samedi 26 mai 2012

J'écris des histoires de cul... mais j'ai honte

Mes bouquins étaient sur la table, un couple s'approche. Ils posent quelques questions, je les renseigne... Comme ils ont l'air sympa, j'élargis le champ de la conversation :

— J'ai aussi celui-ci, glissé-je en même temps que l'objet.

Puis, avec un clin d’œil complice vers monsieur :

— Mais c'est pour les grandes personnes...

Nous échangeons des sourires entendus, mais le type ne tend pas la main vers le livre. Madame non plus, mais peut-être que ça l'intéresse quand même ? Il est pourtant intéressant, ce livre.

Il y a une forme de retenue à l'égard de ces choses-là. Peut-être que Monsieur surfe sur les sites pornos, comme bon nombre de ses semblables, mais ce n'est pas le genre de hobby dont on vante la pratique en société. Encore moins en famille.

C'est vrai que les sites de cul...

Il y a des photos cochonnes, des vidéos qui ne le sont pas moins ; et aussi des histoires. Il est communément admis que l'homme est « visuel » et s'intéressera donc en priorité aux images. La femme aurait tendance à préférer les belles histoires.

Quand on surfe sur le X, on ne le raconte pas. La gêne, peut-être ? Toujours est-il qu'on ne parle pas de ça avec enthousiasme. Pourtant, ça n'empêche pas de s'y intéresser, mais en privé. Dans le noir ou, tout au moins, à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes.

Ce n'est pas comme la religion. La religion, des gens vous en parleront avec ferveur, dédain ou indifférence. Ils affirmeront que Dieu n'existe pas, que les curés sont des farceurs ; ou au contraire que notre Père tout puissant veille sur nous et que nous devons gagner notre Paradis.
Et puis, il y a les adeptes de ce qui les arrange bien ; ceux qui se disent croyants, mais avouent ne pas pratiquer.
Le sexe, c'est le contraire : ils pratiquent, mais ils n'ont pas l'air d'y croire. Quand on croit en quelque chose, on en parle, on essaie de convertir les autres.
Mais le sexe, c'est mal. Et en plus, c'est uniquement pour les grands.

Alors, moi, j'écris des histoires de cul.
Pas d'images, non. Du texte et rien que du texte. Interdit aux moins de dix-huit ans. Je n'écris pas que ça, bien sûr. Il y a ce blog et mes autres bouquins.

J'écris des histoires de cul, mais ne le répétez pas. 

Le livre Expression corporelle
 

Lisez-les, si ça vous tente, mais ne m'en parlez pas. C'est trop la honte.

Parlez-moi des autres trucs que j'écris ; entretenez-moi de mon blog, de mes romans... mais pas de mes histoires de cul. Le cul, c'est sale. Même quand c'est bien lavé. Alors, on n'en parle pas. D'ailleurs, c'est pour les gens bien avertis, avec un message effrayant disant qu'en dessous de dix-huit ans, il faut passer son chemin.

Il faut certifier avoir dix-huit ans. Comme si un clic de souris équivalait à la présentation d'une carte d'identité.

Il n'y a pas bien longtemps, j'ai lu ceci dans un bouquin :


« Tirant sur la longe de cuir, elle m'a traînée au carrefour de quatre galeries ; là se tenaient rassemblés une cinquantaine d'hommes, de femmes et d'enfants. Au centre de cet attroupement, Noah Jensen, sanglé sur une chaise, attendait en proférant des sons inarticulés. Il était nu, grelottant de peur, garrotté par une demi-douzaine de ceinturons qui lui comprimaient la chair. Un étau de bois lui maintenait la tête renversée en arrière, les yeux tournés vers le plafond. À sa gauche, un chaudron posé sur un brasero bouillonnait avec un bruit sourd.
Un homme ganté, en tablier de cuir, attendait en silence, les bras croisés. Rita s'est avancée au premier rang et lui a fait signe de commencer. Le bourreau s'est alors emparé d'un gros entonnoir qu'il a enfoncé dans la bouche de Noah, lui brisant les incisives au passage, puis, sans plus tergiverser, il a puisé dans la marmite au moyen d'une louche à manche de bois. D'un mouvement rapide du poignet, il en a déversé le contenu dans l'entonnoir... à l'éclat particulier du liquide, j'ai compris qu'il s'agissait d'or fondu. Noah a poussé un hurlement atroce. L'homme au tablier de cuir a activé la manœuvre, puisant et versant à un rythme soutenu. Très vite, Noah a cessé de hurler. J'ai su qu'il était mort quand ses sphincters ont lâché et que son corps s'est tassé entre les accoudoirs du fauteuil. Je me suis détournée et j'ai vomi. »

(Serge Brussolo : « Ceux d'en bas ».)


