lundi 18 février 2013

Sportifs de haut niveau et jeu des épitaphes

Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué cette particularité, mais quand on est doué, motivé et travailleur, le talent et les efforts transpirent de partout et finissent par déteindre d'une spécialité à l'autre.
Les sportifs de haut niveau, les champions qui dominent leur discipline, sont rarement limités à cette dernière. Sans taquiner les meilleurs dans d'autres compétitions, ils font généralement très bonne figure lors de joutes amicales ou lorsqu'ils ont l'occasion de tâter d'un autre sport que le leur.

Eddy Merckx, avant de devenir le « cannibale » avide de victoires sur deux roues à la force des guibolles, avait tâté du football. Il en avait gardé le goût, tant comme supporter que comme joueur occasionnel. Lors de rencontres « pour le fun » ou pour de bonnes causes, il aimait chausser les godasses à crampons et taper sur le cuir en compagnie de quelques potes et pour le plus grand plaisir de spectateurs et journalistes avides de curiosités. Sans avoir la technique d'un spécialiste, le champion était loin du ridicule. Paul Van Himst disait de lui que, physiquement, il ne craignait personne.

Jacky Ickx, au temps où on l'avait surnommé « Monsieur Le Mans », osait parfois accompagner Eddy Merckx à l'entraînement. Il y faisait, de l'aveu même du cycliste, beaucoup mieux que se défendre. Et pour cause : ces gens habitués à l'effort, à l'entraînement, à la compétition... avaient le goût du défi, l'appétit de victoires et l'inébranlable volonté de repousser leurs limites.

Aujourd'hui encore, tel champion de courses automobiles profite de la trêve hivernale pour dévaler les pentes enneigées sur une paire de skis, tel autre crack du tennis de table s'en va tâter de la planche à voile ou du hockey sur gazon.

Voyez Oscar Pistorius, spécialiste de la course sans pied : aux dernières nouvelles, il ferait beaucoup mieux que se défendre au base-ball et au tir au pistolet !

Ce n'est pas bien de rire de ça, je sais. Surtout pour la malheureuse victime, qui avait l'air pas mal dans son genre, même si je n'en ai vu que le haut sur les images diffusées à la télé. Je ne sais pas ce qu'on écrira sur la tombe de cette jolie personne, mais ce sera triste, de toute façon. Si jeune et partir comme ça...

Bon, si c'était l'athlète lui-même qu'on devait enterrer, plutôt que son ex-compagne, on pourrait ironiser un peu : « Ci-gît Oscar Pistorius, parti les pieds devant ».

C'est de mauvais goût ? Oui, sans doute ; mais j'aime bien le jeu des épitaphes. À défaut d'imaginer la mienne, je peux toujours songer à celles des autres.

Pour rester dans les sportifs, par exemple...

Cadel Evans : « Victime d'une ultime crevaison ». Et le footballeur brésilien Kaka : « Enfin recouvert ! »

Je songe à Nadal, à sa raquette, à ses balles et à ses shorts trop longs ; mais sans rien trouver de drôle comme mot de sa fin. Par contre, avec ses biceps, il pourrait la jouer gagnante à Munich, aux fêtes de la bière, avec les chopes d'un litre.

Parmi les sportifs qui ont changé de milieu, nous avons ce bon Yannick Noah : « Il n'avait demandé qu'une vie ». Mais ce n'est pas parce qu'on arrive dans le milieu du show-business que je vais vous refaire le coup de Johnny, éternel distrait, qui a « oublié de vivre ».

Mais on peut continuer à jouer avec les épitaphes. En vrac :

Benoît XVI : « Parti en bonne santé et en pleine possession de ses moyens ».
Depardieu : « Encore une victime de la retraite de Russie ! »
Copé : « Il l'a eu dans le fillon ». (Facile, celle-là, je sais.)
Ahmadinejad : « Ci-gît la première victime du programme nucléaire civil iranien » ou « Ci-gît un mahmoud du 21e s. »
Anders Brevik :  « Des nerfs d'acier, un cœur de pierre, des balles de plomb ».
Salman Rushdie : « Parti paisiblement à 124 ans au Paradis de Jésus ».
Francesco Schettino : « Il a bien mené sa barque ».
Lance Armstrong : « Mort d'avoir raconté des couilles ».
Obama : « Yes ! In the can ! »

J'arrête là, c'est vraiment trop pénible. Et d'ailleurs, je suis crevé.

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