Dans une précédente bafouille, je vous avais livré un petit lot d'actualités à la con. Je m'étais dit que, vu la morosité ambiante doublée de la léthargie typique des vacances d'été, inventer quelques conneries pour égayer un peu l'atmosphère ne pouvait qu'être salutaire.
J'aurais bien imaginé une seconde fournée d'actualités à la con, mais nos éminences se sont mouillées pour moi. Plus besoin d'inventer : les actus à la con viennent de nous être servies sur un plateau. Et même plusieurs, parce que tout le monde s'y est mis, ces derniers jours. Et pas qu'en Belgique.
Quand j'évoque « plusieurs plateaux », ce n'est pas innocent : dans certains cas, il s'agit des plateaux de télévision. Moi, je ne regarde pas TF1. Je ne regarde jamais TF1, que nous recevons pourtant par le câble, en Belgique. Pour moi, les programmes de TF1 sont à l'intelligence ce que le hamburger est à la gastronomie. Il n'empêche que beaucoup de gens aiment bien les hamburgers.
Il paraît que les confidences de DSK ont fait péter l'audimat. Apparemment, si j'en crois les échos ( de brefs extraits de sa confession et quelques réactions sur les chaînes belges), c'est la seule chose qui aurait pété. Je passerai outre la question de la sincérité des propos, abondamment commentée ailleurs qu'ici, et de l'octroi ou non de l'absolution du peuple, pour m'attarder un tout petit peu sur l'intervention d'un déçu, qui se plaignait de n'avoir rien appris sur ce qui s'était réellement passé dans cette chambre d'hôtel.
Qu'espérait-il ? Que DSK déclare que « oui, je l'avoue, je l'ai attachée aux quatre pieds du lit pour lui faire subir les pires outrages » ? D'emblée, au juge, il avait dit « Not guilty ». N'allez pas prétendre que ça ne suffit pas !
Alors, les déçus, qu'espériez-vous ? Une description des mouvements pratiqués ? « Oui, je lui ai fait la position du millionnaire… » ?
Si l'émission La semaine infernale existait encore, sur la radio belge francophone, l'élection du « couillon de la semaine » (j'en ai déjà parlé ici et là) serait ardue. Pas DSK, non. Lui, ce serait plutôt le « couillu de l'année » ; mais parmi les millions de téléspectateurs, les « déçus » pourraient entrer en ligne de compte.
Faut pas regarder TF1. Nous, en Belgique, on reçoit les chaînes françaises, les anglaises, les hollandaises, les allemandes, espagnoles, luxembourgeoises, turques, italiennes… et même les flamandes. On ne regarde pas tout, mais on a parfois droit à une sorte de « best of » sur les nôtres.
L'autre jour, par exemple, on nous montre un extrait des déclarations de Pinpin face à un parterre de journalistes. Souriant, triomphant même, le gaillard désormais blanchi affûtait déjà ses incisives : ça allait saigner ! Mais c'était compter sans les inépuisables ressources du petit Nicolas, passé maître semble-t-il dans l'art d'accrocher de nouvelles casseroles en remplacement des anciennes !
Et en parlant de casseroles, difficile d'oublier notre brave Berlu, premier ministre à ses heures perdues. Mamma mia ! Comme coglione, il se pose un peu là ! J'ai déjà dû en parler dans cet article où j'explique pourquoi on est jaloux, parfois, chez nous.
Et Barack ? Les sénateurs républicains sont encore pliés en deux de rire à l'entendre dire qu'il va augmenter les impôts des plus riches ! Mazette !
Rassurez-vous : chez nous, en Belgique, on a aussi quelques phénomènes. Je ne vais plus parler de Stefaan De Clerck, qui a évité de s'illustrer cette semaine, à titre exceptionnel sans doute. J'éviterai de m'étendre sur les déclarations d'Olivier Maingain, sur les démissions successives d'Yves Leterme et sur les dividendes d'Albert Frère, c'est tellement commun !
Ce week-end, on a eu quelques couillons en action, lors d'un match de football. Je sais, j'avais écrit en note de bas de page d'un tout récent article que je ne désirais pas parler de football belge, que c'était déjà assez pénible avec la politique, etc. Mais je vais faire une exception, parce que cette fois-ci les couillons n'étaient ni sur le terrain, ni à l'Union belge. Ils étaient quelque part dans les tribunes du match RC Genk / Standard de Liège. Je sais : des couillons, dans les tribunes, il y en a toujours. En groupe, ils sont très forts : on conspue, on harangue, on invective. Des fois, on dérive. On chante que l'adversaire et ses supporters, c'est de la matière fécale.
C'est un sujet sensible, ça : le respect de l'adversaire. Surtout quand d'un côté il y a des Flamands et de l'autre des Wallons. Je veux dire : un club flamand et un club wallon, parce que les joueurs… Parfois, ils ne parlent aucune de ces deux langues. C'est l'internationalisation du sport.
Rapportée aux territoires respectifs de nos grands voisins, une rencontre Liège / Genk, c'est presque un derby. Mais dans l'esprit belge, c'est deux mondes. Ainsi, Genk, c'est dans le Limburg, provincie van Vlaanderen ; tandis que Liège, c'est dans la province du même nom, en Wallonie. Donc c'est franstalig tegen nederlandstalig. Francophones contre néerlandophones.