C'est vrai que jeté comme ça, ça ne donne pas l'impression d'être tiré d'un roman s'adressant aux plus jeunes des lecteurs ; mais aucun avertissement relatif à la violence de certaines scènes n'est imprimé sur la couverture ni sur les pages de garde.

Tandis que ce qui suit est réservé aux adultes (entendez : les gens de dix-huit ans et plus). Donc, si vous n'en faites pas partie, ne lisez pas.


« Quand Jean-Louis est soudain apparu, complètement ██, j'ai failli m'enfuir par réflexe. J'eus dû ! J'eus dû, Seigneur, j'en suis consciente, mais sur le moment je n'y pensais point !
— ████-moi ! a-t-il dit.
Et elle l'a fait ! Agnès l'a fait, tandis que j'entendais toujours Gabrielle pousser ses cris :
Oooh, oui ! Oui ! Vas-y ! Oh, Fred ! Vas-y, Fred !
Oui, vas-y, Fred ! l'a encouragé Jean-Louis en tournant la tête vers ce couple que je ne voyais pas. Vas-y ! ██████-la à fond ! Elle aime ça !
Puis, il s'est adressé à Agnès :
Toi aussi, hein, t'aimes ça !
Oui !
Allez, ████-moi, maintenant !
Elle est █████ ! Mon Dieu, qu'elle est █████ ! a dit Agnès en posant les doigts sur l'█████ et en le prenant ensuite ██ ██████.
Et c'était vrai, Seigneur. J'avoue que l'█████ était énorme, luisant, et tout ██████ quand Agnès l'a █████ d'entre ses █████. Puis elle l'a █████, ████████, ████... c'était... c'était effrayant !
Oui, mais c'était fascinant. Et comme elle avait la ██████ pleine, elle ne █████ plus rien, et Jean-Louis faisait simplement « Mmmm... mmmm..., c'est ça, oui, comme ça... » en posant la main sur la tête d'Agnès.
Oh ! Oh ! Oui ! Oui ! chantait Gabrielle. Oh, c'est ███ ! Je █████ ! Je █████ ! Ouiiii !
Elle a encore vocalisé, puis elle s'est calmée, alors Jean-Louis a interrompu ses « mmm... » pour lancer :
— ████-lui dans le ███, maintenant ! Elle aime ça !
Tu crois ? s'est enquise l'autre voix d'homme.
Ouais, vas-y !
Oh, oui ! Oui ! ████-la-moi ! ████-la-moi ! a encouragé Gabrielle.
Pendant ce temps, l'autre femme ne restait pas inactive.
Tu █████ bien, toi ! Oh, c'que tu █████ bien ! a dit Jean-Louis.
J'ai vu Agnès qui ███████████ la ████ presque à fond, et j'ai cru qu'elle allait ███████, ou █████, parce qu'elle a toussé un peu. Jean-Louis a ri, et puis Agnès l'a de nouveau ████, en ███████ et en produisant des bruits mouillés.
— ████-lui un ████ dans le ███ ! a jeté Gabrielle.
Et puis elle a crié :
Aaah ! Ah !
Han ! Han ! grognait Fred.
Ah ! Oh ! Ah !
Oui, dans ton ███ ! C'est vrai que t'aimes ça, hein, dans ton ███ !
Oui ! Oh, oui !
Mmmmm, c'est bon ! C'est bon ! a repris Jean-Louis. Bon Dieu ! Je vais ████ ! Tu ████ divinement bien ! »

(Ludovic Mir : « Expression corporelle ».)



Vous remarquerez, malgré les effets d'une censure rendue obligatoire sur ce blog accessible à tout public sans disposer d'une souris certifiée majeure, que la religion n'est pas toujours absente de certains récits dont elle n'est pourtant pas le sujet.

Alors, j'écris des histoires de cul, mais ne le répétez pas.
Et si vous en lisez, je ne le répéterai pas non plus.
On a sa dignité, nom d'une pipe !

2 commentaires:

  1. "et si Dieu existait, il faudrait s'en débarasser"....
    ton histoire de cul que tu as censurée, because je sais pas, ça me fait penser aux films de cul japonais: les sexes sont systématiquement floutés: on entend le type ahaner et la femme couiner, mais on ne voit ni la zezette ni le minou: la morale est sauve! Banzaï!!!

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