lundi 28 mars 2011

Souverains poncifs

Commencer une bafouille à propos des poncifs avec un jeu de mots usé jusqu’à la corde peut être perçu comme un aveu de bêtise ou une tentative d’humour au troisième degré.

Je revendique les deux.

C’est en me lançant dans la lecture d’un « thriller », un de ces romans noirs avec tueurs en séries, maniaques psychopathes, flics alcooliques dépressifs en fin de carrière et meurtres inexplicables sentant le soufre que je me suis dit : voilà bien un genre bourré de poncifs ! Et compte tenu de l’engouement pour le genre en question, j’ai conclu que les gens devaient aimer les poncifs.

Et puis, comme il m’arrive parfois de réfléchir, j’ai songé que la plupart des oeuvres littéraires, cinématographiques, musicales et artistiques contemporaines sont justement bourrées de poncifs. Sans cela, nous serions dans l’impossibilité de les classer, de les étiqueter. Parce que les étiquettes, ça rassure. On en a besoin (j’en ai déjà parlé dans cet autre article).

Quand vous entrez dans une librairie, sans chercher avec précision tel ou tel livre mais en ayant l’intention d’en acquérir un ou deux, votre regard survole les présentoirs jusqu’à ce qu’un détail l’arrête : une offre tarifaire alléchante, une première de couverture spectaculaire, un nom que vous connaissez… « Stephen King » imprimé en grosses lettres, l’image d’un couteau ensanglanté, d’une impasse sombre et brumeuse aux teintes froides ou d’un visage féminin aux yeux écarquillés d’effroi sont déjà des poncifs annonciateurs d’un genre que vous pouvez rechercher ou non. Qu’attendez-vous d’un livre comme ça, sinon d’y trouver ce que vous connaissez déjà ? Un produit sans surprise dans un emballage à peine modifié ?

Et ces bouquins, vous les prenez en main, vous les retournez. Vous lisez cette quatrième de couverture où trône un résumé prometteur des plus mémorables frissons, avec à l’autre bout un paragraphe au sujet de l’auteur (soit un « maître de » ou un « nouveau maître de »). Entre les deux sont reproduites en italiques une ou deux phases toutes faites dont sont friands les critiques littéraires des journaux. On vous promet « un suspense haletant » ou « une intrigue machiavélique » ; parfois on vous menace d’une « lecture dont vous ne sortirez pas intact » ou de certaines choses ou personnes que dorénavant « vous ne verrez plus de la même façon ». Il arrive même qu’on s’aventure à vous parler de « souffle nouveau » ou de choses « que vous n’avez jamais lues ».

Imaginez-vous entrant dans cette librairie, vous amateur de romans noirs, de frissons, de suspense. Imaginez-vous devant ce présentoir où s’offrent à votre regard les piles d’ouvrages comme décrits ci-dessus… Et puis, là, au milieu de tout, aussi incongru qu’un régime de bananes dans le comptoir-frigo du boucher, vous trouvez un livre aux tons pastel, au titre-guimauve : « Les champs de fleurs de la vallée de l’Amour ». L’auteur vous est inconnu : une certaine Anne-Françoise Mignolet. Vous vous demandez qui a foutu ce roman à l’eau de rose dans l’étalage de thrillers… Un client distrait ? Un employé négligent ? Un mauvais plaisant ?

Vous le prenez en main, cet intrus, et vous découvrez, discrètement accroché au coin de la couverture par le libraire qui sait très bien ce qu’il vend, un petit morceau de bristol où il a écrit : « un thriller comme vous n’en avez jamais lu ».

Vous retournez le bouquin : rien. Aucune promesse ronflante sur la quatrième de couverture. Est-ce une plaisanterie ? Intrigué, vous emportez l’objet jusqu’au comptoir.

— Heu… C’est… c’est vraiment un thriller ?
— Absolument.
— Mais… heu… On ne le dirait pas ! Il y a quoi, là-dedans ? Un tueur sadique ? Des meurtres en série ? Un flic désabusé ? Des maisons hantées ? Une secte d’adorateurs de Satan ? Du sang et des tripes ?
— Rien de tout ça.
— Mais… et ça fait peur quand même ?
— Tout à fait. C’est un suspense haletant, une intrigue machiavélique ! Un souffle nouveau dans le genre ! Un livre comme vous n’en avez jamais lu !
— Et… et ça raconte quoi ?
— Ah ! Si je vous le dis… Mais lisez-le : vous allez être surpris.
— J’aimerais bien vous croire, mais…
— Si vous n’aimez pas, rapportez-le-moi en bon état. Je vous le rembourserai.
— Vraiment ?
— Bien sûr. Mais je suis sans crainte. Une fois commencé, vous ne pourrez plus le lâcher.
— Dans ces conditions… je le prends.

Et vous payez le bouquin.
Au moment où vous allez sortir, le libraire vous lance une recommandation :

— Ah ! Un bon conseil : ne le lisez pas avant d’aller vous coucher.
— Vous en faites pas ! J’en ai lu d’autres !
— Oui, moi aussi, vous pensez bien ! Et pourtant…

Il lève les doigts vers son visage, et vous remarquez ses paupières gonflées et les cernes sous ses yeux.
Dans votre main, le livre aux tons pastel semble peser bien lourd. Et pourquoi vous paraît-il soudain si chaud sous la moiteur de votre paume ?

mardi 22 mars 2011

La crise politique belge pour les cancres (5)

Après avoir tenté, dans de précédents chapitres, d’expliquer la crise politique belge ; j’ai réalisé que malgré la simplicité et la relative concision de mon exposé, le scepticisme et l’incompréhension pouvaient encore régner ici et là. Et plutôt là qu’ici, d’ailleurs.

Qu’importe ! Comme je l’avais également signalé, nous avons le temps d’éplucher le sujet : ce n’est pas demain la veille que nous sortirons de cette crise. Et puis, de quelle crise parlons-nous ? De celle qui, plus de dix mois après les élections, ne nous a pas encore permis – ou plutôt, ne leur a pas encore permis – de former un gouvernement fédéral de plein exercice.

Qu’importe ! Nous avons toujours nos gouvernements régionaux et communautaires qui fonctionnent très bien ; et notre gouvernement fédéral démissionnaire qui gère les affaires courantes. À cet égard, soulignons l’extraordinaire compétence de monsieur Leterme qui, après son triomphe aux élections de 2007 et ses multiples tentatives pour former un gouvernement et le maintenir en place, est devenu le meilleur premier ministre démissionnaire de notre histoire. Jusque récemment, j’aurais dit de lui qu’il était le roi du jet de l’éponge, tant il avait abandonné de mandats ; mais à présent… à la tête de son équipe qui gère l’urgence et expédie la routine, il fait merveille. Après avoir relevé le montant des plus petites pensions et voté le budget 2011, voilà que son gouvernement minoritaire décide, avec l’aval enthousiaste et quasi unanime de nos parlementaires, d’expédier quelques-uns de nos F-16 (quatre - le cinquième est en réparation) voler au secours des martyrs de Kadhafi.