Du côté des joueurs, ça ne pose généralement pas de problèmes : on s'arrange avec le ballon et quelques tirages de maillots. Dans les gradins, par contre, on en vient facilement aux noms d'oiseaux. Ce n'est pas sympa. Pire : c'est interdit. Pas depuis très longtemps, certes, mais c'est interdit.
Quand j'étais gamin, dans les tribunes, certains y allaient sans se priver, avec les chants discourtois et les interventions grossières. Papa disait : « n'écoute pas ça ». Parfois, quand un joueur était visé par des quolibets et qu'il faisait un « bras d'honneur », ça passait encore. Avec la médiatisation et toutes ces images qui passent à la télé, c'est fini : sur le terrain, on ne lève plus le majeur, on n'enlève plus sa vareuse. Et on n'insulte plus qu'à voix basse, avec prudence.
Dans les gradins, on doit aussi mesurer gestes et paroles, éviter les pancartes et calicots injurieux. Sinon : amende pour le club, match à huis clos ou score de forfait. On ne rigole plus avec les insultes, les chants racistes ou xénophobes, les cris de singes quand un Noir a le ballon, les jets d'objets divers sur le terrain.
« C'était taquin », diront les défenseurs de la grossièreté élevée au rang d'art, ceux qu'on est obligés de parquer derrière des grillages pour qu'ils restent à leur place. Taquin ? Oui…
Il n'empêche que j'ai parfois assisté à des rencontres de jeunes, sur des petits terrains en mauvais état, sans tribunes, sans gradins, avec de pauvres petits vestiaires et une buvette. Pour encourager les gamins, on trouve au bord du terrain les parents, les oncles et tantes, les grands frères et leurs potes, sans grillages, sans service d'ordre. Et les insultes pleuvent, les injures à l'homme au sifflet, les invectives grossières. Parfois, l'arbitre interrompt la rencontre, appelle le délégué au terrain pour qu'il prie les malappris de la mettre en veilleuse, ce qui est généralement loin de les calmer. Inutile de dire qu'aussi bien encadrés, les p'tits gars qui tapent dans le ballon apprennent rapidement à s'exprimer dans le respect de l'adversaire et de l'homme en gris.
Vous voulez encore des actus à la con ? Des vraies, comme toutes celles relatées ci-dessus ?
Monseigneur Léonard, par exemple. Le primat (ça me fait rire, je pense souvent à un autre mot) de Belgique, le chef de file de l'Église catholique belge, ému par les dérives dites « des prêtres pédophiles », propose une mesure radicale : faire passer des tests psychologiques aux candidats à la prêtrise, lorsqu'ils s'inscrivent au séminaire. De cette manière, on sera sûrs que ceux qui passeront les tests avec succès auront bien compris que leur sacerdoce exige, entre autres choses, de se la mettre sous le bras et de garder ses mains chez soi ; et seront moralement assez solides et équilibrés pour ne pas l'oublier au fil des années. Surtout en présence de mineurs.
Après ça, les évêques s'étonneront qu'ils manquent de curés ! Qu'on les laisse se marier, Bon Dieu ! À eux l'amour, les scènes de ménage, le cocufiage, le divorce et la vie de famille !
Alors ? Couillon de la semaine, Monseigneur ?
J'hésite. Quelqu'un d'autre a fait très fort.
Cécile Jodogne, bourgmestre faisant fonction à Schaerbeek, suite à l'expulsion de Roms qui s'étaient installés à la Gare du Nord, a déclaré sans rire qu'on ne pouvait les laisser là, dans des conditions d'hygiène déplorables, sans même l'eau courante.
C'est vrai qu'à la rue, compte tenu de la météo, l'eau courante ne sera plus un problème.
Vraiment, cette semaine, je n'ai pas eu besoin d'inventer des actus à la con.
"Ce n'est pas de la lutte des classes, c'est des mathématiques". B. Obama.
RépondreSupprimer"lol" Stoni.
Oui, il est mal barré, Barack ; mais quand on lit l'argument républicain, c'est pas mal non plus : "face aux critiques de ses adversaires républicains qui l'accusent de vouloir punir ceux qui ont réussi et de décourager les "créateurs d'emplois".
RépondreSupprimerC'est fort aussi, ça !
tu me donnes une idée, Ludovic et j'ai bien envie de tenter le coup avec les infos de France; mais pas facile facile, car commenter l'actu avec humour n'est pas à la portée de tous le monde et je ne sais pas si je serai à la hauteur... en tout cas, la lecture de tes textes a quelque chose de rafraichissant...
RépondreSupprimerFaut se lancer ! Les occasions de rire ne sont pas trop fréquentes, surtout en matière d'actu ! Mais tant que ce n'est pas tragique, on peut ironiser.
RépondreSupprimerbah si attends, Charlie Hebdo c'était vachement drôle quand ils ont ironisé sur la tragédie du bal à Colombey (un mort).
RépondreSupprimer@ Paniss tu veux un exemple avec l'actualité française ? Je te file ce message qui a circulé sur Twitter
RépondreSupprimer2011 la Gauche majoritaire au Sénat
2012 la Droite majoritaire la prison de la Santé
comme quoi c'est tout facile.