Les écologistes convaincus, ça ne
doit représenter guère plus de cinq pour cent de la population.
Dix, à la rigueur, en ajoutant ceux qui de temps à autre, au hasard
d'un scandale agroalimentaire ou d'une pollution malencontreuse par
wagon-citerne interposé, se disent qu'il faudrait faire quelque
chose pour la bonne santé des gens et de la planète.
Cinq à dix pour cent, c'est un peu
comme les racistes convaincus ou les extrémistes de tout poil. Cinq
pour cent tout à gauche, cinq tout à droite, et quelques pour cent
supplémentaires d'alliés de circonstance à la faveur d'un attentat
islamiste ou d'une crise boursière.
Ces minorités qui, d'une manière
générale, embarrassent la majorité qui aimerait les voir
disparaître ; ces minorités qui ne représentent pas grand
monde ont quand même l'intéressante particularité de pouvoir
« faire l'appoint » dans les assemblées parlementaires,
quand il s'agit de voter quelque chose.
Mais l'écologie, quelque part, c'est
un truc à la con. On peut se dire écolo, tenir un discours écolo
ou agrémenter son programme de l'une ou l'autre touche écolo. Par
contre, se revendiquer raciste, ce n'est pas autorisé, chez nous. Il
faut subtilement tenir des propos qui donnent l'air qu'on ne l'est
pas, mais qui dans le fond offrent la garantie qu'on agira comme si
on l'était au cas où on accède au pouvoir. Racolage oblige.
Ainsi, lors des campagnes électorales,
il faut songer aux écolos. Pas aux cinq pour cent de convaincus,
mais au moins aux cinq pour cent « à tendance verte ».
Réchauffement climatique et scandales alimentaires obligent. Il faut donc mettre de l'écologie dans le programme. Du racisme, on ne peut pas. Il faut trouver des stratégies complexes de non-dits et de sous-entendus pour intéresser ceux qu'un vote extrémiste tenterait dans l'ombre de l'isoloir.
Et quand on ne rafle pas une partie de
ces cinq à dix pour cent de l'électorat en dépit des promesses de
campagne (promettre n'est pas tenir, rappelons-le), il faut
s'accommoder d'alliances boiteuses et de projets de loi à tendance
écolo. Soutien des « verts » oblige.
Un peu plus tard, quand ça ne marchera
plus, on fera porter aux cinq à dix pour cent d'écolos le bonnet
d'âne : c'est de leur faute, les écotaxes, l'obligation
d'énergie verte, les horribles éoliennes et les panneaux
photovoltaïques hideux pour lesquels on ne peut plus désormais
offrir de primes parce qu'elles ont vidé les caisses.
L'écologie, c'est un truc à la con.
Peu de gens y sont vraiment opposés tant que ça ne se passe pas
dans leur jardin ou tout près de chez eux. Et s'il y a des primes et
que ça revient moins cher, tout le monde est même pour. Et
pourtant, ça ne marche pas, l'écologie.
De toute façon, ça ne sert à rien de
polluer moins alors que dans d'autres pays, tout le monde s'en fout.
Et pourquoi prendre les transports en commun ? Ils sont sales,
vétustes, en retard ou en grève. La bicyclette ? C'est
dangereux, à cause des voitures. Marcher ? Il fait si mauvais.
Ou alors trop chaud, trop lourd. Trier les déchets ? Faut
encore aller à la déchetterie ; et qu'est-ce qu'ils sont
désagréables, à la déchetterie ! En plus, c'est plein de
guêpes près des conteneurs à cannettes.
L'écologie, c'est vraiment un truc à
la con. Je me demande comment on peut encore être écologiste
aujourd'hui. J'y pense parfois en marchant, en roulant à vélo ou en
triant ce que je vais conduire à la déchetterie : qu'est-ce
qu'il faut être con, pour faire ça !
aurais-tu trop tiré sur la moquette sans enlever la colle, l'ami Ludovic?
RépondreSupprimerje ne suis pas écolo, loin s'en faut, mais quand même il ne faut pas tout jeter à déchetterie; je suis d'accord avec toi, les écolos ont des prétentions incroyables au regard de leur poids électoral, sans compter que ce sont des politiciens pire que les autres, eux qui se targuent de faire "de la politique autrement"; en France, on est aux premières loges. D'autant qu'ils sont contre tout, même contre les éoliennes et le solaire dès l'instant où cela risque de tuer quelques batraciens ou quelques insectes...
Mais bon, ils mettent le doigt là où ça fait mal, ne serait-ce que le nucléaire, même si certains d'entre eux sont pour. Va comprendre...
Ben, non, faut pas trop chercher à les comprendre. Les autres non plus, d'ailleurs, puisque les libéraux utilisent très fréquemment le mot "social". Ils sont pour un libéralisme social, qu'ils disent. Même les socialistes sont pour le social, même s'ils n'en font pas des masses. Les écolos, eux, sont pour une écologie responsable. Une écologie pas responsable, ça existe ? Oui, ils vont nous l'inventer.
SupprimerJe crois deviner quand même de l'ironie dans le fond de l'article, non ?
SupprimerPour ma part, j'ai compris : faut être con pour se déclarer "écolo", mais faut être con pour pas "trier", "marcher", "véloter", etc.
Oui, c'est un peu ça (et même tout à fait ça). L'écologie à tout crin, c'est gonflant. Mais appliquer quelques principes écologiques simples dans la vie de tous les jours, ça sert à quelque chose même si en apparence ce sont de vains efforts.
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