C’est ça qui est génial : l’ensemble de la classe politique répète qu’il faut un nouveau gouvernement, puisque celui-là est à peu près illégitime, mais ne consent aucun effort pour y parvenir. Et pour cause : tout va bien. Ou presque. La reprise économique est réelle, même si elle est timide ; l’opération de sauvetage des banques, qui nous avait coûté très cher, commence à rapporter du pognon à l’État ; la flambée des prix pétroliers engendre de nouvelles recettes de TVA ; et le statut démissionnaire de l’équipe en place l’autorise à faire la sourde oreille lorsqu’il s’agit d’envisager de grosses dépenses. Résultat : le déficit budgétaire est bien plus léger que prévu, ce qui nous permet de nous poser en bons élèves en regard des exigences européennes !

Par quels procédés nos élus parviennent-ils donc à fuir interminablement leurs devoirs et responsabilités ? Parce que – il faut le rappeler – le peuple les a élus pour gouverner, pas pour se tourner les pouces et se balader d’atermoiements en faux-fuyants ! Comment est-ce possible ? C’est simple (une fois de plus). Et pour vous le faire comprendre, rien de tel qu’un exemple.

Supposons que le problème belge se réduise à un problème de frites...
Le secteur est en crise, les affaires sont mauvaises et le Conseil Supérieur de la Frite (le CSF), vient de démissionner. Il faut donc former un nouveau CSF, y redistribuer les mandats (président, trésorier, secrétaire, etc.), tout en définissant les objectifs à atteindre et les moyens principaux pour y parvenir.

Autour de la table se retrouvent donc les représentants de la puissante Ligue des Producteurs de Patates (la LPP), les délégués de la non moins importante Association des Exploitants de Friteries (l’AEF), les envoyés de l’Union des Transporteurs de Patates (l’UTP), ceux du Conseil des Raffineurs d’Huiles (le CRH) et ceux de l’Association des Cuisineurs de Sauces (l’ACS).

Chacun répète qu’il faut une solution. Tout le monde est prêt, selon la formule consacrée, à négocier ce qui est négociable avec qui veut bien négocier ; mais chaque réunion se transforme en pétaudière et il y a toujours quelqu’un qui sort en claquant la porte. Bravement, un représentant de la LPP organise donc des rencontres en privé, tour à tour avec les délégués de chacun des autres groupements. En fin de compte, il remet un rapport avec des propositions, parmi lesquelles figure un projet de libéralisation du prix de la patate. « Hors de question ! » s’écrie le président de l’AEF. « Les prix vont monter, le client va casquer, et on aura les associations de consommateurs sur le dos ! »

Faute d’accord, le type de la LPP jette l’éponge. Un gars de l’UTP prend la relève, organise des réunions avec les uns et les autres, à deux, à trois, puis fait une proposition. Quand il propose de répercuter la hausse du prix des carburants directement sur les factures adressées aux producteurs de patates, la LPP hurle : « on n’en parle même pas ! »

L’AEF, qui n’est pas encore montée au feu, tente à son tour de réunir les points de vue, mais échoue lorsqu’elle propose d’accepter qu’on cuise les frites avec de l’huile végétale d’importation. « Provocation ! » dit-on au CRH, qui redoute depuis toujours qu’on s’en prenne au blanc de bœuf et à l’huile de tournesol en autorisant l’importation de cette infâme huile de palme, moins chère mais bonne à rien (surtout pas bonne pour le système cardio-vasculaire). D’ailleurs, l’ACS vient aussi mettre son grain de sel : « alors, nous aussi on remet sur la table la teneur minimale en huile de la mayonnaise ! »

Grogne générale. Le Syndicat des Éplucheurs de pommes de terre lance un préavis de grève, rapidement relayé par le Syndicat des Arracheurs de Tubercules. Le peuple défile dans les rues de Bruxelles en brandissant des calicots : « Touchez pas à nos frites ! »

Deux semaines plus tard, un tandem composé d’un membre de l’ACS et d’un membre du CRH prend le relais, le temps de calmer le jeu. Tout le monde voit bien qu’il s’agit d’un écran de fumée qui ne mènera à rien. Les têtes pensantes de l’AEF font d'ailleurs rapidement remonter la pression en signalant qu’en cas d'accord foireux sur leur dos, ils ont des solutions de rechange : « on déplacera nos points de vente là où on le voudra ». Tout le monde sait que la taxe sur les roulottes n’est pas la même partout. « Provocation ! » braille-t-on à la LPP…

Pendant ce temps, les clients mangent des frites, la récolte de patates a été bonne, les sauces se vendent bien, le CSF démissionnaire encaisse les cotisations et redistribue les subsides comme si de rien n’était. Bref, tout tourne à peu près comme il faut. Bien sûr, il faudrait absolument une solution et former un nouveau CSF, mais…

Bah ! Et si ça n’avait aucune importance, finalement ?

Hé, Jef ! Tu remets une tournée ?

vendredi 18 mars 2011

Les pièges de l'édition

Toi qui écris, toi qui aimerais être édité, toi qui voudrais avoir un ou plusieurs livres à ton nom, éventuellement devenir riche et célèbre… sache que ta route est parsemée d’embûches. Aujourd’hui, presque tout le monde peut être édité, mais il existe un tas de manières de le faire.

Essayons de les passer en revue.


1.— Édition à compte d’auteur

C’est simple : l’auteur paie les frais. Contre rémunération, un éditeur se charge de mettre en page, corriger, diffuser ton livre. Tu reçois quelques exemplaires gratuits et touches des droits d’auteur sous forme de pourcentage sur le prix des exemplaires vendus. En général, ça coûte très cher et si tu ne cours pas toi-même par tous côtés pour faire ta promotion, ça ne te rapporte rien. L’éditeur, que tu as déjà payé, va rarement se remuer pour t’aider à vendre. Les invendus finiront au pilon. Bien sûr, certains te diront qu'ils connaissent quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui a réussi comme ça, mais c'est plutôt l'exception que la règle. Au vu des tarifs pratiqués, songe qu'il te faudra généralement écouler plus d’un millier d’exemplaires pour rentrer dans tes frais. Dur !

2.— Édition à la demande

C’est une autre version de l’édition à compte d’auteur. Le problème est que le système n’est pas très clair, et qu’on y trouve tout et n’importe quoi. Le principe, permis par la technologie numérique, consiste à n’imprimer que les exemplaires commandés. Pas de gaspillage ni de frais inutiles. C'est économique et écologique.

Tu trouves sur la Toile un tas d’éditeurs de ce genre. Ils disent dans leur publicité que tu peux être édité sans frais, grâce à eux. Tu leur fais parvenir ton roman sous format numérique. Ils le lisent (enfin, on suppose) et te remettent un avis généralement favorable en te proposant un contrat. Il faut bien lire tout ce qui est écrit : durée, conditions, frais, rémunération, etc. Ne pas se précipiter pour signer : se renseigner abondamment est beaucoup plus sage.

