lundi 12 août 2013

Les pièges de l'édition (3)

Parfois, des gens m'écrivent ou postent l'un ou l'autre commentaire en réaction aux articles sur le monde de l'édition que je publie sur ce blog. Certains considèrent que je suis sévère dans mes jugements.

Je tiens à préciser que je ne porte pas de jugements. Je n'ai aucune qualification pour ça. Je me borne à relater des faits, à rapporter mon expérience et à me faire l'écho de quelques témoignages digne de foi ; et juste après, j'ajoute mes propres commentaires et je vous fais part de mon opinion. Ce n'est pas un jugement. C'est juste mon avis que personne n'est obligé de partager.

Mes articles sur le monde de l'édition et sur certains éditeurs sont assez bien suivis et ont été l'objet de nombre d'interventions.

À ceux qui écrivent que je suis sévère, voire méchant ou trop sarcastique, je répondrai qu'ils ont peut-être bien raison. J'aime bien me moquer de certaines pratiques parce qu'elles me semblent douteuses, avis qui n'engage que moi.

J'ai régulièrement brocardé « Les Nouveaux Auteurs », dans ces pages, et leur « Comité de Lecture Citoyen ». Vous connaissez mon avis à leur sujet, mais je voudrais quand même rappeler certains points :

— Je n'ai jamais écrit que c'était mauvais, nul, stupide... et qu'il ne fallait surtout pas s'intéresser à cette maison.
— Je n'ai pas utilisé de mots comme « arnaque », « escroquerie », « foutaise », etc.
— J'ai écrit que je n'aimais pas certains de leurs procédés, même si, à la base, ça part d'une bonne idée.
— J'ai écrit qu'il ne fallait pas signer chez ces gens sans avoir bien lu tous les termes du contrat et savoir à quoi on s'engage.
— J'ai écrit que cet éditeur modifie assez souvent ses contrats et ses procédés, ce qu'on peut mettre sur le compte de la jeunesse de la boîte si on est indulgent ou sur celui de l'art de nager entre deux eaux si on est plus méfiant.
— J'ai écrit aussi que leurs concours permettaient aux lauréats – et seulement aux lauréats – de bénéficier de quelques mois de visibilité : gros tirage, bonne distribution, publicité. À ceux-là d'en profiter pour se faire un nom avant de devoir retourner ramer.

Certains lecteurs lisent parfois ce que je n'ai pas écrit et m'expriment leur désaccord. Qu'ils ne soient pas de mon avis, je l'accepte volontiers. Je n'essaie pas de les convaincre qu'ils ont tort. Chacun se fait sa propre religion avec ce qu'on lui donne à voir, à lire, à entendre.

J'ai mis en garde contre certains soi-disant éditeurs qui sévissent sur la Toile en promettant monts et merveilles : référencement Dilicom, Amazon, etc. Là, clairement, c'est du pipeau. Les éditeurs sérieux ne racolent pas les auteurs sur Internet ; parce qu'ils en ont déjà par-dessus la tête avec les manuscrits qu'ils reçoivent sans les avoir demandés.

Internet et l'édition numérique ont permis à un tas de petits comiques de se prétendre éditeurs, alors qu'ils ne sont rien que des illuminés.

Je rappelle que pour savoir si un éditeur est sérieux, il suffit de visiter quelques librairies (grandes ou petites, mais bien alimentées) et de s'enquérir des ouvrages que ledit éditeur publie. Si le libraire ne connaît pas, ça ne veut pas obligatoirement dire que c'est mauvais, mais méfiance : ce n'est pas parce qu'une boîte est jeune et pleine de « promesses d'avenir » qu'elle va y parvenir.

Il y a aussi des gens qui argumentent en m'écrivant que « Machinchose a quand même été édité à vingt mille exemplaires, qu'il a été interviewé par telle feuille de chou et est passé à TéléTruc » et c'est sans doute vrai ; mais comme en toute chose, l'exception confirme la règle. Et la règle, en ce domaine, ce n'est pas « vous voyez bien que ça marche », mais « ça ne marche pas sauf gros coup de bol ».

Enfin, je préciserai que certains éditeurs fournissent fièrement des chiffres lorsqu'il est question de tirages, mais sont beaucoup plus discrets lorsqu'il est question de ventes.

Et c'est pareil pour les auteurs. J'ai eu l'occasion d'échanger des messages personnels avec quelques collègues dont certains sont devenus lauréats de concours. Je les ai complimentés et leur ai souhaité la meilleure des réussites. Certains d'entre eux ont un blog où ils racontent la genèse de leur roman, la remise des prix, les interviews, les séances de dédicaces... Ils parlent ensuite de la sortie de leur roman, l'année suivante, en « édition de poche », parfois en se réjouissant d'avoir pu le retravailler en cours de route... mais aucun ne m'écrit pour me dire : « Ludovic, tu t'es trompé, c'est génial, mon bouquin s'est vendu à autant d'exemplaires... »

Je me dis qu'ils ont fait leur chemin, qu'ils ont bien d'autres chats à fouetter que de s'intéresser aux bafouilles d'un scribouillard aigri dans le genre de Ludovic Mir et que c'est pour ça que je ne reçois plus de leurs nouvelles...

Y a des trucs, quand même, c'est un peu comme la Sainte Vierge : sans apparition de temps à autre, on a du mal à y croire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire