lundi 19 août 2013

Écologie à la con

Les écologistes convaincus, ça ne doit représenter guère plus de cinq pour cent de la population. Dix, à la rigueur, en ajoutant ceux qui de temps à autre, au hasard d'un scandale agroalimentaire ou d'une pollution malencontreuse par wagon-citerne interposé, se disent qu'il faudrait faire quelque chose pour la bonne santé des gens et de la planète.

Cinq à dix pour cent, c'est un peu comme les racistes convaincus ou les extrémistes de tout poil. Cinq pour cent tout à gauche, cinq tout à droite, et quelques pour cent supplémentaires d'alliés de circonstance à la faveur d'un attentat islamiste ou d'une crise boursière.

Ces minorités qui, d'une manière générale, embarrassent la majorité qui aimerait les voir disparaître ; ces minorités qui ne représentent pas grand monde ont quand même l'intéressante particularité de pouvoir « faire l'appoint » dans les assemblées parlementaires, quand il s'agit de voter quelque chose.

Mais l'écologie, quelque part, c'est un truc à la con. On peut se dire écolo, tenir un discours écolo ou agrémenter son programme de l'une ou l'autre touche écolo. Par contre, se revendiquer raciste, ce n'est pas autorisé, chez nous. Il faut subtilement tenir des propos qui donnent l'air qu'on ne l'est pas, mais qui dans le fond offrent la garantie qu'on agira comme si on l'était au cas où on accède au pouvoir. Racolage oblige.

Ainsi, lors des campagnes électorales, il faut songer aux écolos. Pas aux cinq pour cent de convaincus, mais au moins aux cinq pour cent « à tendance verte ». Réchauffement climatique et scandales alimentaires obligent. Il faut donc mettre de l'écologie dans le programme. Du racisme, on ne peut pas. Il faut trouver des stratégies complexes de non-dits et de sous-entendus pour intéresser ceux qu'un vote extrémiste tenterait dans l'ombre de l'isoloir.

Et quand on ne rafle pas une partie de ces cinq à dix pour cent de l'électorat en dépit des promesses de campagne (promettre n'est pas tenir, rappelons-le), il faut s'accommoder d'alliances boiteuses et de projets de loi à tendance écolo. Soutien des « verts » oblige.

Un peu plus tard, quand ça ne marchera plus, on fera porter aux cinq à dix pour cent d'écolos le bonnet d'âne : c'est de leur faute, les écotaxes, l'obligation d'énergie verte, les horribles éoliennes et les panneaux photovoltaïques hideux pour lesquels on ne peut plus désormais offrir de primes parce qu'elles ont vidé les caisses.

L'écologie, c'est un truc à la con. Peu de gens y sont vraiment opposés tant que ça ne se passe pas dans leur jardin ou tout près de chez eux. Et s'il y a des primes et que ça revient moins cher, tout le monde est même pour. Et pourtant, ça ne marche pas, l'écologie.

De toute façon, ça ne sert à rien de polluer moins alors que dans d'autres pays, tout le monde s'en fout. Et pourquoi prendre les transports en commun ? Ils sont sales, vétustes, en retard ou en grève. La bicyclette ? C'est dangereux, à cause des voitures. Marcher ? Il fait si mauvais. Ou alors trop chaud, trop lourd. Trier les déchets ? Faut encore aller à la déchetterie ; et qu'est-ce qu'ils sont désagréables, à la déchetterie ! En plus, c'est plein de guêpes près des conteneurs à cannettes.

L'écologie, c'est vraiment un truc à la con. Je me demande comment on peut encore être écologiste aujourd'hui. J'y pense parfois en marchant, en roulant à vélo ou en triant ce que je vais conduire à la déchetterie : qu'est-ce qu'il faut être con, pour faire ça !

lundi 12 août 2013

Les pièges de l'édition (3)

Parfois, des gens m'écrivent ou postent l'un ou l'autre commentaire en réaction aux articles sur le monde de l'édition que je publie sur ce blog. Certains considèrent que je suis sévère dans mes jugements.

Je tiens à préciser que je ne porte pas de jugements. Je n'ai aucune qualification pour ça. Je me borne à relater des faits, à rapporter mon expérience et à me faire l'écho de quelques témoignages digne de foi ; et juste après, j'ajoute mes propres commentaires et je vous fais part de mon opinion. Ce n'est pas un jugement. C'est juste mon avis que personne n'est obligé de partager.

Mes articles sur le monde de l'édition et sur certains éditeurs sont assez bien suivis et ont été l'objet de nombre d'interventions.

À ceux qui écrivent que je suis sévère, voire méchant ou trop sarcastique, je répondrai qu'ils ont peut-être bien raison. J'aime bien me moquer de certaines pratiques parce qu'elles me semblent douteuses, avis qui n'engage que moi.

J'ai régulièrement brocardé « Les Nouveaux Auteurs », dans ces pages, et leur « Comité de Lecture Citoyen ». Vous connaissez mon avis à leur sujet, mais je voudrais quand même rappeler certains points :

— Je n'ai jamais écrit que c'était mauvais, nul, stupide... et qu'il ne fallait surtout pas s'intéresser à cette maison.
— Je n'ai pas utilisé de mots comme « arnaque », « escroquerie », « foutaise », etc.
— J'ai écrit que je n'aimais pas certains de leurs procédés, même si, à la base, ça part d'une bonne idée.
— J'ai écrit qu'il ne fallait pas signer chez ces gens sans avoir bien lu tous les termes du contrat et savoir à quoi on s'engage.
— J'ai écrit que cet éditeur modifie assez souvent ses contrats et ses procédés, ce qu'on peut mettre sur le compte de la jeunesse de la boîte si on est indulgent ou sur celui de l'art de nager entre deux eaux si on est plus méfiant.
— J'ai écrit aussi que leurs concours permettaient aux lauréats – et seulement aux lauréats – de bénéficier de quelques mois de visibilité : gros tirage, bonne distribution, publicité. À ceux-là d'en profiter pour se faire un nom avant de devoir retourner ramer.

