en hiver. Il faut dire qu'on s'était un peu habitués à la pluie, au vent et à la douceur. Au point que je me marrais en me rappelant la bousculade chez les marchands de pneus, à l'automne dernier : il fallait des pneus « hiver », en hommage à l'exceptionnelle vague neigeuse de l'hiver précédent. Pour quoi faire ? On aura quand même eu quelques flocons. Pas beaucoup, mais trois centimètres, ça suffit pour mettre une pagaille monstre sur notre réseau routier. Pneus hiver ou pas.


* Les croisières Costa se portent bien, malgré le léger froid jeté par le naufrage du « Concordia ». À présent, quand les paquebots de la compagnie passent à proximité du lieu du drame, c'est tout juste s'ils ne prennent pas de la gîte quand tous les passagers se ruent vers le même bord pour jouir du spectacle.

Ça me rappelle un jeu idiot qu'on faisait parfois, jadis, quand l'autobus qui nous conduisait vers l'école s'arrêtait près d'un carrefour encombré. Il y avait toujours bien quelqu'un pour s'exclamer, à ce moment : « Ouah ! L'accident ! Et t'as vu tout le sang ? »
Et le bus tremblait sur ses suspensions quand tout le monde se précipitait du même côté.