Tous ces éditeurs à la demande se chargent de l’impression, de l’attribution du numéro ISBN, du dépôt légal et du référencement sur les sites de vente par correspondance, mais c'est toi qui dois faire le travail d'édition (mise en page, corrections...) selon leurs exigences. Tu touches des droits d’auteur, calculés en pourcentage sur le prix des exemplaires vendus. Tu peux bien sûr acheter des exemplaires toi-même avec une ristourne (variable selon les quantités) et dois faire ta propre publicité si tu veux espérer vendre quelque chose. En gros, c'est du « compte d'auteur » sans avance de fonds, ce qui est appréciable. Tu achètes et tu revends à ton rythme. Attention : certains exigent que tu achètes un nombre minimal d’exemplaires, d'autres indiquent que les droits d’auteur ne sont pas payés s’ils n’atteignent pas un montant minimal. C'est bon de le savoir avant de signer.

Ces éditeurs à la demande, qui t'éditent donc plus ou moins gratuitement, offrent aussi des services payants. Cela va de la réalisation d'une couverture personnalisée à des travaux de correction et de mise en page. Si tu optes pour ces services, tu tombes carrément dans la catégorie précédente : édition à compte d'auteur.

Vérifie que ces options sont vraiment des options ! Il ne s'agit pas de t'imposer des corrections payantes sous prétexte que ton manuscrit comporte trop de fautes ou est mal mis en page. Encore une fois, bien lire et prendre son temps avant de signer !

Attention : tu cèdes à ton éditeur les droits d'exploiter ton oeuvre en exclusivité, en ce compris d'éventuelles traductions ou adaptations cinématographiques (on ne sait jamais !). Le contrat doit spécifier pour quelle durée et sous quelles conditions, ainsi que les modalités de résiliation.

3.— Auto-édition

En optant pour l'auto-édition, tu n'es plus seulement auteur mais, comme le terme l'indique, tu es aussi ton propre éditeur. Tu ne cèdes tes droits à personne, tu fais toutes les démarches toi-même : écrire, relire, corriger, mettre en page, trouver un imprimeur, demander le numéro ISBN, faire le dépôt légal, faire ta publicité et vendre. Recettes et bénéfices sont pour toi, mais attention : fiscalement, il s'agit d'une activité professionnelle (complémentaire), qui peut donner lieu à l'obligation de verser des cotisations sociales. Il vaut mieux se renseigner. Des statuts existent, différents dans chaque pays, mais si les quantités et montants mis en jeu sont modestes, les cotisations le sont généralement aussi.

Pour t'auto-éditer, tu peux t'adresser à un imprimeur et lui demander un devis pour un certain nombre d'exemplaires (tu feras la mise en page selon des gabarits à convenir). Ne sois pas effrayé par les démarches administratives pour obtenir l'ISBN et effectuer le dépôt légal. Ces opérations sont relativement simples à mener à bien et peu coûteuses (d'éventuels frais postaux pour l'ISBN et deux exemplaires de ton livre pour le dépôt légal). Le principal inconvénient est l'avance de fonds pour deux ou trois cents bouquins...

Tu peux aussi t'auto-éditer à la demande, chez un « imprimeur à la demande ». Ces imprimeurs fonctionnent à peu près comme les éditeurs à la demande, mais ils ne se chargent que de l'impression. Ils impriment le nombre d'exemplaires dont tu as besoin, au fur et à mesure, pour un prix raisonnable. Tu fixes toi-même ton prix de vente. Tu gardes aussi tous tes droits sur ton oeuvre. À condition de t'accommoder d'un statut fiscal moins confortable (comparé à celui qui touche des droits d'auteur, toi tu as des frais et des recettes et dois gérer une comptabilité – sommaire, certes, mais une comptabilité quand même), cette solution vaut la peine d'être envisagée. Comme dans l'édition à la demande (voir point 2), tu dois te remuer pour vendre, mais tu gardes tes droits, y compris celui de chercher un éditeur à compte d'éditeur.

4.— Édition à compte d'éditeur

C'est la méthode classique. Tu envoies ton manuscrit à un éditeur et, s'il le décide, il peut t'éditer. Il se charge de tout : mise en page, corrections, référencement, publicité, distribution... Toi tu ne paies rien. Tu toucheras des droits d'auteur (en pourcentage sur le prix des exemplaires vendus). C'est ton éditeur qui prend tous les risques financiers. Il te demandera donc certainement de l'aider un peu pour la promotion : présence à certaines foires au livre, séances de dédicaces... C'est normal.

L'inconvénient, c'est que beaucoup d'auteurs veulent être édités comme ça et toucher des milliers d'euros de droit d'auteur sur les livres vendus. Les chances de se voir offrir un contrat sont donc très minces. Il faut être très bon ou avoir des relations... ou une chance du tonnerre.

Enfin, ce n'est pas parce que tu signes ce genre de contrat que tu auras du succès. Il y a des maisons d'édition, petites ou grosses, qui se bougeront beaucoup pour toi ou ne feront pas grand-chose. Tu peux signer dans une « grosse maison » et ne vendre que cinquante bouquins, ou en vendre des milliers par la grâce d'un petit éditeur dynamique qui fait bien la promo.

Pour l'édition « à compte d'éditeur », qui pour être le rêve de beaucoup n'en est pas moins cauchemardesque dans certains cas, je t'invite à visiter le :
Blog de Stoni,
qui fourmille de renseignements utiles, de remarques pertinentes et de mises en garde sans équivoque ; le tout emballé dans un humour de bon aloi. Il te fera partager son expérience, comme dans cette série d'articles sur sa vie d'écrivain. Ici, quelques bons tuyaux ; et ici où il t'explique les critères de sélection chez un éditeur et la suite de l'aventure avec signature de contrat.
Et, plus récemment, cet article sur l'éditeur pourri.

Enfin, pour terminer, je vais aborder une cinquième catégorie...

5.— L'éditeur qui ratisse large

Comme nous venons de le voir, il existe différentes manières de se faire éditer. Il existe aussi des tas d'éditeurs, que l'on peut facilement ranger dans l'une ou l'autre des catégories visées ci-dessus.

Il en est d'autres, par contre, qui naviguent en « eaux troubles » : ceux qui ratissent large.

— Tu trouveras sur Internet un tas d'annonces d'éditeurs « à la recherche de nouveaux talents ». La plupart te laissent supposer qu'ils appartiennent à la catégorie 4 (à compte d'éditeur), mais sont plutôt à verser dans la catégorie 1 (à compte d'auteur). Les Éditions Baudelaire, Les Éditions Bénévent, Publibook et la Société des Écrivains en sont des exemples. Leurs services sont payants et les résultats sont loin d'être garantis. Bien y songer avant de signer.

— Des éditeurs de la catégorie 2 (édition à la demande) auraient tendance à tirer également, même si c'est dans une moindre mesure, vers la catégorie 1 (à compte d'auteur). Soit parce qu'ils exigent que tu achètes un certain nombre de livres ou parce qu'ils ne te versent pas de droits en dessous d'un certain montant ou d'un certain nombre d'exemplaires vendus (ce qui revient au même). Il y a Harmattan, Édilivre, Le Manuscrit...

