En mai 2011, je publiais sur ce blog
une petite bafouille en forme de coup de gueule, où il était
question de la politesse de l'éditeur. Les livres mal édités,
techniquement douteux et parfois juste bons pour la poubelle ne sont
pas rares ; et ils le sont d'autant moins à présent que les
technologies numériques ont permis l'impression « à la
demande », qui donne la possibilité à tout un chacun d'avoir
son nom sur la couverture d'un bouquin, qu'il soit chef-d’œuvre ou
navet.
Je ne vais pas m'offusquer de cet état
des choses, puisque j'en profite moi aussi, ni me gausser des légions
d'aspirants-écrivains qui recourent à ces procédés. C'est
l'époque qui veut ça ; et puis, si ça peut contribuer au
bonheur ou à la satisfaction de quelques milliers de personnes, je
dirais même que c'est tant mieux !
Malheureusement, les facilités du
système ne profitent pas qu'aux amateurs, puisque des
« professionnels » y ont également recours, comme je
l'explique dans cet article sur les pièges de l'édition. J'utilise
les guillemets afin de bien indiquer à quel point le terme peut être
galvaudé, certains énergumènes semblant s'évertuer à déshonorer
la profession, ne s'attachant qu'à son aspect commercial au
détriment de tout le reste.
Philippe Sebbagh, auteur entre autres de "Tous mes voeux", et qui s'est
vu offrir un jour un contrat d'édition pour "Carré romantique", m'a envoyé quelques
messages où il m'explique dans les grandes lignes les déboires
qu'il a connus grâce à son « éditeur ». Ici encore,
les guillemets s'imposent...
J'ai toujours compris – il me semble
d'ailleurs que la loi l'impose – que si l'auteur et l'éditeur
étaient responsables l'un de ses écrits et l'autre de ses
publications, toute mise en fabrication d'un livre était soumise,
avant que ne tournent les machines, à la signature par l'auteur d'un
« bon à tirer », document sur lequel il marque son
accord pour la confection et la publication de son œuvre, après
mise en page et relecture des corrections et rectifications.
Il arrive cependant que des éditeurs
passent outre cette obligation, publiant « derrière le dos »
de l'auteur une version modifiée qui n'a pas bénéficié de
l'approbation de celui qui en a la propriété intellectuelle.
C'est ce que m'a rapporté Philippe
Sebbagh, qui n'hésite d'ailleurs pas à « torpiller »
lui-même son livre, dans le commentaire qu'il publie sur un site
bien connu de vente par correspondance :
« Je suis l'auteur de "Carré romantique", mais la version commercialisée est très éloignée de mon texte original. J'ai été obligé de rompre mon contrat avec l'éditeur parce qu'il publiait un texte truffé d'erreurs et incohérences (introduites par "la correctrice") et auquel manque une vingtaine de pages. L'éditeur en question m'affirmant très tranquillement : "Les phrases en moins, les paragraphes en moins, et, d'une façon générale, tous ces mots en moins en raison de problèmes liés au changement de format de fichier, ça n'a aucune importance, parce que les lectrices ne s'aperçoivent pas de ce genre de détails." Bien sûr. Oui. Et merci. Et merci, surtout, Monsieur l'éditeur.
Philippe Sebbagh »
Ce témoignage m'a remis en mémoire
mon article de mai 2011, mais j'ai songé qu'il était davantage
question ici d'un total mépris du lectorat plutôt que d'un manque
de politesse. Ajoutons-y un manque de respect pour l'auteur, mais
c'est moins étonnant quand on sait que pour un éditeur, un auteur
n'est souvent qu'un enquiquineur dont il aimerait bien pouvoir se
passer... si seulement il était capable d'écrire lui-même les
bouquins qu'il a envie de commercialiser !
Lorsque Philippe Sebbagh m'a brièvement
exposé les faits, il m'a signalé que les éditions « Amorosa »
s'appelaient initialement « Passionata », un nom qui
m'était vaguement familier, et pour cause : à la suite de ma
participation en 2009-2010 à l'un des concours organisés par la
maison d'édition « Les Nouveaux Auteurs », j'avais reçu
un courriel publicitaire de l'éditeur m'informant de la création de
la société sœur « Passionata », fonctionnant sur le
même principe que LNA, avec comité de lecture amateur.
Vous l'aurez donc compris, le patron de
Passionata/Amorosa est donc monsieur Jean-Laurent Poitevin, qui
préside aux agissements de Les Nouveaux Auteurs.
Nuance importante, toutefois : Passionata/Amorosa n'est pas
distribué par Prisma Presse, contrairement à ce qu'avait laissé
entendre son PDG.
Mépris des auteurs, mépris des
lecteurs... Certains chefs d'entreprise ne semblent pas embarrassés
outre mesure par leur pedigree.
Cet "éditeur" sévit donc plusieurs fois, tels les tueurs en série !
RépondreSupprimerTout mon soutien à Philippe Sebbagh.