lundi 11 février 2013

Le mépris du lecteur

En mai 2011, je publiais sur ce blog une petite bafouille en forme de coup de gueule, où il était question de la politesse de l'éditeur. Les livres mal édités, techniquement douteux et parfois juste bons pour la poubelle ne sont pas rares ; et ils le sont d'autant moins à présent que les technologies numériques ont permis l'impression « à la demande », qui donne la possibilité à tout un chacun d'avoir son nom sur la couverture d'un bouquin, qu'il soit chef-d’œuvre ou navet.

Je ne vais pas m'offusquer de cet état des choses, puisque j'en profite moi aussi, ni me gausser des légions d'aspirants-écrivains qui recourent à ces procédés. C'est l'époque qui veut ça ; et puis, si ça peut contribuer au bonheur ou à la satisfaction de quelques milliers de personnes, je dirais même que c'est tant mieux !

Malheureusement, les facilités du système ne profitent pas qu'aux amateurs, puisque des « professionnels » y ont également recours, comme je l'explique dans cet article sur les pièges de l'édition. J'utilise les guillemets afin de bien indiquer à quel point le terme peut être galvaudé, certains énergumènes semblant s'évertuer à déshonorer la profession, ne s'attachant qu'à son aspect commercial au détriment de tout le reste.

Philippe Sebbagh, auteur entre autres de "Tous mes voeux", et qui s'est vu offrir un jour un contrat d'édition pour "Carré romantique", m'a envoyé quelques messages où il m'explique dans les grandes lignes les déboires qu'il a connus grâce à son « éditeur ». Ici encore, les guillemets s'imposent...

J'ai toujours compris – il me semble d'ailleurs que la loi l'impose – que si l'auteur et l'éditeur étaient responsables l'un de ses écrits et l'autre de ses publications, toute mise en fabrication d'un livre était soumise, avant que ne tournent les machines, à la signature par l'auteur d'un « bon à tirer », document sur lequel il marque son accord pour la confection et la publication de son œuvre, après mise en page et relecture des corrections et rectifications.

Il arrive cependant que des éditeurs passent outre cette obligation, publiant « derrière le dos » de l'auteur une version modifiée qui n'a pas bénéficié de l'approbation de celui qui en a la propriété intellectuelle.

C'est ce que m'a rapporté Philippe Sebbagh, qui n'hésite d'ailleurs pas à « torpiller » lui-même son livre, dans le commentaire qu'il publie sur un site bien connu de vente par correspondance :

« Je suis l'auteur de "Carré romantique", mais la version commercialisée est très éloignée de mon texte original. J'ai été obligé de rompre mon contrat avec l'éditeur parce qu'il publiait un texte truffé d'erreurs et incohérences (introduites par "la correctrice") et auquel manque une vingtaine de pages. L'éditeur en question m'affirmant très tranquillement : "Les phrases en moins, les paragraphes en moins, et, d'une façon générale, tous ces mots en moins en raison de problèmes liés au changement de format de fichier, ça n'a aucune importance, parce que les lectrices ne s'aperçoivent pas de ce genre de détails." Bien sûr. Oui. Et merci. Et merci, surtout, Monsieur l'éditeur.
Philippe Sebbagh »

Ce témoignage m'a remis en mémoire mon article de mai 2011, mais j'ai songé qu'il était davantage question ici d'un total mépris du lectorat plutôt que d'un manque de politesse. Ajoutons-y un manque de respect pour l'auteur, mais c'est moins étonnant quand on sait que pour un éditeur, un auteur n'est souvent qu'un enquiquineur dont il aimerait bien pouvoir se passer... si seulement il était capable d'écrire lui-même les bouquins qu'il a envie de commercialiser !

Lorsque Philippe Sebbagh m'a brièvement exposé les faits, il m'a signalé que les éditions « Amorosa » s'appelaient initialement « Passionata », un nom qui m'était vaguement familier, et pour cause : à la suite de ma participation en 2009-2010 à l'un des concours organisés par la maison d'édition « Les Nouveaux Auteurs », j'avais reçu un courriel publicitaire de l'éditeur m'informant de la création de la société sœur « Passionata », fonctionnant sur le même principe que LNA, avec comité de lecture amateur.

Vous l'aurez donc compris, le patron de Passionata/Amorosa est donc monsieur Jean-Laurent Poitevin, qui préside aux agissements de Les Nouveaux Auteurs. Nuance importante, toutefois : Passionata/Amorosa n'est pas distribué par Prisma Presse, contrairement à ce qu'avait laissé entendre son PDG.

Mépris des auteurs, mépris des lecteurs... Certains chefs d'entreprise ne semblent pas embarrassés outre mesure par leur pedigree.

1 commentaire:

  1. Cet "éditeur" sévit donc plusieurs fois, tels les tueurs en série !

    Tout mon soutien à Philippe Sebbagh.

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