— Il y a aussi une nouvelle race de ratisseurs : les éditeurs traditionnels qui font aussi de l'édition à la demande. Le principe est : ce livre-ci est bon, je l'édite, je fais la pub. Celui-là est bien aussi, mais je l'édite seulement en petite quantité ou carrément à la demande. Ce sont les nouvelles techniques d'impression numérique qui ont permis d'imprimer à la demande et ont favorisé l'émergence d'un nouveau type d'éditeurs. Des éditeurs traditionnels ont sans doute imaginé pouvoir eux aussi profiter de l'aubaine. La raison en est relativement simple à comprendre : la promotion d'un livre coûte cher, plus cher que son impression. Certains éditeurs en ont déduit qu'ils avaient intérêt à faire signer de nombreux auteurs pour "gonfler" leur catalogue, tout en ne faisant l'effort de promotion que pour une poignée d'entre eux : ils paraissent donc importants par le nombre d'auteurs qu'ils signent, mais leurs ventes se font par quelques auteurs mis en avant ; qui sont soit des noms connus, soit de nouveaux noms qui émergent au travers de concours.

L'exemple : Les Nouveaux Auteurs.
J'ai écrit plusieurs articles à leur sujet. Vous les trouverez ici :
Les Nouveaux Auteurs
Les Nouveaux Auteurs (suite)
Ne manquez pas l'hilarant florilège des Commentaires Citoyens
Et le résumé de leurs méthodes
Voici aussi un complément d'information qui a son importance.

Vous trouverez également ici la suite de cet article.

mercredi 16 mars 2011

Ces objets qui énervent

Il y a des jours comme ça…

Ce matin-là, je ne me demande pas pourquoi je me lève : c’est le mouvement machinal, presque irréfléchi, prélude à une journée de boulot. En bâillant et en me grattant les aisselles, je balance jusqu’au WC, m’assois sur la planche et soulage ma vessie gonflée. Je pourrais faire ça debout, comme un homme, un vrai, mais les brumes du demi-sommeil m’incitent habituellement à la prudence dans l’évaluation de mes capacités à bien viser la cuvette directement au saut du lit. Et puis, s’asseoir, ça repose déjà les jambes. Faut se ménager !

Direction la salle de bain, un coup de rasoir électrique (c’est moins dangereux qu’une lame, dans ces conditions de dynamisme absolu), puis un petit séjour sous la pomme d’arrosage le temps de maudire l’inventeur du rideau de douche, ce truc infâme qui vient toujours vous coller aux fesses sans prévenir. Pour la énième fois, je me dis qu’il faudrait que je m’offre une vraie cabine, avec une porte vitrée qui ne colle pas au cul… Foutu rideau de douche !

Retour dans la chambre, parce que j’ai oublié de préparer une chemise propre la veille au soir. Je pioche à tâtons dans la penderie à porte coulissante, attrape un cintre, deux autres tombent et un quatrième s’accroche vicieusement sous le col boutonné du vêtement. Comment est-il allé se fourrer là, celui-là ? Je ravale un juron pendant que dans le lit, Chérie grogne et se retourne… Saletés de cintres !

Habillé, peigné, je descends dans la cuisine. D’abord, préparer un peu de café. Trois tasses, c’est le minimum. Je mets l’eau dans la cafetière électrique. Zut ! La dose de la veille est restée dans le porte-filtre. Je l’attrape par le bord pour la jeter dans la poubelle… et crac ! Le papier se déchire avant d’arriver à destination. Je reste comme un con avec un bout de papier entre le pouce et l’index et du marc de café répandu dans la cuisine. Je le sais, pourtant, qu’il ne faut pas prendre le cornet de papier par le bord. Le porte-filtre amovible est conçu pour éviter ce genre de mésaventure. Bref : l’horreur à nettoyer. Quand Chérie va voir ça… Tant mal que bien, je ramasse, nettoie, éponge en espérant que la catastrophe ne laisse pas de traces scandaleuses… Cornichonneries de cornets de papier !

Pendant que passe mon jus, je prépare mes tartines. Six. Une à manger avec mon café, les autres essentiellement pour la matinée. Je sais, je suis goinfre, mais c’est comme ça. Plus d’alu sur le rouleau pour emballer mon pain. Je sais, je devrais acheter une boîte, c'est plus écologique, mais je n'y pense jamais au bon moment. Tant pis. Va pour le film alimentaire. Et pour plusieurs minutes de galère. Ce truc-là, dès qu’on le découpe, il colle sur lui-même avec l’obstination du sparadrap du capitaine Haddock ! Plus moyen de l'étaler. Soit on persiste en emballant comme on peut, avec des plis partout, soit on met à la poubelle et on essaie de faire mieux avec un autre morceau. L’horreur totale ! Il me revient d'avoir essayé de couvrir un plat contenant un peu de salade à mettre au frais ; et là, c'était l'inverse : quand je tirais d'un côté, il se décollait de l'autre. Un jour, nous en avions eu un rouleau plus facile à découper, avec du film plus épais, qui ne se repliait pas sur lui-même. Le problème, c'était qu'il ne collait sur rien du tout. Saloperie de film alimentaire !

Quand j'arrive au bureau, c'est en toussotant et en éternuant. Je dois avoir chopé un refroidissement en faisant le plein de carburant. Mon PC refuse de démarrer du premier coup dans sa configuration normale. J'appelle le service info avant d'avoir envie de cracher sur l'écran. Pendant qu'un spécialiste se penche sur les entrailles de la bête, je fais un peu de rangement. Des trous dans des papiers avant de les fourrer (les papiers, pas les trous) dans des classeurs étiquetés. Le rayon supérieur est haut, mais je suis grand. Sur la pointe des pieds, j'arrive à glisser les doigts dans les trous de préhension. Évidemment, dès que j'enlève un de ces gros objets cartonnés, ses voisins basculent, se vautrent les uns sur les autres comme des lions à l'heure de la sieste. Pour remettre en place, il faut se dresser, pousser, écarter... Le plus pratique est de sortir à demi le classeur à côté de celui qu'on emprunte. Ma méthode. Entretemps, l'informaticien a réglé le problème. Je me sers un café puis m'assois à ma table pour prendre un coup de fil et un peu de repos. Cinq minutes plus tard, je retourne vers le placard. La porte coulissante a été repoussée par un collègue qui avait besoin de quelque chose dans un rayonnage voisin. Classeur dans une main, je repousse la porte, qui roule, coince un peu puis roule de côté. Patatras ! Je me prends sur le crâne le classeur que j'avais à moitié sorti. Une demi-page de mon répertoire de jurons défile devant mes yeux pendant que je serre les dents. « Ça va ? » fait une voix mi-inquiète, mi-moqueuse. « Ouais, ça va », je fais. Putains de classeurs !

L'après-midi, je dois me rendre aux archives : recherche d'informations dans un vieux dossier. Les archives, j'y vais rarement. Et rarement seul. Non que je m'y rende uniquement accompagné d'une collègue pour me livrer à des trucs salaces, comme pourraient le penser les esprits mal tournés, mais parce que ce qui est archivé, pour moi, c'est archivé. Donc peu accessible et, par conséquent, déconseillé d'y fouiner. Mais parfois, il faut. Donc, ce jour-là, j'y vais. Avec le trousseau de clés, parce que les archives, on les enferme sous clé quelquefois que des dossiers compromettants auraient envie de se barrer tout seuls. Et les trousseaux de clés, c'est encore un truc frustrant : quelle que soit la clé que vous essayez en premier, ce sera toujours celle que vous essayerez en dernier qui sera la bonne. D'ailleurs, la preuve, c'est qu'après elle, on n'en essaie plus d'autre.

