mardi 23 novembre 2010

Les tans sonts dure

C’est la crise, mon bon monsieur ! Alors on s’débrouille comme on peut !
Naguère, le ferrailleur passait dans la rue avec sa camionnette — genre tas de ferraille — et le haut-parleur vissé de guingois sur la cabine du véhicule nasillait : « Allô allô les ménagééééres ! Profitey de mon passâââch’ ! J’achète vieux zinc, vieux cuîîf, vieux plomb, viéyes batt’rîyes, viéyes machines à lââver et les viéééyes cuisinièèères ! »
Bref, toutes les vieilleries étaient les bienvenues, sauf la belle-mère parce que c’est trop dur à revendre.
De nos jours, la chanson est toujours là ; et si la musique n’a guère évolué, les paroles se sont vu apporter quelques nuances : « Allô allo les ménagééééres ! Profitey de mon passâââch’ ! Je vous débarrasse de vos vieux zinc, vieux cuîîf, vieux plomb, viéyes batt’rîyes, viéyes machines à lââver et les viéééyes cuisinièèères ! » Ce n’est que la base, parce que maintenant on y ajoute les vieux câbles électriques (à ne pas confondre avec les nouveaux que des malhonnêtes sans haut-parleur chouravent à notre pauvre société des chemins de fer), les vieux frigos, congélateurs et quantité de vieilleries que vous n’oseriez imaginer (mais toujours pas la belle-mère).
Je ne sais pas si vous avez remarqué la subtile nuance, dans le texte : le « j’achète » s’est mué en « je vous débarrasse de ». Eh oui ! Les temps sont durs, madame ! Ils n’achètent plus. Ce qui ne les empêche pas de revendre, malgré tout.
Vous aurez certainement noté que comme les rigolos passent en général au moment où bébé fait sa sieste, ça n’a pas tendance à mettre la jeune maman de bonne humeur. Moi non plus. Alors plutôt que de les héler quand ils passent et de leur donner deux ou trois bricoles (ce qui leur permet en passant d’inventorier en connaisseurs le contenu de mon garage et de me signaler qu’ils prennent aussi les vieux vélos — « Mon vélo ? Et pourquoi pas ma belle-mère, hein ? » — Non, je rigole. Je range pas ma belle-mère dans le garage) ; je préfère aller les déposer moi-même à la déchetterie. Je sais, c’est mesquin. Mais je suis mesquin (en plus d’être démodé).
Les temps sont durs pour tout le monde, en fait. Pas pour Bill Gates et quelques happy few, naturellement, mais on ne va pas s’embêter avec les exceptions.
Dans le genre « je vent, j’achaite touts », la période de crise a glissé en juin dernier dans ma boîte aux lettres l’intéressante proposition ci-après.



C’est vrai que quand on a (un peu) séché l’école, on éprouve généralement des difficultés dans la maîtrise de la langue française. Espérons que notre acheteur a pu digérer les opérations de base et le système métrique. Sans ça, c’est mal barré.



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