mardi 8 février 2011

La crise politique belge pour les cancres (1)

J’entends souvent dire, concernant la situation politique actuelle dans mon pays, que « la Belgique est sans gouvernement ». D’abord, ceux qui disent ça, ce ne sont pas des Belges. Ou alors, ils ne sont vraiment pas au courant ! Parce qu’on n’est pas sans gouvernement. Loin de là. On en a plusieurs, des gouvernements. Et qui fonctionnent, en plus ! Certains sont dits « de plein exercice », tandis qu’un autre, démissionnaire mais toujours en place, « gère les affaires courantes ».


Pour comprendre tout ça, il faut se pencher un peu sur la Belgique, mais autrement que par l’intermédiaire de journalistes qui ne comprennent rien à rien et répètent des phrases toutes faites relayées par des confrères qui n’ont rien capté non plus.

Alors, pour venir en aide à tous ceux qui ne savent pas, à tous ceux qui ne comprennent rien ou pas grand-chose, je vais expliquer le problème. Avec des mots et des phrases toutes simples, sans langue de bois et sans répandre des bruits de couloir ou des propos de concierge. En m’attardant un peu sur du concret.

Chapitre 1 : les anciens anciens Belges.

Et pour commencer, un peu d’histoire, parce qu’il faut bien passer par là quand on veut discerner le pourquoi du comment. Oh ! Je vous rassure : on ne va pas remonter à Mathusalem. Tout d’abord, ça ne nous intéresse pas. Ce type a beau être réputé pour sa longévité, jamais il n’a séjourné chez nous ; donc je ne vois pas ce qu’il viendrait faire dans l’histoire de Belgique. Nous allons donc remonter… un peu plus loin dans le temps pour nous intéresser à un autre personnage, un être simple et sans prétention, mais qui joue un rôle crucial dans toute cette affaire : l’homme de Spy.

C’était il y a bien longtemps, pendant ce qu’on a appelé la préhistoire. Cet être vivait quelque part dans une grotte, du côté de Spy. C’est donc pour ça que les scientifiques l’ont appelé « homme de Spy ». Vous voyez qu’eux non plus ne se compliquent pas toujours la tâche inutilement. Maitenant, si vous savez où se trouve Spy, tant mieux pour vous ! Si vous savez à peu près dans quelle zone chercher ce nom sur une carte de Belgique, vous ne devriez pas avoir trop de mal à mettre le doigt dessus. Sans cela, faites une recherche sur le Web, en tapant « Spy+Belgique », et vous devriez trouver aussi, au besoin en vous faisant aider.

Cette parenthèse pratique refermée, intéressons-nous à l’homme de Spy. Qui était-il ? Après examen des ossements, les spécialistes qu’on appelle anthropologues (retenez « spécialistes », si c’est trop dur) établirent qu’il s’agissait d’un Néandertalien. En d’autres termes, un homme de Néandertal. Un homme de Néandertal, certes, mais un homme de Néandertal de Spy. Nuance !

Désolé de faire une fois de plus appel à vos connaissances en géographie, mais pour ceux qui ne le savent pas parce qu’ils ne l’ont pas appris ou ne le savent plus parce qu’ils l’ont oublié, je me dois de préciser que Néandertal, ce n’est pas chez nous ! C’est à l’est. Bien au-delà d’Eupen, Malmedy et Butgenbach ! Loin de la frontière belge telle que nous la connaissons (presque) tous. Comprenez-vous à présent l’ampleur du drame ? L’homme de Spy était déjà un envahisseur ! Un Germain qui s'ignorait !

Alors que nous nous étions débarrassés de ces foutus iguanodons quelque part dans un grand trou du côté de Bernissart (pour le repérage, voir ci-dessus à la rubrique « Spy » - je ne vais pas tout réexpliquer sinon on n’en sortira pas !) et que nous vivions tranquilles, depuis les plages de la mer du Nord jusqu’aux forêts d’Ardenne, ce type débarque avec sa famille et s’installe chez nous dans une grotte en attendant le permis de bâtir quelque chose de plus confortable (sans carte de parti ni relations dans l’administration, ce n’était pas gagné d’avance, ce qui explique qu’il a fini par se contenter de sa grotte).

Dès cet instant, l’histoire de la Belgique sera une suite d’apparitions et de disparitions de peuplades qui laisseront qui des vestiges, qui une descendance ; le tout assorti de cultures et contrecultures aussi diverses qu’enrichissantes (mais pas toujours pour tout le monde).

Nous verrons dans un prochain chapitre comment la situation va évoluer et pourquoi le salmigondis belge est beaucoup plus facile à comprendre quand on l’explique posément depuis le début.

Des grincheux pourraient objecter que si la crise se termine avant que je sois arrivé au bout de mes explications, mon effort aura été vain. Je tiens à les rassurer : la fin de la crise politique belge, ce n'est pas pour tout de suite, parce que ce n'est pas seulement l'affaire d'une formation de gouvernement.

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