En rentrant du boulot, je fais un crochet par le supermarché. Chérie avait préparé une petite liste que je suis scrupuleusement, sans rien acheter de plus. Pas question de flâner, j'ai horreur des boutiques d'alimentation. En fin de parcours, alors que je m'approche des caisses, je m'aperçois que j'ai oublié la bouteille d'huile. C'est là tout près. Demi-tour stratégique avec le chariot, j'attrape la bouteille de plastique, en tête de rayon. Et merde ! De l'huile plein les doigts. C'est fatal. Une bouteille a coulé, tous ceux qui la prennent font comme moi : il grognent, la remettent sur la tablette et en prennent une autre. En passant à la caisse et en emballant mes marchandises, je colle du gras un peu partout. De toute façon, à peine dans l'armoire de la cuisine, la bouteille d'huile sera grasse dès la première utilisation. La goutte coulera du goulot vers le fond, maculera la planche et les doigts des utilisateurs. Je hais les bouteilles d'huile !

Quand j'arrive à la maison, Chérie n'est pas encore rentrée de son travail. J'ai mal au crâne, je tousse de plus en plus et je sens que mes sinus vont encore trinquer... Je range les victuailles puis plonge dans l'armoire à pharmacie. Il y a l'aspirine. J'en avale avec un verre d'eau. J'attrape une petite boîte en carton. Le nom me dit quelque chose. Ça doit être pour les sinus. « Lire attentivement la notice. » C'est imprimé sur l'emballage. J'ouvre et déplie le papier. Les sadiques qui conçoivent ça n'imaginent sans doute pas que ceux qui essaient de déchiffrer leur charabia microscopique ont souvent mal au crâne, aux yeux, au dos, aux oreilles, aux dents... enfin, mal quelque part et pas envie de se prendre la tête avec des noms latins et des mises en garde à la noix. Je lis que c'est déconseillé aux femmes enceintes, alors j'avale deux comprimés. J'essaie de replier le papier, mais c'est encore plus abrutissant à refermer qu'une carte routière. En enfonçant la plaquette entamée, la boîte en carton s'ouvre de l'autre côté en laissant dépasser le papier avec le sermon. Je mets tout comme ça dans l'armoire. Tant pis ! Ce soir, avant de me mettre au lit, je boirai une tisane. À toutes fins utiles, je prépare la bouteille de sirop antitussif. Je la sors de la boîte pour vérifier le niveau. Scrogneugneu ! La notice porteuse de la posologie est collée au cul du flacon ; quant au bouchon, j'aurai besoin des dents pour le dévisser. Le caramel qu'ils mélangent à leur mixture pour la rendre buvable colle tout sur son passage. J'exècre la pharmacopée, les bouteilles de sirop et les notices de médicaments !

Quelle journée de merde !

lundi 14 mars 2011

Les Nouveaux Auteurs - la saga continue !

(Dernière mise à jour le 04/04/2011)

Pour faire suite à mes précédents articles sur Les Nouveaux Auteurs, et afin d’apporter quelques réponses aux questions qui circulent quant à cet éditeur, je vais me permettre de résumer, dans les lignes qui suivent, les diverses informations que j’ai pu tirer de mon expérience personnelle et d’échanges avec d’autres auteurs.

Rappel :
Les Nouveaux Auteurs affirment donner une chance aux nombreux écrivains de talent qui n’ont pas encore pu être édités. C’est expliqué sur leur site. Leur comité de lecture est citoyen : ce ne sont pas des professionnels qui jugent les manuscrits, mais des particuliers amateurs de romans. Ces monsieur et madame Tout-le-Monde reçoivent des manuscrits à lire, noter et commenter : ils rentrent des fiches de lecture destinées à sélectionner les meilleurs manuscrits et à aider les auteurs à progresser dans leur art.


Première phase : participation
J'avais envoyé mon manuscrit le 30/11/2009 (dernière limite). Si j'avais su que le 2 décembre ils annonceraient une prolongation jusqu'au 15 décembre, j'aurais pu travailler encore. J'avais découvert le concours un mois plus tôt, mais mon roman n'était pas terminé. J'ai donc dû un peu en précipiter la fin.
J'ai reçu un courriel des NA confirmant mon inscription.

Deuxième phase : sélection
Le 9 janvier 2010, nouveau courriel des NA. Ils demandaient si je détenais toujours tous les droits sur mon manuscrit, car son évaluation était envisagée. J'ai répondu par l'affirmative.
Les NA annoncent une participation de plus de 650 manuscrits. Ils disent en sélectionner entre 50 et 100 pour être évalués. Le premier tri rapide consiste sans doute à rejeter les textes mal écrits, mal présentés, de volume insuffisant ou trop élevé (pour faire un roman de longueur standard), ou dont l'auteur ne remplit pas les conditions requises par le règlement.

Troisième phase : notation
Ne recevant pas de nouvelles, j'en ai demandé par courriel le 25 mars. J'ai reçu un message-type des NA, m'indiquant que je n'avais pas démérité avec ma moyenne de 7,18/10, mais que c'était insuffisant pour me proposer un contrat.
Ils m'ont communiqué mes notes (de 5/10 à 8,5/10), promettant la publication des fiches de lecture pour début mai.

Quatrième phase : scepticisme
Comme mon manuscrit n'avait pas été assez convaincant, j'aurais bien voulu savoir pourquoi. J'attendais donc les fiches avec impatience. Leur contenu m'a déçu.
Mes lecteurs étaient des lectrices. Je les savais très majoritaires dans le Comité de Lecture Citoyen, mais j'aurais aimé recevoir un ou deux avis masculins.
En gros, 9 lectrices avaient aimé mon manuscrit, contre 3 ne l'ayant pas aimé. Les 9 « pour » n'avaient émis que très peu de reproches. Le titre, qui n'en avait convaincu que quatre, étant sans doute à revoir. Deux lectrices avaient épinglé la finale précipitée. Je m'attendais à ça, mais de façon plus marquée. Une lectrice n'avait fait que des éloges, assortis d'une note de 6,8/10 !

Je pensais en apprendre davantage par les trois n'ayant pas aimé mon livre...
Voici ce que l'une d'elles avait écrit :
« Dès la première phrase du livre, j'ai eu un mouvement de recul : il était écrit au présent. »
Eh oui ! J'écris parfois des histoires au passé simple, j'en écris au passé composé... et j'en écris aussi au présent. Pas de chance pour moi ! La lectrice expliquait ensuite qu'elle n'avait rien apprécié dans le manuscrit, que l'écriture était agréable et fluide... mais que c'était au présent ; qu'elle y avait cherché quelque chose de bien, mais en vain !

Une autre partageait d'ailleurs son avis :
« j'ai du mal a lit les nouvelles au présent je trouve ça génant »
Elle éprouve même énormément de mal à l'écrire. Le reste de ses commentaires est de la même veine : « Cette nouvelle ce lit mais n'est pas passionnant, elle a un air de déjà vu. » « on ne peu pas s'attacher aux personnages, car on ne connait rien d'eux. » « l'histoire est déjà vu et pas passionnante. je ne la trouve pas fini, baclée sur plusieurs action. »

La troisième lectrice n'ayant pas aimé mon manuscrit n'avait pas aimé l'histoire (peu commune et trop compliquée) ni les personnages, ni le titre ; sans autres explications.
Bref : à se demander si le manuscrit avait vraiment été lu !