Certains lecteurs lisent parfois ce que je n'ai pas écrit et m'expriment leur désaccord. Qu'ils ne soient pas de mon avis, je l'accepte volontiers. Je n'essaie pas de les convaincre qu'ils ont tort. Chacun se fait sa propre religion avec ce qu'on lui donne à voir, à lire, à entendre.

J'ai mis en garde contre certains soi-disant éditeurs qui sévissent sur la Toile en promettant monts et merveilles : référencement Dilicom, Amazon, etc. Là, clairement, c'est du pipeau. Les éditeurs sérieux ne racolent pas les auteurs sur Internet ; parce qu'ils en ont déjà par-dessus la tête avec les manuscrits qu'ils reçoivent sans les avoir demandés.

Internet et l'édition numérique ont permis à un tas de petits comiques de se prétendre éditeurs, alors qu'ils ne sont rien que des illuminés.

Je rappelle que pour savoir si un éditeur est sérieux, il suffit de visiter quelques librairies (grandes ou petites, mais bien alimentées) et de s'enquérir des ouvrages que ledit éditeur publie. Si le libraire ne connaît pas, ça ne veut pas obligatoirement dire que c'est mauvais, mais méfiance : ce n'est pas parce qu'une boîte est jeune et pleine de « promesses d'avenir » qu'elle va y parvenir.

Il y a aussi des gens qui argumentent en m'écrivant que « Machinchose a quand même été édité à vingt mille exemplaires, qu'il a été interviewé par telle feuille de chou et est passé à TéléTruc » et c'est sans doute vrai ; mais comme en toute chose, l'exception confirme la règle. Et la règle, en ce domaine, ce n'est pas « vous voyez bien que ça marche », mais « ça ne marche pas sauf gros coup de bol ».

Enfin, je préciserai que certains éditeurs fournissent fièrement des chiffres lorsqu'il est question de tirages, mais sont beaucoup plus discrets lorsqu'il est question de ventes.

Et c'est pareil pour les auteurs. J'ai eu l'occasion d'échanger des messages personnels avec quelques collègues dont certains sont devenus lauréats de concours. Je les ai complimentés et leur ai souhaité la meilleure des réussites. Certains d'entre eux ont un blog où ils racontent la genèse de leur roman, la remise des prix, les interviews, les séances de dédicaces... Ils parlent ensuite de la sortie de leur roman, l'année suivante, en « édition de poche », parfois en se réjouissant d'avoir pu le retravailler en cours de route... mais aucun ne m'écrit pour me dire : « Ludovic, tu t'es trompé, c'est génial, mon bouquin s'est vendu à autant d'exemplaires... »

Je me dis qu'ils ont fait leur chemin, qu'ils ont bien d'autres chats à fouetter que de s'intéresser aux bafouilles d'un scribouillard aigri dans le genre de Ludovic Mir et que c'est pour ça que je ne reçois plus de leurs nouvelles...

Y a des trucs, quand même, c'est un peu comme la Sainte Vierge : sans apparition de temps à autre, on a du mal à y croire.

samedi 3 août 2013

Quel grand homme !

Moi, ça m'épate. Ça me sidère. Je trouve qu'il faudrait ériger une statue à Berlu, cet impérissable génie qui égaie les périodes les plus mornes de la politique européenne et même – n'ayons pas peur des mots – mondiale !

Outre d'avoir œuvré avec tant d'assiduité et pendant de si longues années au bonheur de tout un peuple et à la bonne santé financière d'un État qui lui en est toujours infiniment reconnaissant, Berlu a contribué plus d'une fois à amuser la galerie, à nous divertir, à nous faire oublier ces longues périodes de crise dont le monde de la finance semble détenir le secret.

Et voilà que de sinistres personnages, des magistrats en quête de célébrité, des agités du bocal à soupçons, des réfractaires au sybaritisme, des grands prêtres de l'ingratitude, des ayatollahs de l'article de loi viennent nous gâcher l'ambiance avec leurs intimes convictions, leurs preuves à la noix, leurs témoins à charge, leurs amendes et leurs condamnations !

Je croyais que ça ne se faisait pas, des histoires comme ça. Eh bien, si ! Ça se fait, en dépit du scandale que ça soulève, du tollé généralisé, des cris de révolte, des hurlements d'effroi et des silences stupéfaits.

Alors, Berlu, grand homme, a trouvé la seule solution pour mettre en échec les empêcheurs de partouzer en rond et autres inspecteurs de la dérive financière : il retient sa respiration et celle de ses potes jusqu'à ce qu'il arrive quelque chose au gouvernement. Voilà.

Et après, on retourne voter et on met en place un nouveau gouvernement à Berlu qui va bien réformer cette justice complètement rétrograde, cacochyme et pourrie jusqu'à la moelle.

Il était grand temps d'agir ; Berlu le fait.

Quel grand homme !

Combien de miracles faut-il avoir accomplis, déjà, pour obtenir la béatification ?