* Gros scandale à Bruxelles : un médecin (et peut-être plusieurs) délivrait des certificats de complaisance pour la modique somme de 5 €. Le praticien s’est laissé piéger par une « patiente » qui avait emporté avec elle tout le nécessaire pour enregistrer la conversation lors de la consultation. Il n’a pas été précisé où le micro avait été dissimulé, mais je présume qu’il n’y avait aucun risque que le toubib le découvre, même dans les vêtements de la demoiselle, puisqu’il n’y avait pas d’auscultation prévue au programme de cette très brève rencontre. Les échanges verbaux étaient plus ou moins les suivants :
— Bonjour, que puis-je pour vous ?
— Docteur, ça ne va pas. Mon patron y fait rien qu’à me faire chier du matin au soir, et j’ai besoin de souffler. J’ai appris que pour cinq euros, vous pouviez m’arranger ça.
— Oui, bien sûr. Je vous mets trois jours, le temps de vous ressourcer.
Comme le vaillant praticien n’en est pas à son coup d’essai, on peut imaginer d’autres situations sans craindre de trop s’éloigner des réalités :
— Docteur, j’suis pas bien, je stresse à mort. Demain, j’ai une interro canon en Histoire de Belgique, et jeudi c’est piscine et je nage comme une enclume. Et en plus, j’ai déjà prétexté mes ragnagnas pour échapper au deux cents mètres quatre nages de la semaine dernière. On m’a dit que pour cinq euros vous pourriez me goupiller le coup.
— Bon, OK, je te mets trois jours. T’as les thunes ?
C’est vrai, ça ne se fait pas, de fuir les interros et les contrôles de piscine. Et s’arranger pour ne pas aller bosser après un week-end chargé, ça ne se fait pas non plus :
— Toubib, j’ai un problème. C’était l’anniversaire de bobonne, hier dimanche, et ça s’est prolongé jusqu’à ce matin ; et là, maintenant, j’aimerais mieux me fourrer au plume qu’au turbin. Surtout que je bosse pas tout près et que je peux pas conduire dans l’état que j’suis…
— Je comprends.
— C’est cinq euros, comme la dernière fois ?
— Oui, je n’ai pas encore indexé mes tarifs. Ha, ha, ha ! Tenez, voilà votre papier. Et maintenant, dégagez, j’ai pas plus de trois minutes à vous abandonner.
Ce n’est pas bien, de faire ça. Surtout de la part du médecin. Mais voilà au moins des « malades du lundi » qui ne coûtent rien à la sécu. C’est tout du black. Pas d’ordonnance, pas de papelard à rentrer à la caisse d’assurance-maladie, pas de médicaments à aller s’acheter. Juste un certificat pour le boss.
Souvent, un des refrains du patronat, c’est de dire que leurs travailleurs ne sont pas assez productifs, qu’ils font la grève au lieu d’aller au turbin ou sont malades quand il ne faut pas.
Pour le patron, un mec qui sonne le lundi pour dire qu’il est malade, c’est généralement un carottier. Et la droite libérale se fait l’ardente gardienne de la sécurité sociale en criant « haro sur les malades du lundi », qui coûtent cher à la collectivité et aux vaillants travailleurs qui savent se lever.
Sans vouloir prendre leur défense, je dirais quand même que ce ne sont pas ces malades-là qui coûtent cher à la sécu. Une visite chez le généraliste, officielle et parfaitement légale, et des médicaments qu’on n’ira même pas chercher parce qu’on n’est pas vraiment malade, ce n’est pas ça qui mettra les finances publiques sur la paille. Celui qui paie, en fait, c’est le patron. On comprend dès lors qu’il ne soit pas content. Mais qu’il le dise franchement, au lieu de chercher des prétextes qui n’en sont pas.
* Je ne sais pas ce qu’en pensent les Français, mais depuis que le petit Nicolas est entré officiellement en campagne (quelle surprise !) pour les présidentielles, on se marre encore plus. En France, vos politiciens sont rigolos. Dans l’ensemble, ils sont aussi médiocres que les nôtres, certes, mais au moins ils sont drôles. Mais c’est peut-être parce que nous les voyons et entendons de l’extérieur, tout compte fait.
Il n’empêche que ça doit être embarrassant, de tenter de se faire réélire quand on n’a pas les moyens d’un Poutine et la roublardise d’un Wade. Quel discours tenir ?
Celui du changement ? C’est reconnaître implicitement qu’on s’est méchamment planté pendant la durée de son mandat !
Celui de la continuité ? C’est ignorer qu’on a fait beaucoup de mécontents qui demandent justement autre chose !
Sarko a trouvé : il va faire du changement dans la continuité.
Et puisque le président semble reprendre les grandes lignes de son discours très original de 2007, style « travail, famille, patrie » et « Français, j’ai besoin de vous », j’ai une suggestion à lui faire, pour mettre un peu de piment dans tout ça. Puisqu’il a déjà les paroles, pourquoi n’y ferait-il pas adapter une musique ? Il a ce qu’il faut sous la main : Madame pourrait s’y coller et l’aider à pondre le tube du printemps. Je suis sûr que ça marcherait, ce genre de plan. Voyez Obama qui prend le micro et chante le blues… Mais ça suppose que Sarko sache au moins pousser correctement la chansonnette ; et là, à mon avis, c’est pas gagné.
Dans le coin rouge, pendant ce temps, on doit s’éponger le front et avoir une pensée émue et reconnaissante envers mademoiselle la femme de chambre du Sofitel de New York. Imaginez que DSK n’ait pas été gratifié de cette embarrassante casserole et se soit lancé dans la course à la présidence. Et imaginez les têtes, au PS français, si après ça on avait agité les marmites lilloises… C’était cuit ! On pouvait jeter l’éponge et la serviette.
Le camp socialiste doit se réjouir d’avoir joué la carte François !
Je suis soudain en train de me demander si ça ferait bon genre, un chef d’État français qui s’appelle Hollande. Pour l’ouverture à l’Europe, peut-être ?
Quoique s’il s’appelait Turquie, ce serait vraiment le top du top de l’ouverture, non ?
La Hollande étant une terre de cyclisme, je me dis que ça peut pas être pire qu'ailleurs.
RépondreSupprimerMoi je veux bien donner cinq euros à Sarkozy pour qu'il s'arrête trois jours.
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