Cinquième phase : remerciements
Ayant pris connaissance des fiches de lecture, j'ai envoyé, le 22 mai 2010, le courriel suivant au Comité :
« Bonjour,
J'ai pris connaissance des fiches d'évaluation de mon roman (références ci-dessous).
Je vous remercie pour le bon accueil que vous lui avez réservé en le sélectionnant pour être soumis au comité de lecture citoyen.
Auriez-vous à présent l'obligeance de supprimer ce texte de votre base de données et d'en ôter les références sur votre site ? D'avance, merci.
Meilleures salutations. »

Attention : à partir de maintenant, accrochez-vous bien au pinceau, parce que je vais avoir besoin de l'échelle !
Voici la réponse hallucinante que j'ai reçue (texto), le 25 mai :
« Bonjour,
Ce sera fait d'ici quelques semaines, c'est encore un peu tôt pour toute enlever.
Bien à vous »

Incroyable ! Ces gens détenaient mon manuscrit depuis le 30 novembre 2009, avec comme condition de participation de s'engager à ne pas proposer le manuscrit à d'autres maisons d'édition pendant la durée du concours. Les résultats étaient proclamés, on m'avait clairement signifié que mes notes étaient insuffisantes pour me proposer un contrat, nous étions le 25 mai et je devais encore attendre quelques semaines !

Je me laisse vingt-quatre heures de réflexion, puis j'envoie le message suivant :
« Bonjour,
Merci pour votre réponse.
Je ne comprends pas la raison du délai que vous désirez m'imposer. Mon manuscrit est à votre disposition depuis bientôt six mois, et vous m'avez signifié lors d'un précédent courriel que vous n'envisagiez pas de l'éditer. C'est votre choix et je le respecte entièrement. Il me semble dès lors tout à fait normal de vouloir récupérer ce qui me revient et dont vous ne voulez pas.
Je vous invite donc à revoir votre position et, si vous ne pouvez m'assurer de la suppression rapide de votre site de toute référence à mon roman, je présume que vous aurez néanmoins l'obligeance de m'en expliquer les raisons.
Cordialement. »

Et voici la réponse des NA, le 27 mai (texto) :
« Bonjour,
Avez-vous communiqué avec les membres du comité vous ayant lu ? (via VOTRE messagerie interne privée ?)
AU moins par politesse et respect à leur égard...et nous enlèverons tout ensuite.
BIEN A VOUS
LES NOUVEAUX AUTEURS »

Alors donc, ces gens qui répondent sans la moindre courtoisie à mes messages polis et respectueux ont encore le culot de vouloir me donner des leçons de politesse !
Je me dis alors qu'ils ont dû aller visiter ma messagerie interne privée... pour vérifier que je ne m'en étais pas servi. Sympa !

Beau joueur, je réponds comme ceci, le 27 mai également :
« Bonjour,
Je ne vois effectivement aucun inconvénient à votre proposition. Je vais donc remercier ces gens qui ont consacré une part de leur temps de loisir à se pencher sur mon manuscrit et à en rédiger la critique.
Sans doute me suis-je montré un peu “rapide” dans mon désir de voir disparaître mon manuscrit de votre site... Cela vient sans doute du fait que les explications fournies sur les fiches me paraissaient suffisamment claires.
Cordialement. »

Réponse des NA, le 27 mai toujours (texto) :
« Ok merci vous nous direz quand vous estimerez que vos échanges sont arrivés au bout...
Bien à vous »

J'ai donc écrit – toujours très poliment – aux douze lectrices de mon manuscrit, pour les remercier du temps qu'elles y avaient consacré. Deux ont répondu poliment à mon message : l'une m'a redit à l'occasion qu'elle avait aimé mon histoire, l'autre m'a confirmé qu'elle ne l'avait pas aimée.

Le 11 juin, je n'avais toujours reçu que ces deux réponses. Et pour cause : les dix autres lectrices n'avaient même pas pris la peine d'ouvrir le message !

J'ai donc envoyé aux NA un courriel reprenant nos précédents échanges, précédés de ceci :
« Bonjour,
Comme suite à ce qui était convenu ci-dessous, voulez-vous à présent procéder à la suppression de mon manuscrit ?
D'avance, merci.
Cordialement. »

Le 16 juin, j'ai dû répéter ma demande :
« Bonjour,
Je vous renvoie mon message du 11 juin, qui est resté sans réponse et sans effet. »

Le 20 juin, toujours sans suite. Je répète ma demande, cette fois à l'adresse courriel « comité de lecture » au lieu de l'adresse « comité » :
« Bonjour,
À plusieurs reprises déjà, j'ai demandé à ce que soit enlevée de votre site toute mention relative à mon roman. J'ai pris connaissance des fiches de lecture et de votre décision de ne pas le publier.
Comme vous en avez terminé avec mon manuscrit, je vous prie une nouvelle fois de le supprimer de votre site.
Meilleures salutations »

Réponse du « comité » des NA le 21 juin, à mon message du 16 :
« Bonjour,
Fait = merci de vérifier que tout a disparu..
Bien à vous »

Le 22 juin, je réponds au « comité » :
« Bonsoir,
Je vous remercie d'avoir fait disparaître les fiches de lecture, ma messagerie et mon accès personnalisé au site.
Il vous reste encore le soin de faire disparaître toute trace de mon manuscrit, qui est toujours repris sur votre page d'accueil (en cliquant sur le lien “tous les manuscrits”).
Veuillez réparer cet oubli, s'il vous plaît.
Merci.
Cordialement. »

Quand je vous conseillais de vous accrocher au pinceau...
À force d'insister, tout a fini par disparaître. J'ai néanmoins reçu encore une réponse, émanant de l'autre adresse courriel, celle du « comité de lecture » des NA (le 25 juin pour mon message du 20) :
« Bonjour,
On ne comprend pas, on a tout enlevé : il reste des traces quelque part ??
où ?
Bien à vous »

Là, je l'avoue, je n'ai pas été très poli : je n'ai pas répondu.


Bilan

Les +

+ L’idée de base d’offrir aux auteurs les critiques et commentaires d’amateurs de lecture plutôt que les refus rarement commentés d’un comité de lecture professionnel.

+ La promotion au travers de concours dont les lauréats bénéficient d’une bonne distribution en librairie, avec des tirages importants et une publicité adaptée.

+ Les concours sont soutenus par des auteurs connus, même s’ils ne lisent pas les manuscrits (Paulo Coelho, Didier Van Cauwelaert…)

+ L’appel exclusif aux auteurs non encore édités.

Les –

– Aucune sélection dans l’admission des candidats au « Comité de Lecture Citoyen ». Certains énergumènes totalement incompétents ou ayant pour seul but de nuire devraient être écartés plus rapidement. Il est d’autre part inadmissible que des auteurs candidats aux concours puissent recevoir aussi des manuscrits à noter !

– Interdiction d’envoyer le manuscrit à d’autres éditeurs pendant toute la durée du concours (blocage minimum de quatre à six mois).

– Bien qu’il se déclare ouvert à tous les genres, l’éditeur privilégie incontestablement les romans à suspense (polars, thrillers).

– Les « finalistes » des concours doivent signer un contrat avant de savoir s’ils seront lauréats. Or, seuls les lauréats font l’objet d’un gros tirage avec promotion. L’éditeur se justifie en disant vouloir éviter que les élus n’aillent signer ailleurs, tout auréolés de leur victoire, mais il est difficile de croire à cette explication.

– Pas de droits d’auteur sur les cent premiers exemplaires vendus.

– Le contrat lie l’auteur pour 5 ans ou 5 romans (premier terme atteint), ce qui est courant, mais tous les manuscrits, y compris ceux d’anciens lauréats, doivent passer par le « comité de lecture citoyen », ce qui prend beaucoup de temps.

– Assez étrangement, les manuscrits aux notes insuffisantes peuvent quand même être « réservés » sur le site de l’éditeur. Certains auteurs peuvent donc par la suite se voir offrir un contrat d’édition… à la demande.

– Multiples atermoiements de l’éditeur pour supprimer de son site un manuscrit qu’il ne veut pas éditer.

– Travail d'édition visiblement bâclé (voir plus bas).



Mais encore…

Les Nouveaux Auteurs sont un « jeune éditeur », actif depuis 2007. Les premiers concours datent de 2008. Que se passera-t-il dans deux ou trois ans, lorsque les anciens lauréats seront arrivés en fin de contrat ? Les langues risquent de se délier et des chiffres un peu plus sérieux pourraient être révélés. L'éditeur donne des chiffres de tirages, mais reste discret sur les chiffres de ventes.



Et je dirais même plus... (màj du 04.04.2011)

Après avoir copieusement commenté les méthodes de sélection des manuscrits chez Les Nouveaux Auteurs, après avoir abreuvé de sarcasmes certains commentaires du Comité de Lecture Citoyen, j’ai pensé qu’il était temps pour moi de m’intéresser à l’autre côté du miroir. En effet : jusqu’à présent je ne m’étais penché que sur ce qui se trame en amont des étalages des libraires. Place à présent à ce que tout un chacun peut trouver en aval…

Je sais qu’il est dangereux de généraliser au départ d’un seul exemple et, dans la mesure du possible, j’éviterai de le faire ; mais ne disposant que de moyens financiers limités et n’étant qu'assez peu intéressé par les « polars » et autres « thrillers », je n’ai choisi de m’offrir, dans un premier temps, qu’un seul livre proposé par l'éditeur, mais qui a été parmi les lauréats d'un de leurs concours.

J’ai trouvé facilement son livre dans une librairie Namuroise (donc loin de Bruxelles et de la FNAC), où il était, comme ceux des autres lauréats, disponible en plusieurs exemplaires, preuve que ceux-là sont bien distribués. Des autres, par contre… aucune trace : il faut les commander. Les Nouveaux Auteurs semblent être, comme je le pressentais, un éditeur à deux vitesses !

De prime abord, le livre est attrayant : c’est une belle brique, la première de couverture est simple mais efficace, le titre du roman étant agrémenté du mot « thriller ». Un bandeau précise que l’ouvrage a obtenu un prix au concours.  La quatrième de couverture comprend une brève introduction à l’intrigue, ainsi que des commentaires dithyrambiques tirés des fiches de lecture remises par des lecteurs enthousiastes. Pourquoi pas ? Si ça peut faire vendre… En tout cas, ça ne m’a pas ôté l’envie de l’acheter, même si, comme le dit ma mère, « le papier, ça se laisse écrire ».

Je n’ai de toute façon aucunement l’intention de me livrer à une critique de l’ouvrage, tout d’abord parce que ce n’est pas mon bizness, et ensuite parce que mon avis, forcément subjectif, ne serait qu’un avis parmi d’autres. Enfin, si un comité de lecture composé d’amateurs et d’un auteur bien connu a plébiscité l’ouvrage ; et si un éditeur a décidé de l’imprimer à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, il serait présomptueux de ma part d’imaginer pouvoir remettre en cause ces choix.

Outre donc l’envie de lire le roman et de m’en faire ma propre opinion (que je ne publierai pas), j’étais poussé par celle d’avoir entre les mains un livre proposé par Les Nouveaux Auteurs afin de me pencher sur la qualité de leur travail d’édition. S’agissant de problèmes plus techniques qu’émotionnels, donc beaucoup moins subjectifs, j’aurai beaucoup moins de scrupules à livrer ici mes impressions.

Le papier utilisé est jaunâtre. Pourquoi pas ? Le blanchiment du papier (et je ne parle pas de papier-monnaie) n’étant pas une opération très écologique, le choix me semble pertinent, même si c’est moins élégant. Si ça pouvait permettre de réduire le prix de vente du bouquin, ce serait mieux encore.

Première surprise : le texte commence en haut d'une page de rang pair ! Je ne veux pas jouer les ayatollahs de l’imprimerie, mais c’est quand même un choix bizarre. D’autant plus que les chapitres suivants, eux, s’entament tous sur une page de droite, aux deux tiers de la hauteur. Un accident ?

Seconde surprise, beaucoup plus désagréable : les fautes. Oui, il reste des fautes. Un auteur en laisse toujours passer, malgré une dizaine, une vingtaine de relectures. Rien de tel qu’un œil neuf pour les détecter. La preuve ? J’en ai repéré plusieurs dès la première lecture. Comment Les Nouveaux Auteurs ont-ils effectué leur travail d’édition, qui consiste non seulement à mettre en page, mais à corriger l’orthographe des manuscrits qu’ils prennent en charge ? Ont-ils seulement corrigé quelque chose ?

L’impression qui ressort de tout cela est celle d’une addition d’amateurismes : celui de l’auteur (mais on ne peut pas le lui reprocher : à de rares exceptions près, les auteurs ne sont pas des professionnels), celui du comité de lecture qui sélectionne les manuscrits (mais on ne peut pas reprocher à des amateurs de lecture de n’être que des amateurs de lecture), et celui de l’éditeur (qui, lui, est blâmable, parce qu’il est dans la profession).

Il semble donc que Les Nouveaux Auteurs aient choisi de comprimer les coûts de production au maximum (comité de lecture bénévole, appel aux auteurs non encore édités et peu regardants sur les conditions du contrat, manque de moyens pour communiquer efficacement avec les auteurs-candidats, travail d’édition très approximatif, qualité technique des livres trahissant une réalisation à bon marché), et de faire porter l’essentiel de leur effort sur la publicité, de manière à vendre peu d’ouvrages, mais en très grosses quantités.

Vous trouverez de nouvelles informations et mises à jour dans cet autre article.

jeudi 10 mars 2011

10 ans déjà (mais seulement 10 ans)

Je suis tombé tout récemment (sans me faire de mal) sur un dépliant publicitaire d’une chaîne de magasins « multimédia ». Cela n’aurait rien de particulièrement fascinant si, avec ma marotte de conserver des tas de trucs à la con, le dépliant ne datait d’une dizaine d’années. Estampillé « février 2001 », cet honorable vestige d’un début de millénaire encore balbutiant m’a permis de constater à quel point le monde tourne vite, trop vite pour le primitif que je suis (je rappelle que je suis démodé).

Ce mini-catalogue en couleurs, rempli de photos d’appareils hi-tech, ne comportait même pas un seul prix en euros ! Eh non ! En 2001, nous nous échangions toujours des francs. Regards francs, sourires bien francs, billets de cent francs… mais parachuté à cette époque, Clovis aurait quand même été dépaysé.

En convertissant en devises actuelles (soyons modernes) les prix de l’époque et en tenant compte d’une modeste inflation de deux pour cent l’an, ça nous donnerait aujourd’hui un téléphone portable de base (petit écran monochrome, répertoire, vibreur, sonneries monophoniques, fonction alarme et rédaction de SMS), laid et encombrant, pour la modeste somme de 125 euros. Un peu plus haut en gamme un Nokia 3310 (plus joli et ayant eu son petit succès) s’échangeant pour environ 185 euros.

Un PC de base (sous Windows 98 ou Millénium) avec 64MB RAM, 15GB de disque dur, un processeur Intel Celeron à 600 MHz, un graveur CD-RW et un écran de 17 pouces, valait environ 1600 euros au cours actuel ; tandis qu’un haut de gamme équipé d'un Pentium III à 800 MHz, 20GB de disque dur et 128 MB RAM allait chercher dans les 2500 euros, pareillement équipé.

On vendait aussi des portables, à écran de 12 ou 13 pouces, moins performants que les PC de bureau et à plus de 2000 euros en prix de départ.

La photographie était encore essentiellement argentique (si, si… rappelez-vous : avec des films). Il existait quelques compacts numériques de 900 euros (2,1 MP ; zoom optique 2x ; pas de stabilisation, pas de vidéo, avec carte flash 8MB) à 1600 euros (3,3 MP ; zoom optique 5x ; 10 minutes de vidéo)... mais pas encore de reflex pouvant se passer de pellicule.

Pas de GPS pour votre voiture, mais une bonne vieille carte routière, assez facile à étaler quand on disposait de la place pour le faire, mais généralement récalcitrante au moment de rentrer dans ses plis. Agaçant, mais on « faisait avec ».

Actuellement, et malgré tout notre fatras technologique, nous sommes toujours en proie à de menus problèmes contre lesquels la science, apparemment, ne peut rien. Ou ne veut rien.

Il existe des objets particulièrement agaçants et dont nous ne pouvons que difficilement nous passer. Ce sera l'objet d'un prochain article.

vendredi 4 mars 2011

Les Belges sont des gens simples

Dans la série d'articles consacrés à la crise politique belge, j'essayais de vous expliquer simplement pourquoi la Belgique est un pays peuplé de gens simples, sympathiques, bons vivants et pas bagarreurs pour deux sous... gouverné par des gens compliqués, antipathiques, pisse-vinaigre et querelleurs.


Ils ne sont pas tous antipathiques, bien sûr. Ils seraient même tous vachement sympas en période pré-électorale ; eux qui nous expliquent qu'en fait c'est tout simple et qu'un peu de bonne volonté, de sens du compromis et de courage politique pourrait tout résoudre en deux coups de cuiller à pot.

Une fois que les chiffres sont sortis des urnes, nous assistons pourtant aux traditionnelles scènes de triomphe (au siège central de chaque parti), et aux débats chaleureux sur les plateaux de télévision.

Rappel : en Belgique, le mode d'élection est à la proportionnelle. C'est chouette, puisqu'il n'y a que des gagnants.

— Les gagnants qui ont vraiment gagné : le parti qui a le plus gros score, qui n'a jamais fait mieux dans son histoire, etc. On peut dire qu'il est gagnant. Eh bien soyez sûr que quelqu'un fera remarquer qu'il n'a pas réalisé le raz-de-marée que prédisaient les sondages !

— Les gagnants qui n'ont pas vraiment gagné : le parti qui a le plus gros score, mais en perdant des voix par rapport aux précédentes élections ; le parti qui progresse sans atteindre le niveau qu'il a déjà connu ; le parti qui fait un bon score en venant de nulle part.

— Les perdants qui ont gagné : le parti qui reste le plus important malgré une belle dégelée ; le parti qui se maintient ; le parti en baisse qui réalise un bon score dans un coin reculé du pays.

— Les perdants qui n'ont pas perdu : le parti qui perd des voix et une ou plusieurs places dans le rapport de forces, mais qui n'a pas pris la dérouillée que lui prédisaient les sondages.

Après les élections, donc, tout se complique. Ce qui était simple devient compliqué.

Notre pauvre roi Albert II n'en sort plus avec ses négociateurs, préformateurs, informateurs, réformateurs, démineurs, conciliateurs, temporisateurs...

Si vous avez lu les précédents articles intitulés « la crise politique belge pour les cancres », vous aurez compris qu'il n'y a rien à comprendre. Essayer de comprendre, c'est perdre son temps. Je le répète : les Belges sont des gens simples dirigés par des gens compliqués. Et c'est contagieux : dès qu'un Belge accède au pouvoir, sa simplicité s'efface. Il devient embrouilleur professionnel.


Dernière embrouille « à la belge » : le championnat de football de première division. La « ligue pro », comme on dit.

Moi, j'aime les choses simples.

Quand j'étais gamin, le club qui était en tête de classement à la fin de la saison était sacré « champion ». Il accédait aux coupes européennes en compagnie du vainqueur de la coupe nationale et des clubs classés juste derrière lui en championnat. C'était simple.

Quand j'étais gamin, les deux derniers du classement en fin de saison descendaient en deuxième division, et les deux premiers de la seconde division montaient en D1.

Maintenant, on a des « play-off », comme en basket-ball. Les six premiers jouent un minichampionnat avec la moitié de leurs points, les six suivants jouent un autre minichampionnat ; et au bout du compte le dixième classé de la phase régulière pourrait aller en coupe européenne alors que le premier pourrait louper le bon wagon.

Plus simple encore : les derniers ne sont pas derniers tout à fait puisqu'on calcule la moyenne de leurs points sur trois saisons puis on joue au valet puant pour savoir qui commencera les « play-off » de la descente avec trois points d'avance et deux gardiens de but. En fin de compte, celui qui doit descendre ne descend pas et s'il descend quand même les autres clubs lui filent du pognon pour qu'il remonte très vite ; tandis que celui qui monte se démerde pour rester mais n'a aucune chance parce qu'il a moins de pognon à mettre au pot avant qu'on ne batte les cartes et aucune statistique de D1 qui lui est favorable.

Les clubs de D2 ne sont pas contents. Les 80 % des dirigeants des clubs de D1 ne sont pas contents. Les joueurs ne sont pas contents. Les supporters ne sont pas contents. Les arbitres ne sont pas contents. Les journalistes ne sont pas contents. Et même moi je ne suis pas content.

C'est ce qu'on appelle le compromis à la belge : tout le monde tombe d'accord pour signer un truc incompréhensible qui ne contente personne et fâche tout le monde. Comme il n'y a ni gagnant ni perdant, c'est un bon compromis.

Merveilleuse Belgique !